Élections : les luttes et circonscriptions francophones à surveiller en Ontario

Source: Élections Canada

Les experts le disent souvent, celui qui remporte l’Ontario a de très bonnes chances de former le prochain gouvernement. Est-ce que ça sera encore le cas cette année alors que les libéraux visent une majorité? Pourrait-on assister à une vague orange dans le Nord? La campagne électorale va-t-elle donner du jus dans certains endroits aux troupes d’Erin O’Toole? Voici sept circonscriptions à travers la province à surveiller dans les prochaines semaines.

Nickel-Belt

Cette circonscription du Grand Sudbury qui compte près de 38,7 % de francophones est dans le collimateur des troupes de Jagmeet Singh qui espèrent couper l’herbe sous le pied du gouvernement Trudeau. C’est une Franco-ontarienne et ancienne doctorante de l’Université Laurentienne, Andréanne Chénier, qui les représente et qui affrontera le libéral sortant Marc Serré, en poste dans la région depuis 2015.

Selon le site d’élections 338 Canada, la lutte s’annonce chaude entre les deux partis alors que, pour l’instant, les néo-démocrates détiendraient un léger avantage avec 37 % contre 33 % pour le député Serré, quoique ces chiffres se jouent dans la marge d’erreur. En 2019, les libéraux l’avaient emporté avec 7 % de voix d’avance. Le site 338 Canada avait aussi prédit à l’époque une victoire du Nouveau Parti démocratique (NPD) dans ce comté de 93 000 personnes.

La candidate du NPD dans Nickel-Belt Andréane Chénier. Crédit : Gracieuseté

Sudbury

Voilà une autre circonscription que les libéraux veulent garder, mais que le NPD pourrait ravir. La circonscription de la ville du Big Nickel a toujours été historiquement libérale, elle qui est tombée deux fois aux mains du NPD en l’espace de 70 ans, en 1967 et en 2008.

En 2015, le député Paul Lefebvre avait repris ce comté, mais celui-ci a annoncé qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections laissant sa place à la Franco-Ontarienne Vivianne Lapointe. Cette dernière affronte chez les néo-démocrates Nadia Verrelli, ancienne professeure de l’Université Laurentienne et congédiée dans la foulée des compressions en avril. La lutte sera au coude à coude entre les deux partis alors que le site 338 Canada projette qu’il s’agit d’une circonscription « pivot », entre Mme Lapointe et Verrelli.

La candidate du Parti libéral dans Sudbury Vivianne Lapointe. Gracieuseté : Association de circonscription libérale fédérale de Sudbury

Pour l’instant, l’avantage va au camp de l’ancienne professeure de La Laurentienne, mais le portrait pourrait fluctuer au cours de la campagne électorale. En 2019, les libéraux l’avaient emporté par 12 % des voix.

Glengarry-Prescott Russell

Il s’agit de la circonscription fédérale la plus francophone en Ontario. Représentée par le libéral Francis Drouin depuis 2015, la région a largement été libérale historiquement. Seul le conservateur Pierre Lemieux avait déjoué la logique pendant plusieurs mandats entre 2006 et 2015.

Le député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin. Crédit image : Sébastien Pierroz

M. Drouin est le favori à ce moment-ci de la campagne, lui qui se bat principalement contre la candidate conservatrice Susan MacArthur, dont la nomination par Erin O’Toole, au détriment de M. Lemieux, a créé des remous au sein du parti. 338 Canada projette que Francis Drouin détiendrait près de 8 % de voix d’avance contre sa plus proche rivale.

Ottawa-Centre

Cette circonscription qui compte près de 11 % de francophones est celle de l’ancienne vedette libérale et ministre Catherine McKenna, qui a annoncé qu’elle ne se représentera pas . Ce comté situé à la frontière d’Ottawa-Vanier est une cible importante pour les néo-démocrates dans la région d’Ottawa. L’ancien procureur général de l’Ontario sous le gouvernement de Kathleen Wynne, Yasir Naqvi représente les libéraux alors que les néo-démocrates font confiance à Angella MacEwen.

Selon les projections électorales, M. Naqvi est toujours favori pour devenir le député d’Ottawa-Centre, mais la pente n’est pas insurmontable pour Mme MacEwen qui pourrait bien remonter d’ici le 20 septembre.

Windsor-Tecumseh

Ce n’est pas dans Windsor-Tecumseh qu’on va retrouver le plus de francophones alors que le français est la deuxième langue parlée avec près de 5 % d’interlocuteurs. Par contre, il pourrait s’agir de l’un des endroits en Ontario le plus tardif à réveler un gagnant lors du dépouillement des votes, le 20 septembre prochain. En 2019, le libéral Irek Kusmierczyk avait battu l’ancienne députée Cheryl Hardcastle par seulement 629 voix, soit 1,1 %. Cette dernière se représente contre M. Kusmierczyk cette année.

338 Canada donne une légère avance de 3 % à Mme Hardcastle à ce moment-ci de la course. Les conservateurs, avec une projection de 26 % pourraient venir gâcher la fête, mais la course s’annonce, pour le moment, une à deux entre les libéraux et les néo-démocrates.

Toronto-Centre

C’est dans cette circonscription que la chef des verts Annamie Paul se présente pour ses premières élections. La Franco-Torontoise et le Parti vert sont dans la tourmente depuis plusieurs semaines après des controverses à l’interne, notamment sur la question du conflit israélo-palestinien qui a mené au départ de la députée Jessica Atwin, de Fredericton, au sein du Parti libéral. Il y a quelques semaines, l’avocate torontoise avait accusé certains membres de l’exécutif des verts de « racisme » et de « sexisme ».

La chef du Parti vert du Canada, Annamie Paul. Gracieuseté Parti vert du Canada

Selon les chiffres de 338 Canada, Annamie Paul serait présentement en troisième position derrière les libéraux et les néo-démocrates dans son comté avec 20 % des intentions de vote. La victoire des libéraux serait considérée comme presque assurée dans cette circonscription. Il s’agit du château fort de l’ancien ministre des Finances, Bill Morneau, qui avait aussi quitté son poste de député il y a un an.

Niagara-Centre

Ce comté compte 5,1 % de francophones, en grande partie grâce aux communautés de Welland et Port Colborne. Cette circonscription est historiquement libérale même si les néo-démocrates ont déjà été maîtres entre 2008 et 2015. Ça pourrait jouer du coude entre le député du Parti libéral Vance Badawey et la représentante de Jagmeet Singh, Melissa McGlashan. Cette dernière est d’ailleurs la favorite à l’heure actuelle pour l’emporter selon 338 Canada suivi de M. Badawey, mais avec une mince avance dans la marge d’erreur.

Les conservateurs ne sont pas loin derrière, eux qui avaient perdu par un peu moins de 2 500 votes en 2019. De toutes les élections, depuis 2004, le parti en première et celui en seconde place dans Niagara-Centre ont toujours terminé avec moins de 2 500 votes d’écarts. Le scénario s’oriente vers une répétition de l’histoire encore une fois cette année.