Manque de francophones dans la haute fonction publique : Ottawa avare de détails
OTTAWA – Le fédéral assure être préoccupé par le manque de hauts fonctionnaires francophones dans sa fonction publique, mais admet que des solutions n’arriveront pas du jour au lendemain. Pour le moment, les ministres du gouvernement Trudeau proposent d’outiller le Conseil du Trésor pour élaborer un cadre linguistique, sans toutefois donner davantage de détails.
Seuls 19 % des sous-ministres ou des sous-ministres déléguées parlent français alors que les francophones représentent 31 % de la fonction publique, selon des données de Radio-Canada. Ces nominations sont faites par le premier ministre Justin Trudeau via les recommandations du Bureau du Conseil privé.
La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor admet que ce sont des chiffres qui sont très préoccupants. Elle pointe vers son projet de loi C-13 qui selon elle donne plus de moyens au Conseil du Trésor pour procéder à une évaluation du bilinguisme au sein de la fonction publique.
« Premièrement, je ne pense pas que ça va être une situation qui va être remédié du jour au lendemain. Notre gouvernement prend quand même des étapes concrètes pour s’assurer qu’on peut adresser cette situation et cette tendance. La ministre du Conseil du Trésor va avoir maintenant l’option d’évaluer c’est quoi les cours de langue qui sont donnés aux fonctionnaires, ainsi que d’élaborer un nouveau cadre linguistique », a-t-elle dit mardi sans toutefois spécifier quels moyens précis seraient mis en place.
À la Chambre des communes mardi, le Bloc Québécois a dénoncé que les francophones soient les victimes de discriminations, car ils sont sous représentés dans l’appareil fédéral, a affirmé son député Mario Beaulieu.
« Nous allons veiller à ce que les postes de la fonction publique soient identifiés bilingues lorsqu’il y a lieu et que ça soit fait à un niveau de bilinguisme approprié. C’est essentiel pour créer et maintenir un milieu de travail qui encourage les deux langues officielles », a répondu de la Présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier.
Des sous-ministres bilingues?
À l’heure actuelle, des postes sont identifiés comme bilingues tandis que d’autres le sont comme unilingues. Ceux qui sont bilingues sont par la suite classés selon le niveau.
Le Comité sénatorial des langues officielles avait recommandé dans son rapport final sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles d’obliger le bilinguisme des sous-ministres. Questionnée à ce sujet, Ginette Petitpas Taylor n’a pas répondu à savoir pourquoi cette mesure ne se retrouvait pas dans son projet de loi.
« Nous allons de l’avant pour à outiller le Conseil du Trésor avec plus d’outils à leur disposition pour qu’il puisse effectivement faire leur travail », a-t-elle répondu.
Questionnée sur le sujet la semaine dernière au Sénat, la ministre a reconnu que « les dirigeants tardent à donner l’exemple à leurs organisations ».
« Il faut maintenir l’usage des deux langues officielles dans les milieux de travail fédéraux, car, à mon avis, le droit de travailler en français au sein de la fonction publique n’est pas négociable. »
Le Commissariat aux langues officielles avançait dans un rapport en 2020 que les compétences linguistiques pour les postes bilingues étaient souvent délaissées et généralisées. Parmi les raisons avancées pour faire fi des exigences linguistiques étaient; le manque de candidats bilingues, la volonté de promouvoir un employé etc. Près d’un fonctionnaire sur deux disait se sentir mal à l’aise d’utiliser le français au travail dans un sondage mené par le Commissariat au début de 2021.