Financement politique : Wynne ira de l’avant avec sa propre réforme
TORONTO – Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne proposera son propre projet de réforme du financement des partis politiques en Ontario, sans tenir compte des demandes répétées de l’opposition pour une commission d’enquête publique ou pour la formation d’un comité d’examen tripartite.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
La première ministre a dévoilé les grandes lignes de son projet de réforme peu après avoir rencontré ses homologues de l’opposition progressiste-conservatrice et néo-démocrate, lundi 11 avril.
Sans surprise, la chef libérale propose dès le 1er janvier 2017 de mettre fin aux dons des entreprises et des syndicats aux partis politiques et d’imposer des limites de dépenses pour la publicité partisane par des tiers, comme des groupes de pression.
« J’ai essayé de m’inspirer d’abord de ce que nous avons vu dans d’autres juridictions au pays, y compris au fédéral, et ensuite, de répondre à l’essentiel des préoccupations que nous avons entendues dans l’espace public », a déclaré Mme Wynne lors d’un point de presse de dernière minute à Queen’s Park. « C’est un plan qui est, à mon avis, non-partisan. »
Les libéraux prévoient déposer leur projet de loi en mai.
Il y a aura des consultations publiques après les deux premières lectures du document dans la Législature, et pas seulement après la deuxième lecture comme c’est le cas habituellement, « pour davantage de rétroaction du public », a fait savoir la première ministre.
L’opposition déçue
Kathleen Wynne n’a cependant pas l’intention de limiter complètement les activités de financement des ministres et de mettre sur pied une commission d’enquête sur l’octroi de contrats publics, ni de laisser le Directeur général des élections (DGÉ) ou encore un comité tripartie piloter le projet de réforme, comme le réclamait l’opposition.
« C’est la responsabilité du gouvernement (d’écrire les lois) », s’est défendue Mme Wynne. « Le DGÉ ne peut pas rédiger des projets de loi. Mais nous allons prendre ses recommandations au sérieux et nous allons suivre ses conseils tout au long du processus. »
Le chef progressiste-conservateur Patrick Brown a qualifié sa rencontre avec la première ministre de « farce » et de « manœuvre de relation publique ».
« Je tire deux conclusions de cette rencontre. D’abord, la première ministre a peur d’un processus ouvert et transparent. Elle veut que cette réforme soit pilotée par son bureau. Ensuite, la première ministre est pétrifiée par la possibilité d’une enquête publique », a fustigé M. Brown à la presse parlementaire. « Qu’a-t-elle à cacher? »
Même son de cloche du côté des néo-démocrates.
« Nous allons nous retrouver avec un loi écrite par Kathleen Wynne et ses amis. J’en suis très déçue. C’est mettre la charrue devant les bœufs. C’est exclure les Ontariens du débat. Ce n’est pas un processus démocratique sain », a insisté la chef de la deuxième opposition Andrea Horwath.