Festival franco-ontarien : une programmation à l’écoute des festivaliers
OTTAWA – Damien Robitaille et Kaïn, Sarahmée et Fouki, Pierre Kwenders et Paul Beaubrun, le Festival franco-ontarien (FFO) est allé chercher de grosses pointures musicales pour jouer les têtes d’affiche de sa 49ᵉ édition. Mais les artistes n’ont pas été recrutés simplement pour leur popularité personnelle. Derrière la programmation lancée mardi se trouve une volonté de renouveler et de diversifier à la fois les participants sur scène et dans la foule du parc Major.
Tout près de compléter un demi-siècle de FFO, l’organisation souhaite que cette 49ᵉ édition soit le reflet de l’avenir et non du passé. L’an dernier, Groupe Simoncic, la firme qui organise l’événement, a commandé une vaste étude afin de mieux connaître les festivaliers ainsi que leurs envies et leurs revendications. L’enquête visait aussi les fournisseurs de services et les commanditaires.
Au micro d’ONFR, José Bertrand, le directeur général de Groupe Simoncic, explique les conclusions de cette étude. « Au niveau de la programmation, deux éléments principaux sont ressortis : faire de la place aux plus jeunes et faire de la place aux nouveaux arrivants, qui sont aussi francophones et n’ont pas de place pour s’identifier dans les festivals. »
Ces demandes ont jeté les bases de la programmation dévoilée cette semaine. Le FFO 2024 s’ouvrira avec Pierre Kwenders, Paul Beaubrun (membre d’Arcade Fire) et le collectif afro-électronique Moonshine.
« Le FFO a voulu créer un partenariat avec Moonshine, puisque la qualité des artistes, DJs, musiciens et danseurs avec lesquels ils travaillent en ont fait une référence en musique électronique un peu partout sur la planète », a affirmé Sophie Bernier, directrice de la programmation, en conférence de presse. Elle souligne que le collectif montréalais s’est exporté partout dans le monde, mais n’a encore jamais offert de performances en Ontario.
La soirée du vendredi sera consacrée au hip-hop et au rap avec Fouki et Sarahmée, deux artistes qui ont déjà offert des apparitions spéciales dans des spectacles thématiques par le passé, mais qui seront en tête d’affiche pour la première fois.
Damien Robitaille, un choix logique
Parmi les critiques entendues, il y avait celle que le Festival franco-ontarien ne faisait pas assez de place aux artistes franco-ontariens, affichant nombre de têtes d’affiche québécoises année après année. Le reproche a été entendu, assure Sophie Bernier. « Pour nous aussi, c’est très important. Il y a d’autres noms qui seront annoncés dans les prochaines semaines. Il y a des artistes franco-ontariens qui vont se joindre (aux têtes d’affiche). C’est une priorité. »
Une priorité qui se reflète dans le choix du dernier artiste qui foulera les planches du FFO, le 15 juin. « Quand on s’est demandé avec quel artiste clore le festival, il n’y avait pas beaucoup de noms en tête de lice », affirme José Bertrand en parlant de Damien Robitaille.
C’est donc une partie remise avec l’auteur-compositeur-interprète originaire de Lafontaine qui avait annulé sa présence il y a quelques années. La soirée du samedi vise un public très large en mettant également en vedette les habitués des festivals, le groupe québécois Kaïn.
Un défi d’inclusion
Les organisateurs ne se défilent pas quand ils sont questionnés sur le manque de diversité du FFO, non seulement sur scène, mais aussi dans la foule, assez homogène. Ils se lancent cette année le défi de rendre le festival intéressant pour tous les Franco-Ontariens.
La soirée d’ouverture est un effort en ce sens. « On espère que ça va vraiment être diversifié, que les gens vont venir danser et célébrer. On veut aussi que les communautés nouvelles arrivantes se sentent accueillies et sentent qu’elles font partie de la communauté franco-ontarienne », avoue sans détours Sophie Bernier.
La soirée hip-hop du vendredi soir cherche pour sa part à accueillir plus d’adolescents et de jeunes adultes sur le site du parc Major. Une autre initiative en ce sens est la nouvelle formule de soirée à 10 $ pour les étudiants de 25 ans et moins.
En plus de préventes qui permettront de se procurer des passeports à prix réduit, le FFO accueillera gratuitement les enfants de 14 ans et moins accompagnés d’un adulte.
YAO en réalité virtuelle
Le FFO offrira une expérience unique aux festivaliers, qui pourront découvrir une toute nouvelle chanson de YAO, écrite pour le festival.
Les gens seront invités au dôme de La Cité, sorte de petit frère du pavillon Excentricité, un concept novateur qui permet des prouesses technologiques et artistiques. C’est au moyen de casques de réalité virtuelle que les festivaliers pourront assister au concert de l’artiste franco-ontarien. Une poignée de personnes, majoritairement étudiants et employés de La Cité, ont été invitées à danser devant la scène pour simuler la foule lors de l’enregistrement à l’Excentricité, ce mardi.
Notre journaliste a pu y assister et s’entretenir avec YAO quelques minutes avant son entrée sur scène. Le Franco-Ontarien affirme : « C’est nouveau pour nous aussi, ce qui est très excitant. Je dis toujours à mes musiciens que c’est un live show. C’est cette idée de donner vie à la musique, make it alive, et ensuite, show me, montre-moi. C’est de prendre cette idée-là et de l’apporter dans une autre sphère. »
Intitulée Imaginaire, la chanson est courte, légère et radiophonique. Son rythme rapide en fait une chanson dansante et estivale, parfaite pour l’occasion. L’artiste a été emballé d’emblée par la proposition de Groupe Simoncic. « Il se trouve que j’étais en période de création, donc je leur ai dit que j’allais entrer en studio la semaine suivante pour leur pondre une chanson. »
Une tradition en évolution
Sophie Bernier affirme la volonté du FFO d’être digne de sa réputation de festival rassembleur.
« Pour beaucoup de gens, le Franco est une tradition familiale. Ils venaient avec leurs parents quand ils étaient petits et là, ils viennent avec leurs enfants. Leur sentiment d’appartenance au Franco est très fort, et ils veulent que (la programmation) représente qui ils sont. »
En plus des détails de la matinée familiale, José Bertrand promet que d’autres activations terrain seront annoncées dans les prochaines semaines.
Après quelques années à se tenir près de la journée des Franco-Ontariens en septembre, le FFO est revenu à sa case habituelle de juin l’an dernier. L’édition 2024 se déroulera du 13 au 15 juin au parc Major, au cœur d’Ottawa.