La francophonie des États-Unis racontée dans le livre « French all around us »
NEW-YORK – French all around us est l’œuvre de Kathleen Stein-Smith et Fabrice Jaumont. Ce livre réunit 22 auteurs francophones, tous basés aux États-Unis, et révèle l’importance du français au pays de l’Oncle Sam. Un tour d’horizon de la francophonie américaine bientôt traduit en français à découvrir en ce 4 juillet, Jour de l’indépendance chez nos voisins.
Selon le Centre de la francophonie des Amériques, il y aurait plus de 12 millions de personnes aux États-Unis ayant des racines françaises. On parle de 2 millions de locuteurs qui l’utilisent couramment.
French all around us raconte 22 histoires de la francophonie en Amérique. La version française devrait sortir à l’automne prochain.
Dans ce livre, on retrouve des récits qui expliquent l’histoire du français et de cette langue toujours vivante dans de nombreuses régions du pays. Les auteurs témoignent de faits francophones, de la culture, mais aussi de ces régions où elles rayonnaient autrefois.
En 2010, dans l’État du Maine, 25 % de la population aurait déclaré avoir une identité ethnique canadienne-française, acadienne ou française.
En effet, plusieurs régions des États-Unis possèdent une population francophone active. Si le pays est anglophone, ce n’est inscrit nulle part dans sa Constitution.
Quant à la langue française, elle est issue de plusieurs vagues d’immigration. En Louisiane, on parle le créole et le français louisianais, que les Acadiens ont emmené avec eux dès 1755.
L’autre grande région francophone des États-Unis, c’est la Nouvelle-Angleterre. Cette région comprend, le Maine, le Vermont, le New Hampshire, le Massachusetts, le Connecticut et le Rhode Island. D’ailleurs, Madawaska, dans le Maine, à la frontière du Nouveau-Brunswick, est la ville la plus francophone des États-Unis : 84 % de sa population parle le français.
« Cette concentration de francophones et francophiles en Nouvelle-Angleterre est le résultat de la Grande Hémorragie, période allant de 1840 à 1930 », explique l’encyclopédie canadienne.
Le Missouri, le Dakota du Nord ou encore Détroit ont une histoire qui perdure avec le français. La population francophone du Michigan est liée à sa proximité avec l’Ontario, ce qui fait que le français est très similaire à celui parlé par les Franco-Ontariens. Le Minnesota, lui, a pour devise « L’étoile du Nord », toujours en français.
La francophonie en Amérique
Kathleen Stein-Smith, à l’origine du projet, raconte : « On parlait entre amis au début de la pandémie sur le français aux États-Unis. Comme nous couvrons à nous tous une partie des États, nous nous sommes dit qu’il était temps de faire quelque chose. »
« Il y a tellement de francophones et de francophiles au pays. On a commencé par faire des balados, des publications. Puis, nous avons eu l’idée d’un livre. Le centre franco-américain du New Hampshire et la délégation du Québec à Boston ont décidé de nous appuyer en lançant des appels à auteurs sur leurs plateformes et c’est comme ça que le projet est né », explique Mme Stein-Smith.
Elle a pensé cette collaboration d’auteurs avec Fabrice Jaumont, chercheur et éducateur français, installé aux États-Unis depuis 1997. Les auteurs, eux, viennent de Floride, du New Hampshire, de New York, de la Louisiane, du Maine, de Philadelphie, ou encore du Minnesota. Ils sont d’origine québécoise, canadienne-française, sénégalaise, haïtienne, française et certains franco-américains.
Ce projet de livre a eu un retentissement incroyable, dit Kathleen. « J’ai écrit au consulat français à New York, le consul est très investi dans la francophonie. Nous voulions une préface pour le livre, et c’est finalement l’ambassadeur de France aux États-Unis, Philippe Etienne qui a écrit notre préface. »
« Il a été suivi par l’ambassadrice de l’OIF, Ifigeneia Kontoleontos, et Ryan Fecteau, membre de la chambre des représentants du Maine, qui est un Franco-Américain. Nous avons été très surpris par cet engouement », poursuit-elle.
Depuis la sortie du livre, l’ancienne professeure et bibliothécaire du New Jersey, Kathleen Stein-Smith, nous informe à quel point de nombreuses personnes « ont dit qu’ils avaient oublié le français, que leurs ancêtres étaient francophones et maintenant, ils veulent le retrouver, alors c’est très encourageant ».
Selon elle, « les gens ne se rendent pas compte du fait francophone aux États-Unis, on est nombreux pourtant ».
Le français est la deuxième langue la plus apprise aux États-Unis. La ville de New York compte plus de 80 000 Français. Le français est la septième langue la plus couramment parlée aux États-Unis, et 2 millions de personnes la parlent dans leur vie de tous les jours.
« La culture francophone est très vibrante aux États-Unis. Le 4 juillet est notre fête nationale, mais nous sommes entourés de la Saint-Jean-Baptiste et de la fête nationale en France. Nous venons de célébrer l’héritage français à Winooski dans le Vermont. »
Les écoles d’immersion en français
Mme Stein-Smith explique qu’en Louisiane, depuis plus de 50 ans, existe le Conseil pour le développement de la langue française en Louisiane (CODOFIL). « Ce conseil s’occupe, entre autres, des écoles d’immersion en français. On a l’équivalent à New York, la révolution bilingue, un mouvement qui appuie et lance des programmes d’immersion dans les écoles publiques de New York, ce qui est super important. »
Dans ce livre, l’auteure Georgie Ferguson, une franco-autochtone américaine, raconte l’histoire et les défis qui ont touché une petite école d’immersion en français située à Terrebonne et Lafourche Parish en Louisiane. C’est suite à la fermeture de cette école, très importante pour la communauté, que la tribu autochtone de Pointe-au-Chien s’est organisée pour qu’elle soit rétablie.
Cette école abritait les jeunes francophones de la tribu indienne de Pointe-au-Chien (terme qu’ils utilisent pour s’identifier). Ayant été durement touché par les ouragans Katrina et Ida en 2021. L’histoire raconte, à quel point cette école représentait pour la communauté franco-autochtone et pour son identité. Ce n’est que la semaine passée que le gouverneur de la Louisiane, John Bel Edwards a signé une loi pour le rétablissement de cette école.
Vivre en français, c’est possible
« Il y a toujours deux thèmes qui planent dans la francophonie aux États-Unis, c’est l’apprentissage du français et l’emploi en français. »
Kathleen Stein-Smith nous parle de créer de l’intérêt : « C’est ce qu’on appelle précisément l’intérêt durable. Le processus d’apprendre une nouvelle langue est long, mais une fois le travail fait, il faut des occasions pour l’utiliser. Il faut que ça sorte de l’école et que ça se retrouve dans la vie. »
Pour elle, aujourd’hui, il est plus facile de vivre en français aux États-Unis, notamment grâce à tous les moyens de communication à notre disposition. « Avec la radio, les informations, les livres en français, on peut aussi parler avec des gens partout dans le monde. »
Elle ajoute également qu’avec la mondialisation, le commerce en français et le monde des affaires, il y a beaucoup d’opportunités.
« Le travail et les crises humanitaires sont des espaces d’expressions françaises et les États-Unis y participent », souligne-t-elle, « il y a aussi le tourisme, c’est un secteur très important dans lequel le français est nécessaire ici ».
« En 2017 et 2019, j’ai eu accès à des rapports qui démontraient que dans le marché du travail aux États-Unis, il y avait une forte demande de travailleurs francophones. Le commerce entre les États-Unis et la France est l’un des plus importants. »
Selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le français est parlé dans plus de 80 pays et les États-Unis commercent avec la plupart d’entre eux. « Il y a plus de francophones qu’on se l’imagine, il y a des gens parmi nous qui parlent français… French all around us. »