Encore du travail à faire pour le français en Saskatchewan, plaide l’ACF
REGINA – Il reste encore beaucoup de chemin à faire pour que les Fransaskois puissent un jour vivre au quotidien entièrement en français. Mais entretemps, les francophones de la Saskatchewan bénéficient de certains services dans leur langue. Survol de l’état de la situation avec le président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Denis Simard.
« D’abord les services juridiques, on est capable de choisir de recevoir un procès en français en Saskatchewan. Il y a un certain nombre de services à cause de partenariats qui existent avec les organismes de la communauté fransaskoise, par exemple avec le réseau santé (Réseau santé en français de la Saskatchewan), donc des programmes de santé qui existent dans les deux langues. On a des systèmes d’apprentissage au niveau éducatif de la maternelle jusqu’à la douzième qui sont offerts en français, on a du postsecondaire en français, mais de façon très limitée », résume Denis Simard qui siège également au Comité consultatif en matière d’affaires francophones.
« On a quand même je dirais une base de choses qui sont offertes en français, mais pas beaucoup de choses qui sont offertes par le gouvernement de la Saskatchewan de façon indépendante. Il y a beaucoup de travail et de partenariat qui se fait avec les organismes de la communauté fransaskoise. C’est très, très difficile dépendant du secteur, dépendant du ministère, dépendant de l’organisme avec lequel on travaille. Donc la liste est longue, je vous dirais, de choses souhaitables qu’on voudrait pouvoir faire en français en Saskatchewan », dit M. Simard.
La lutte des Fransaskois pour l’obtention de services dans leur langue ne se limite pas aux institutions provinciales. La prestation de services en français par le gouvernement fédéral peut parfois être lente.
« Au niveau des institutions fédérales, il y a quand même un minimum de services offerts en français. Par contre, pour être très franc, on est souvent à attendre. Donc tu rentres dans le bureau, tu demandes le service en français et (ça peut prendre) longtemps avant qu’on trouve la personne qui parle français pour pouvoir venir t’accueillir au comptoir. Donc, il faut s’armer de patience quand on demande un service en français dans beaucoup de cas », déplore M. Simard.
« Je pense que tous les Fransaskois rêvent du jour où on pourra faire notre vie quotidienne en français. Malheureusement, ce n’est pas possible pour l’instant. Il y a très peu de ces opportunités-là », regrette-t-il également.
Denis Simard estime que plus une personne est dans une position vulnérable, plus il est essentiel de pouvoir servir cette personne dans sa langue maternelle. C’est pourquoi il souhaite que davantage de services en santé et davantage de services sociaux soient offerts en priorité aux francophones.
« Des gens peuvent avoir beaucoup de gêne à s’exprimer en anglais, ils ne sont pas sûrs qu’ils disent la bonne chose… Donc tout ce qui est service d’urgence, les services aux aînés, l’hébergement, les programmes de soutien aux aînés, tout ça pour nous seraient les grandes priorités. Ça ne minimise en rien tous les autres besoins que nous avons. La liste est pas mal longue », souligne-t-il.
Denis Simard remarque malgré tout une amélioration dans la prestation de services en français dans sa province qu’il attribue à deux choses.
Premièrement, il y a le Comité consultatif de la direction des affaires francophones qui existe depuis plus de quinze ans. « Toutes les recommandations qui sont sorties de ce comité au cours des années ont apporté certainement un certain niveau de changement. Peut-être pas aussi vite qu’on l’aurait voulu, mais ça a été influent », se réjouit-il.
Deuxièmement, il constate que « les organismes de la communauté fransaskoise sont de plus en plus habiles à travailler avec la majorité anglophone comme partenaires ».
« Donc on leur dit ‘‘Est-ce qu’on peut être un partenaire? Peut-on travailler ensemble, et puis nous ça nous ferait plaisir d’offrir le service en français, aux citoyens francophones de la province et puis que vous reconnaissiez l’importance de ce partenariat’’ », explique-t-il.
« Je pense que le mécanisme est important. Le fait que la province elle-même finance un comité consultatif de Fransaskois pour lui faire des recommandations, je pense que, en soi, ça mérite une reconnaissance. Mais dire que tous les ministères qui ont reçu des recommandations, est-ce qu’ils en ont fait fi, est-ce qu’ils ont fait des suivis, ce n’est pas toujours clair qui en a eu. Et donc, le mécanisme je vous dirais, est important, le fait que la province assure une reconnaissance de la communauté fransaskoise est important, c’est plutôt une question de suivi. Qu’arrive-t-il aux rapports après leur dépôt? C’est là peut-être que la province a un grand chemin à faire », conclut Denis Simard.