Encore des communications unilingues pour Sean Casey
CHARLOTTETOWN – L’envoi par le député de Charlottetown, Sean Casey, d’un calendrier annuel unilingue aux résidents de sa circonscription rappelle les craintes que sa nomination comme secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, avait suscitées, il y a un an. D’autant que ses communications sur les médias sociaux restent majoritairement unilingues anglophones, a constaté #ONfr.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Un résident de la circonscription de M. Casey a fait parvenir à #ONfr le calendrier 2018 du député de Charlottetown, s’étonnant que celui-ci ne soit qu’unilingue anglophone.
Le député de Charlottetown n’a pas cherché d’excuse et reconnu son erreur.
« Cette personne a raison : mon calendrier annuel était juste en anglais et il est vrai que depuis mon élection en 2011, je communique par écrit avec les résidents de ma circonscription uniquement dans cette langue. 96 % d’entre eux sont anglophones et c’est la première plainte que j’entends. Je trouve dommage que cette personne ne soit pas venue me voir d’abord, mais c’est une plainte justifiée », a commenté M. Casey à #ONfr.
Lors de sa nomination pour épauler Mme Joly à la place de Randy Boissonnault à la fin du mois de janvier 2017, plusieurs francophones avaient pointé du doigt ses communications unilingues sur les médias sociaux.
« J’ai commencé à apprendre le français en 2011 et aujourd’hui, j’ai les capacités de communiquer dans les deux langues officielles, ce que je fais dans mes fonctions de secrétaire parlementaire », se défend-il.
Un rapide coup d’œil sur ses comptes Facebook et Twitter, où il s’identifie comme secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, montre toutefois que le français y reste rare.
Simple hasard? Alors que son dernier tweet dans la langue de Champlain sur le compte @SeanCaseyLPC remontait au 29 septembre 2017, un autre est apparu ce lundi, jour où #ONfr avait démarché son équipe pour lui demander des explications.
Montrer l’exemple
Dans les faits, M. Casey n’enfreint toutefois aucune règle obligeant un député à communiquer dans les deux langues officielles auprès de ses résidents.
Mais en tant que secrétaire parlementaire de la ministre responsable du dossier des langues officielles, il devrait montrer l’exemple, suggère le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson.
« Nous sommes déçus que les communications de M. Casey, y compris ses publications sur les médias sociaux, continuent d’être majoritairement en anglais uniquement. M. Casey est secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien et à ce titre, il est actif dans le dossier des langues officielles. Il est normal de s’attendre à ce qu’il donne l’exemple; s’il ne le fait pas, quel message cela lance-t-il aux autres parlementaires et, surtout, aux citoyens et aux citoyennes qui entendent le gouvernement parler de l’importance de la dualité linguistique? »
Le Parti conservateur ne blâme pas M. Casey
Le porte-parole aux langues officielles pour le Parti conservateur du Canada (PCC), Alupa Clarke, refuse pour sa part de jeter le blâme sur le secrétaire parlementaire de Mme Joly.
« Je ne tomberai pas dans la démagogie de dénoncer M. Casey, car cette situation prévaut pour la majorité des députés, même s’il est toujours bon de communiquer dans les deux langues officielles. Dans ma circonscription de Beauport-Limoilou, mes communications écrites sont uniquement en français, même si mon bureau peut offrir des services dans les deux langues officielles. »
M. Clarke critique plutôt les réponses uniquement en anglais de plusieurs ministres lors de la période des questions, y compris quand celles-ci sont posées en français. Il souligne également que l’histoire de M. Casey pose une question intéressante.
« Devrait-on offrir des services bilingues dans tous les bureaux des députés? C’est une question à se poser, même si cela supposerait d’augmenter nos budgets. »
La SSTA à la défense de M. Casey
M. Casey a également reçu le soutien de l’organisme porte-parole des Francophones et Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard.
« Je ne pense pas que ça ait été fait de mauvaise foi, car quand on rencontre M. Casey, il insiste toujours pour que nos discussions se passent en français et se montre très impliqué et très sensible aux dossiers de notre communauté », souligne le président de la Société Saint-Thomas-d’Aquin, Guy LaBonté.
Le secrétaire parlementaire compte solliciter l’organisme francophone pour améliorer ses communications.
« J’ai appris ma leçon et je vais faire en sorte d’améliorer mes protocoles. Je vais contacter la SSTA pour voir comment mieux communiquer en français, par écrit », promet-il.