Enfants traumatisés : un traducteur ne suffit pas, dit Madeleine Meilleur
TORONTO – Un enfant qui a été victime d’un traumatisme ne devrait en aucun cas devoir passer par un traducteur pour obtenir de l’aide psychologique. C’est l’avis de la ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario, Madeleine Meilleur, réagissant à l’absence d’aide pour les enfants francophones témoins de violence conjugale.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« La médecine ou la psychologie à travers la traduction, je n’y crois pas. À Toronto, il n’y a pas de raison qui justifie que le service ne soit pas offert en français. On a tous les professionnels de la santé en psychologie et en psychiatrie », a déclaré Mme Meilleur à #ONfr.
Des enfants francophones de la grande région de Toronto qui ont vu leur mère être victime de violence conjugale ne reçoivent actuellement pas l’aide psychologique d’urgence nécessaire, a révélé #ONfr, le 17 décembre. La somme de 53000$ réservée annuellement au programme Enfants témoins dort dans les coffres de l’État depuis trois ans.
Pourtant, la Maison d’hébergement pour femmes francophones de Toronto est disposée à offrir un service d’aide pour cette clientèle jeunesse.
En entrevue, Mme Meilleur a confirmé avoir posé des gestes dans ce dossier pour qu’un développement se produise. « On a communiqué directement avec le ministère des Services sociaux et communautaires et on veut voir un progrès dans ce dossier-là. Ce n’est pas acceptable. Avec le Centre d’hébergement, le programme pourrait être offert », a-t-elle indiqué.
La ministre déléguée aux Affaires francophones a joué un rôle de premier plan dans l’ouverture de la Maison d’hébergement, en 2013. L’organisme a tout pour jouer un rôle clé auprès des enfants, selon elle.
« On offre ce programme dans d’autres maisons. Alors pourquoi pas à Toronto, ce serait l’endroit idéal. Je peux vous assurer qu’on y travaille. […] On va voir un développement. L’argent est disponible », a indiqué Mme Meilleur.
Aide aux enfants
Madeleine Meilleur n’en revient pas que certaines personnes puissent penser qu’un enfant puisse être traité pour un traumatisme par l’entremise d’un traducteur. C’est ce qu’a avancé une porte-parole du ministère des Services sociaux et communautaires qui expliquait que des organismes anglophones offraient déjà des services.
Elle dit être bien consciente de l’importance d’apporter aussi une aide aux enfants, car ce ne sont pas seulement les mères qui sont atteintes par la violence conjugale.
C’est d’ailleurs ce qu’avançait la présidente du Centre d’hébergement pour femmes, Nathalie Dufour Séguin. « On ne peut pas dissocier femmes et enfants. Bien souvent les femmes vont retourner chez l’agresseur à cause des enfants. Pour la mère, le bonheur de l’enfant est souvent sa priorité. Et elle le voit traverser une période difficile, alors qu’en quittant son logis familial pour venir en maison d’hébergement, l’enfant perd souvent ses amis, sa maison et son père », a-t-elle expliqué.
La Maison d’hébergement pour femmes francophones de Toronto est un organisme géré par et pour les femmes francophones, qui vient en aide aux femmes de 16 ans et plus et leurs enfants ou dépendants victimes de violence conjugale et familiale, de la région de Toronto. « Dans sa revendication pour la justice sociale, elle lutte contre la violence faite aux femmes et offre des services multiples aux femmes francophones, qui en sont victimes », peut-on lire sur le site de l’organisation.