Politique

Huit votes d’écart : un recomptage le 17 mars pour Mushkegowuk-Baie James 

Il y a en réalité huit votes d'écart entre les francophones Guy Bourgouin (à gauche) et David Plourde. Montage ONFR/Inès Rebei

KAPUSKASING – Une semaine après le scrutin provincial, une incertitude demeure sur l’identité du candidat ayant remporté l’élection dans Mushkegowuk-Baie James. Mardi soir, on apprenait qu’un recomptage aura lieu le 17 mars pour déterminer le nombre de votes séparant les deux premiers candidats.

Huit votes. C’est l’écart réel existant entre le candidat néo-démocrate, Guy Bourgouin et son adversaire, le progressiste-conservateur et maire de Kapuskasing, David Plourde, selon la compilation officielle des résultats par Élections Ontario rendue publique ce mardi.

Jeudi soir dernier, c’était quatre votes d’écart qui avaient été comptabilisés avec une victoire attribuée à Guy Bourgouin, le député sortant lequel a recueilli 3 610 suffrages.

Compilation officielle des résultats dans Mushkegowuk Baie-James, circonscription majoritairement francophone à 60 %. Source : Élections Ontario

Comment expliquer cette différence de quatre voix? Selon Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, c’est très simple : « Il y a eu des bulletins qui sont rentrés par la poste et ça ne traduit pas fidèlement les autres alors on a continué à compiler puis il y en a eu quatre de plus à ajouter pour le candidat. »

Élections Ontario indique que la différence des votes étant inférieure à 25, un recomptage aura lieu pour cette circonscription et celle de Mississauga—Erin Mills.

« Par conséquent, aux termes de la Loi électorale, les directeurs du scrutin demandent, par voie de requête, un dépouillement judiciaire dans ces circonscriptions », pouvait-on lire dans un communiqué.

Vers un recomptage des bulletins de vote

Selon la Loi électorale ontarienne, le juge a quatre jours (à l’exception du samedi) après la diffusion de la compilation officielle des résultats pour désigner un moment pour le recomptage.

Le dépouillement doit avoir lieu dans les 10 jours suivant l’audience du juge et après avoir notifié les candidats. Selon des informations obtenues par ONFR et confirmées par Élections Ontario, le recompte aura lieu le 17 mars prochain.

Les politologues Geneviève Tellier (Université d’Ottawa) et Peter Graefe (Université McMaster). Montage ONFR

Le politologue Peter Graefe estime que le dépouillement devrait être fait en présence des candidats : « Le juge fait le dépouillement, mais les candidats ont le droit à être présents pour surveiller le recomptage, car il est possible qu’il y ait des cas où le juge peut considérer qu’un bulletin de vote est pour un candidat ou un autre ou que l’électeur a fait une erreur. »

« On a vu, au Canada, des cas où il y a eu un changement du résultat avec une marge plus importante après un recomptage »
— Peter Graefe

Il ajoute qu’il est possible pour les candidats de demander à faire appel s’ils estiment qu’ils sont en désaccord avec l’attribution des votes pour l’un ou l’autre des candidats, d’où l’importance d’assister au dépouillement. Le juge annonce le résultat officiel pour le comté qui sera reporté dans la Gazette de l’Ontario.

Le gagnant pourrait changer de camp

Les recomptages ne sont pas exceptionnels au Canada et en Ontario. Depuis 1975, il y a eu 17 recomptages dans huit élections, dont seulement deux ont eu lieu dans le nord de l’Ontario – à Cochrane-Nord en 1981 et à Thunder Bay-Atikokan en 2007.

M. Graefe juge toutefois que la différence de huit votes est assez exceptionnelle : « Huit voix d’écart, ce n’est pas beaucoup. On a vu, au Canada, des cas où il y a eu un changement du résultat avec une marge plus importante après un recomptage. »

Selon le professeur associé en sciences politiques à l’Université McMaster, le fait que l’Ontario utilise des tabulateurs électroniques pour ses élections permet d’augmenter la fiabilité des résultats.

La carte de la circonscription de Mushkegowuk Baie-James. Source : Assemblée législative de l’Ontario

« C’est peut-être un peu plus difficile quand quelqu’un vote avec un crayon. On a moins d’opportunités de faire des dessins ou autre qui pourraient donner lieu à des débats quant à l’intention de l’électeur. »

ONFR a tenté de joindre M. Guy Bourgouin et M. Plourde : le premier n’a pas souhaité commenter « afin de respecter le processus en cours » et sans réponse pour le second.