Financement: Wynne met un frein

L'Assemblée législative de l'Ontario. Archives, #ONfr

TORONTO – Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a mis un frein à ses activités de financement avec des entreprises privées et des syndicats, mardi 5 avril, le temps que l’Ontario se dote de nouvelles règles plus strictes pour les cueillettes de fonds des partis politiques.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La décision est tombée à peine une journée après l’annonce par la première ministre du dépôt hâtif d’un projet de réforme du financement politique dès ce printemps, et une semaine après une soirée-bénéfice qui a rapporté aux libéraux près de 2,5 millions $.

«J’ai pris la décision d’annuler immédiatement les collectes de fonds privées à venir auxquelles je devais participer. J’ai aussi demandé la même chose de mes ministres», a déclaré Mme Wynne dans la Législature alors qu’elle était bombardée de questions pour une deuxième journée consécutive sur le financement de son parti. «Je pense qu’il est important que nous fassions bien les choses.»

Le grand argentier ontarien Charles Sousa s’est dit prêt à annuler toutes ses activités de financement prévues avec des entreprises privées et des syndicats après avoir esquivé la question, la veille.

«Je n’ai pas changé d’idée», s’est défendu M. Sousa devant la presse parlementaire. «En fait, dès hier j’ai demandé à mon équipe de campagne d’identifier les activités de financement sur sur mon calendrier et de les annuler», a-t-il précisé. «Le budget est ma priorité», a-t-il botté en touche.

«Systémique»

La première ministre Kathleen Wynne a aussi demandé aux partis d’opposition de cesser leurs activités de financement avec des entreprises privées et des syndicats jusqu’à l’entrée en vigueur d’une éventuelle réforme.

À un mois d’une importante soirée-bénéfice pour l’opposition officielle, le chef progressiste-conservateur Patrick Brown a refusé, pour sa part, de mettre un frein aux collectes de fonds de son parti.

«Je n’ai pas le pouvoir de donner des contrats. Je ne peux même pas octroyer un dollar. L’enjeu, c’est que le gouvernement donne des contrats aux entreprises à qui il demande des contributions politiques», a voulu se justifier M. Brown. «C’est systémique. Ceux qui donnent de l’argent au gouvernement reçoivent des contrats du gouvernement. Le gouvernement a brouillé toutes les règles d’éthique.»

Contributions et contrats

Chiffres à l’appui, le député progressiste-conservateur John Yakabuski a indiqué que sept entreprises ayant contribué au total 255000$ à la caisse électorale des libéraux ont reçu des contrats d’énergie éolienne de près de 430 mégawatts, alors que trois entreprises n’ayant rien donné au gouvernement n’ont reçu aucun contrat.

«Nous n’avons même pas besoin de cette énergie», a pesté M. Yakabuski dans la Législature. «Le ministre de l’Énergie à une cible de financement de 300000$ par année. Quoi de mieux pour atteindre cette cible que d’octroyer des contrats du gouvernement à ses donateurs préférés», a jeté dans la mêlée l’élu de la région de Renfrew.

Piqué au vif, le ministre Charles Sousa a dit «s’offusquer» d’une telle allégation de la part des progressistes-conservateurs. «C’est complètement faux», a-t-il rebondi à #ONfr. «Les partis d’opposition recueillent des fonds auprès des mêmes groupes et des mêmes individus que nous. Ils recueillent beaucoup d’argent, eux aussi.»

La chef néo-démocrate Andrea Horwath a, elle aussi, refusé de mettre un frein aux activités de financement de son parti.

«C’est un peu exagéré de la part de la première ministre de vouloir arrêter d’amasser des fonds auprès des entreprises privées, à peine une semaine après l’une des plus importantes activités de financement dans l’histoire de son parti», a fustigé Mme Horwath. «C’est la façon de faire des libéraux. Ils font tout à leur avantage et au détriment des autres partis.»