La coopérative Desjardins ferme de nouveaux des caisses en Ontario. Source : Wikipedia/Jean-Philippe Bourgoin, CC BY-SA 3.0

Stéphan Plante, vice-président Ontario, expérience membre et marché des particuliers chez Desjardins.

Les succursales Desjardins d’Azilda et Espanola ferment leurs portes aujourd’hui et le 23 mai pour celles d’Earlton et Hanmer. En novembre dernier, la coopérative fermait quatre caisses dans l’Est ontarien, à Bourget ainsi que celles de Saint-Eugène, de Limoges et de Saint-Isidore.

Selon Desjardins, la fermeture de ces succursales est liée à la transformation des habitudes des usagers qui ont de plus en plus recours aux services en ligne. L’institution dit avoir à cœur de continuer à investir dans la communauté et dans les services en français.

«  Qu’est-ce qui vous a mené à cette décision?

On a fait une analyse d’achalandage de nos centres de service et ce qu’on a constaté c’est que les habitudes transactionnelles et les déplacements de nos membres ont changé drastiquement au cours des dernières années. Le nombre de transactions au comptoir a aussi diminué parce que les gens se servent de plus en plus d’applications numériques.

96 % des transactions sont faites en ligne et pour ce qui est des opérations en personne, à peine 3 % sont effectuées au guichet automatique et 1 % au comptoir.

Beaucoup d’aînés vivant près de ces succursales pourraient être impactés par ces fermetures  : comment comptez vous faire pour continuer à les desservir?

Il y a différentes stratégies ou choses qu’on peut mettre en place pour ces membres-là. Premièrement, on a utilisé une approche proactive et personnalisée en communiquant avec l’ensemble de nos membres afin de déterminer quels sont leurs besoins et trouver des solutions sur mesure pour chacune de ces personnes-là. Pour certaines transactions, on peut faire de la formation sur l’utilisation des plateformes en ligne.

Il y a aussi notre centre d’appel pour ceux qui n’ont pas accès justement à l’Internet ou à des ordinateurs : les gens peuvent faire certaines transactions au téléphone et on regarde aussi à organiser du transport à l’alternatif. On est en train de voir avec certains organismes communautaires, spécifiquement pour Azilda et Earlton, comment mettre en place des navettes mensuelles pour permettre aux personnes à mobilité réduite de quand même avoir accès aux services financiers dans un autre centre de services.

Stéphan Plante pense qu’il ne faut pas sous-estimer l’autonomie des personnes aînées. Gracieuseté de Stéphan Plante

Que voudriez-vous répondre aux personnes qui considèrent que ces fermetures envoient un signal négatif à la communauté francophone?

Ce n’est vraiment pas une décision qui est prise par rapport à la langue. C’est une décision qui est prise par rapport à l’utilisation que les membres font de leur coopérative. Alors, il y a eu une évolution importante dans la façon dont les membres utilisent leur coopérative et nous, on doit s’ajuster comme organisation pour d’une part, demeurer compétitif et d’autre part, assurer la pérennité de notre organisation.

Les services en français vont toujours être offerts tant sur les plateformes numériques qu’au niveau du centre d’appel et dans l’ensemble de nos centres de services. Je pense qu’il faut mettre de l’emphase sur le fait que même avec la fermeture de ces quatre centres de services-là, on demeure l’une des institutions financières avec le plus de centres de services dans la région de Sudbury.

On est quand même très présents et on va continuer de l’être tant au niveau des centres de services qu’au niveau des communautés où on n’aura plus de centres de services en continuant à supporter des projets par l’entremise de nos commandites, de nos dons et du financement de certains projets porteurs pour les communautés. On ne laisse définitivement pas la communauté francophone de côté. On continue à supporter la francophonie et pour nous, c’est très important.

Que va-t-il advenir des locaux et bâtiments des centres qui ferment?

Dans la région d’Azilda, on a présentement un bail de 5 ans qui ne sera pas renouvelé. On est propriétaires des autres centres de services, Earlton, Espanola et Hanmer, alors on va procéder à la mise en vente de ces immeubles-là. Comme nous sommes une coopérative, in fine, les membres vont bénéficier des profits ou surplus qu’on va faire en vendant ces bâtiments.

Il reste 9 centres de service et 10 guichets automatiques dans le nord de l’Ontario. Source : Desjardins

Avez-vous eu des discussions avec les Caisses Alliance que plusieurs aimeraient voir reprendre le service dans ces zones, comme Azilda, qui se retrouvent sans la moindre institution bancaire?

Je peux dire que selon nos discussions avec la Caisse Alliance, il n’y a pas d’intérêt d’ouvrir des centres de service dans les localités où on a décidé de fermer. Je ne suis pas porte-parole pour la Caisse Alliance, mais je peux dire que c’est une transformation de l’économie financière dans son entièreté. Si cette réalité est vraie pour nous, elle l’est pour la Scotia, elle pour la Banque Royale, etc.

Par exemple, la Banque Scotia avait fermé ses portes à Azilda et Earlton il y a quelques années pour les mêmes raisons que nous, alors ce n’est pas quelque chose qui affecte juste Desjardins, c’est vraiment une évolution de l’industrie financière dans sa globalité.

Est-ce qu’il y a une possibilité de voir d’autres fermetures prochainement en Ontario?

Ce que je peux vous confirmer, c’est que ça fait le tour de l’optimisation du réseau pour le court terme. Alors, il n’y a pas d’autres annonces dans la prochaine année qui s’en viennent par rapport à des fermetures.

Évidemment, on est dans une industrie qui change de façon très rapide alors, on doit demeurer aux aguets et continuer à faire nos analyses. Et puis, si jamais il y a d’autres fermetures, évidemment, les membres vont être avisés, mais pour le moment, il n’y en a pas à court terme.  »