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Hockey : les Sénateurs d’Ottawa visent plus haut et misent sur leurs francophones

Le Franco-Ontarien Claude Giroux entame une nouvelle saison au sein d’une formation des Sénateurs plus stable, plus ambitieuse et qui se rapproche de la francophonie. Photo : Matt Slocum/ AP

OTTAWA – Après avoir enfin retrouvé les séries éliminatoires la saison dernière, les Sénateurs d’Ottawa entament la campagne 2025-2026 avec des ambitions plus élevées. L’équipe ne veut plus seulement participer, mais s’imposer comme une véritable puissance dans l’Est. Pour ONFR, Jean-Philippe Forgues du podcast La Brigade et Nicolas St-Pierre, animateur de l’émission Dans Le Vestiaire, dressent le portrait d’une formation en pleine maturité, résolument tournée vers l’avenir.

Les Sénateurs ne se contentent plus de leur retour en séries de la saison dernière. Cette année, il est question de progression et d’affirmation.

« L’objectif n’est plus seulement d’y accéder, mais de se mesurer aux meilleures équipes de la division Atlantique, explique Jean-Philippe Forgues. On veut que les Sens soient reconnus comme une équipe difficile à battre soir après soir. »

Nicolas St-Pierre partage ce sentiment : « On sent une vraie évolution. L’équipe a appris à gagner des matchs importants, à gérer la pression. Le défi maintenant, c’est d’être constant du début à la fin de la saison. »

Les deux observateurs soulignent que le message de l’organisation est clair : après des années de reconstruction, le temps est venu de récolter les fruits.

Un été de continuité et de consolidation

Contrairement aux intersaisons précédentes, Ottawa n’a pas chamboulé son effectif. L’été a plutôt servi à renforcer la stabilité et l’alchimie déjà présentes dans le groupe.

« Il n’y a pas eu de gros coup, mais des ajustements intelligents, note l’animateur de La Brigade. On a misé sur la cohésion et sur la continuité du travail entamé par l’entraîneur en chef Travis Green. »

Nicolas St-Pierre ajoute : « Le noyau est solide, l’équilibre entre jeunes talents et vétérans fonctionne bien. C’est ce qu’il fallait. »

Les deux observateurs estiment que cette stabilité pourrait être un facteur déterminant dans une division où la compétition reste féroce.

Un pas concret vers la francophonie

Les Sénateurs ont franchi une étape importante cet automne en lançant leurs comptes officiels X et Instagram en français, une initiative saluée de part et d’autre.

« C’est énorme, souligne Jean-Philippe Forgues. On ne parle pas d’une simple traduction : c’est un vrai contenu pensé pour les partisans francophones, avec un ton et des références qui leur parlent. »

Pour le présentateur de l’émission Dans Le Vestiaire, c’est un geste symbolique mais aussi stratégique : « Ottawa, c’est la capitale du pays, et la francophonie y est très présente. Reconnaître cette réalité, c’est une façon de bâtir des ponts avec toute la communauté de l’Est ontarien et de l’Outaouais. »

L’organisation multiplie aussi les présences dans la région de Gatineau, une démarche que St-Pierre juge « essentielle pour entretenir ce lien identitaire ».

Deux matchs de présaison à Québec : un clin d’œil fort à la francophonie

L’ouverture de la saison a également été marquée par la tenue de deux matchs de présaison à Québec, une première depuis plusieurs années pour la formation ontarienne.

« C’est un message clair envoyé à la communauté francophone, estime Forgues. Les Sénateurs veulent rappeler qu’ils ne sont pas seulement l’équipe de la capitale, mais une équipe qui parle à tout le corridor franco-canadien, d’Ottawa à Québec. »

Nicolas St-Pierre ajoute : « Ces matchs à Québec, c’est une belle vitrine pour le club. Le public a répondu présent, les joueurs francophones comme Giroux ou Chabot ont été acclamés. Ça crée un vrai sentiment d’appartenance. »

Pour les deux spécialistes franco-ontariens, ces initiatives successives (réseaux sociaux, matchs en territoire francophone, interactions accrues avec les partisans) montrent qu’Ottawa assume enfin pleinement son identité bilingue et son ancrage franco-ontarien.

Trois francophones au cœur du projet

La présence de Claude Giroux, Thomas Chabot et David Perron donne une identité francophone forte à l’équipe. Déjà partisans majeurs du beau parcours de saison dernière, leur rôle demeure central cette année.

« Giroux, c’est le cœur et la conscience du vestiaire, analyse Forgues. Il continue d’être productif, mais surtout, il montre l’exemple. Les jeunes le respectent énormément. »

Pour St-Pierre, la force du vétéran franco-ontarien est aussi sa constance : « À 37 ans, il est encore parmi les meilleurs aux mises en jeu, et il n’a rien perdu de sa vision du jeu. »

Thomas Chabot, après une saison marquée par les blessures, revient en pleine forme : « Il a retrouvé son niveau et profite d’une stabilité défensive qui lui manquait », estime Forgues.

Quant à David Perron, il poursuit son rôle de mentor : « C’est un gars qui a gagné, et ça paraît. Il garde tout le monde alerte, dans le bon état d’esprit », ajoute St-Pierre.

Une couverture francophone en mutation

La couverture francophone des Sénateurs évolue. Unique FM, qui diffusait les matchs depuis plusieurs saisons, a perdu les droits cette année, marquant également la fin d’une ère pour Nicolas St-Pierre, descripteur officiel pendant 17 saisons.

« C’est sûr qu’il y a un petit pincement au cœur, admet-il. Dix-sept ans, c’est une belle aventure, mais l’important, c’est que la couverture en français continue sous d’autres formes. »

Il souligne que son émission Dans Le Vestiaire prend désormais une ampleur inédite : « On a transformé cette perte en opportunité. L’émission s’étend maintenant sur deux heures, diffusée sur plusieurs plateformes : télé, radio, web et réseaux sociaux. Ça permet de rejoindre un public plus large. »

Du côté de Jean-Philippe Forgues, le balado La Brigade poursuit aussi sa croissance. « On est maintenant disponibles sur Spotify, YouTube et toutes les grandes plateformes. On veut offrir une voix 100 % francophone, passionnée et accessible, pour tous ceux qui suivent les Sens à travers le pays. »

Les deux journalistes s’entendent pour dire que l’intérêt pour les Sénateurs n’a jamais été aussi grand chez les francophones de la région. Et cette année, plus que jamais, l’équipe leur donne une raison d’y croire.

Les Sénateurs d’Ottawa débutent leur saison ce jeudi avec un déplacement sur la glace du Lighning de Tampa Bay en Floride. Coup d’envoi à 19 heures.