
Élimination des conseillers scolaires : une idée dénoncée dans le milieu éducatif francophone

Les propos du ministre de l’Éducation Paul Calandra concernant l’idée d’éliminer les postes de conseillers scolaires en Ontario ne passent pas dans le milieu scolaire francophone de la province.
En entrevue avec CBC, le ministre a affirmé qu’il serait prêt à éliminer les postes de conseillers scolaires à condition que cela soit bénéfique pour les enseignants, élèves et parents de la province.
Les conseillers scolaires sont élus pour représenter les parents, les élèves et les contribuables. Ils prennent des décisions concernant les écoles publiques de leur district.
Ces propos font suite au projet de loi 33 qui permettrait au gouvernement de prendre le contrôle des conseils scolaires notamment en nommant un superviseur. Cinq conseils scolaires anglophones, notamment à Ottawa et Toronto, sont présentement sous tutelle du ministère de l’Éducation. Le ministre reproche notamment aux conseils scolaires une mauvaise gestion des dépenses, les accusant par le passé de ne pas avoir concentré entièrement leurs ressources dans les services aux élèves.
« Nous stipulons clairement que les conseils scolaires doivent accorder la priorité aux élèves, et non pas à la politique et à la bureaucratie, et que nous agirons en conséquence lorsqu’ils manqueront à leurs responsabilités », avait déclaré Paul Calandra dans un communiqué lors du dépôt du projet de loi 33.
De l’avis du ministre, la structure actuelle des conseils scolaires est « basée sur un système obsolète et ancien qui doit être modernisé », a-t-il soutenu auprès du radiodiffuseur anglophone.
« Cette éventualité représente une menace sérieuse à la gouvernance locale et à la défense des communautés francophones et catholiques. Les conseillères/conseillers scolaires constituent un lien vital entre les familles, les élèves et les conseils », a indiqué en réponse au représentant du gouvernement Ford, l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), dans une déclaration sur les réseaux sociaux.
L’AFOCSC qui représente huit conseils scolaires catholiques francophones en Ontario demande au gouvernement « de reconsidérer cette orientation et de s’engager à renforcer, plutôt qu’affaiblir, la démocratie scolaire ».
« L’avenir de la gouvernance scolaire ne peut pas être décidé dans les coulisses ou dans la précipitation », déplore de son côté l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), via sa présidente Gabrielle Lemieux.
L’AEFO est récemment sortie pour s’opposer au projet de loi 33 du gouvernement Ford, estimant qu’il porte une menace aux droits constitutionnels des Franco-Ontariens. Gabrielle Lemieux exhorte Paul Calandra « à engager des consultations approfondies avec les parties prenantes de l’éducation » tout en exigeant « qu’aucune décision ne vienne affaiblir ou modifier le rôle essentiel des conseils scolaires dans la gouvernance scolaire ».
« Affaiblir nos structures de gouvernance ne garantit en rien l’avenir de l’éducation en français. Au contraire, une telle décision constituerait un sérieux recul pour les droits des francophones en Ontario. Elle ne ferait qu’alimenter l’incertitude et affaiblir des institutions essentielles à la vitalité de nos communautés », soutient la dirigeante de l’AEFO.

L’opposition dénonce aussi
À Queen’s Park, l’idée avancée par le ministre Calandra a aussi été repoussée par les partis de l’opposition. La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles a accusé le ministre progressiste-conservateur de « jouer à un jeu dangereux avec l’avenir de nos jeunes ».
« Cela ne contribue en rien à réduire la surpopulation dans les classes, à réparer les écoles délabrées ou à préparer nos enfants à la réussite. Tout cela revient à abandonner l’avenir de vos enfants à des novices du cercle politique. C’est aberrant », a déclaré la cheffe néo-démocrate.
Pour l’élue libérale Lucille Collard, une telle décision reviendrait à « couper les ponts avec les réalités locales et miner les acquis durement gagnés par les francophones en matière de gouvernance scolaire ».
« Les conseillers scolaires ne sont pas des bureaucrates : ce sont des leaders communautaires élus, enracinés dans leur milieu, qui veillent à ce que les décisions reflètent la réalité des élèves et des familles qu’ils servent. Cette proximité est d’autant plus cruciale dans les communautés en situation minoritaire comme les nôtres », soutient la députée d’Ottawa-Vanier, elle-même ancienne conseillère scolaire.