Fermeture du Pavillon Jeanne-Sauvé à Val Rita : « troublant », dit Boileau
TORONTO – La fermeture du Pavillon Jeanne-Sauvé à Val Rita-Harty, qui hébergeait des jeunes francophones en difficulté, inquiète grandement le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau. Il y a matière à enquête, soutient François Boileau qui décidera de sa stratégie au cours des prochains jours.
« Ça me trouble. Ça me préoccupe », a indiqué le commissaire aux services en français, au lendemain des révélations faites par #ONfr concernant la fermeture du Pavillon Jeanne-Sauvé. « Il y a matière à enquête (…) En apparence, c’est troublant et j’aimerais m’en mêler », a-t-il confirmé, lors d’une entrevue le jeudi 6 avril.
Le Pavillon Jeanne-Sauvé accueillait chaque année une quinzaine d’enfants et adolescents francophones, originaires des districts de Cochrane et du Témiscamingue ontarien, pour des séjours allant de six à 12 mois. Certains luttaient contre des problèmes de dépression, des pensées suicidaires, de l’anxiété ou une dépendance à différentes substances.
L’établissement a été fermé vendredi dernier suite à une décision du conseil d’administration des Services à la famille et à l’enfance du Nord-Est de l’Ontario (SFENEO). Cet organisme est désigné en vertu de la Loi sur les services en français. « Ça tombe donc sous ma juridiction », souligne Me Boileau.
Le commissaire Boileau fait savoir qu’une enquête en bonne et due forme permettra de déterminer si l’organisation est allée à l’encontre des balises qui l’encadrent en matière de services en français.
« Une enquête de notre part permettrait de dire quelle partie de l’organisme et quels services sont protégés (…) J’aimerais recevoir une plainte là-dessus (de la part d’un citoyen), mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas regarder cela de ma propre initiative », a-t-il indiqué. Une décision sera prise avec son équipe juridique d’ici quelques jours.
Depuis des années, le commissaire aux services en français accorde une place prioritaire aux citoyens en situation de vulnérabilité. Le dossier du Pavillon Jeanne-Sauvé rejoint cette préoccupation, dit-il. « Est-ce qu’on va s’assurer que les enfants francophones vont être dans un environnement qui va leur permettre de demeurer francophones? Un environnement qui va favoriser leur intégration sociale et leur retour dans leur famille francophone? C’est l’intérêt de l’enfant qui doit primer », insiste-t-il.
Il s’inquiète aussi de la possibilité que ce service francophone soit remplacé par des familles d’accueil qui offriraient un service bilingue.
« Si on place des jeunes francophones dans des foyers bilingues avec des anglophones, est-ce que ça va créer une dynamique où l’enfant francophone va se mettre à parler en anglais? » – François Boileau
Pas de décision, selon le gouvernement
Le gouvernement Wynne, par la voix des ministres Michael Coteau et Marie-France Lalonde, assurait, encore jeudi matin, qu’aucune décision n’avait été prise dans ce dossier.
Pourtant, le Pavillon est bel et bien fermé depuis vendredi 31 mars, et les employés ont été soit remerciés, soit envoyés dans d’autres départements de l’agence.
« Mon rôle est de faire certain que les services vont être donnés à la jeunesse. Le ministre Coteau m’a dit qu’aucune décision n’a été prise. Il a demandé un breffage. Il va me mettre à jour lorsqu’il y aura des décisions. On doit répondre à notre obligation en matière de services en français à la jeunesse. C’est ce que je me suis engagée à faire. On travaille très fort sur ce dossier », a indiqué la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde.
Le gouvernement affirme cependant qu’il va s’assurer que le niveau de services en français soit conservé intact.