Enfin une Maison de la Francophonie à Ottawa
[ANALYSE]
OTTAWA – Les Franco-Ontariens auront au moins un cadeau, en ce début de nouvelle année. La Maison de la francophonie d’Ottawa ouvrira dans quelques jours et sera inaugurée dans trois semaines. Une concrétisation qui marque l’aboutissement d’un des projets les plus importants des dernières années.
On y croyait presque plus. Depuis dix ans, le projet de rénovation de l’ancienne école Grant, sur la rue Richmond, cumulait les retards. Et dire que lors de la Journée des Franco-Ontariens en 2011, les responsables parlaient d’une ouverture… en 2012. Des années d’obstacles au final avec la découverte d’amiante dans l’édifice, des « problèmes de structures et d’infrastructures », du vandalisme sur le site, et surtout le manque d’argent.
L’arrivée du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) dans le jeu à partir de 2016, à titre de propriétaire de la bâtisse, avait permis de relancer les demandes à la province quant au financement pour les travaux.
Conséquences : le financement provincial de 8,95 millions de dollars offert, en décembre 2017, s’est montré décisif, résistant du même coup aux nombreuses coupes du gouvernement progressiste-conservateur élu l’année suivante.
Mais à quoi servira au juste cette Maison de la francophonie? D’abord, à offrir des services aux francophones situés à l’Ouest de la Ville d’Ottawa. Une mission qui devrait être assurée par La Cité, le Centre soleil d’Ottawa-Ouest, la Coopérative Ami Jeunesse, l’Hôpital Montfort ou encore l’Université d’Ottawa qui bénéficieront de bureaux au sein de l’édifice.
Au-delà d’Orléans, Vanier et du centre-ville d’Ottawa, ils sont un peu plus de 30 000, l’équivalent de 20 % des francophones d’Ottawa, à avoir choisi l’Ouest comme lieu de résidence. Reste que parcourir une vingtaine de kilomètres depuis Nepean, Kanata ou Barrhaven, pour obtenir des services dans la langue de Champlain n’est pas une mince affaire.
Lieu de rassemblement
Ensuite, cette Maison de la francophonie représentera un lieu de rassemblement pour les francophones d’Ottawa. Que le principal lever du drapeau franco-ontarien le 25 septembre se déroule à l’hôtel de ville n’est pas si mal en soi, mais il est temps pour les francophones d’inviter les élus chez eux, plutôt que d’attendre leur invitation.
À cet égard, le bâtiment devra tout de même tailler sa place dans la francophonie ottavienne, et convaincre de son intérêt les Franco-Ontariens de l’Est de la capitale.
Modèle de financement à revoir
L’aboutissement du projet de la Maison de la francophonie d’Ottawa coïncide avec celui de l’inauguration prochaine de la Place des Arts, à Sudbury. S’il faudra attendre probablement 2021 pour voir les organismes artistiques sudburois bénéficier enfin d’un toit commun, cette ouverture sera aussi à marquer d’une pierre rouge.
Ces succès ne doivent pas faire oublier la partie immergée de l’iceberg. Alors que 2020 vient de débuter, le projet de la Maison de la francophonie à Toronto reste une chimère. La même chose pour l’idée d’un Village d’antan franco-ontarien qui, depuis 2012, fait du sur place.
Le fait que sans le CEPEO – dont le budget avoisine les 300 millions de dollars annuels – la Maison de la francophonie d’Ottawa n’aurait jamais vu le jour, interroge sur le modèle des subventions allouées aux projets francophones en général.
Dans un contexte marqué par l’austérité budgétaire à Queen’s Park, il est peut-être temps d’explorer de nouvelles pistes et partenariats. La clé de projets intéressants pour la décennie 2020 passe par là.
Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 6 janvier.