Immigration francophone : des chiffres stables en milieu minoritaire

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OTTAWA – À défaut de connaître le grand coup de barre attendu, l’immigration francophone en milieu minoritaire se stabilise. Voilà les conclusions de la partie « immigration » des chiffres du recensement de 2016, dévoilée mercredi 25 octobre par Statistique Canada.  

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Parmi les immigrants installés à l’extérieur du Québec de 2011 à 2016, quelque 1,4 % étaient de langue maternelle française. Un chiffre en très légère augmentation par rapport à 2011 (1,3 %) et 2006 (1 %).

Sans surprise, la grande majorité de ces immigrants n’ont ni le français, ni l’anglais comme langue maternelle (80,7 %).

Selon les données, force est d’admettre que l’anglais a été la première langue officielle priorisée parmi les immigrants hors Québec sur cette même période. Seuls 2,6 % d’entre eux ont le français comme première langue officielle parlée (contre 2,9 % sur la période précédente). Très loin derrière l’anglais qui demeure la première langue officielle pour 86,2 % des immigrants.

« Il y a une très forte propension des immigrants à utiliser l’anglais une fois sur place », analyse Jean-Pierre Corbeil, directeur du programme de la statistique linguistique pour l’agence fédérale. « Cela explique pourquoi le français progresse peu ».

Si « stabilité » est le mot le plus adapté pour lui afin de décrire l’immigration francophone, une croissance « aurait pu être attendue ». Et d’enchaîner : « La force de la transmission de la langue peut jouer quand la masse critique est importante. »

L’Ontario suit cette tangente. Les immigrants francophones ont été moins nombreux à venir s’installer dans la province entre 2006 et 2011. Pour le dernier recensement, la part de l’immigration francophone atteint 3,5 % contre 3,2 % auparavant.

La francophonie en contexte minoritaire serait plus inclusive, d’après les chiffres. Quelque 12,8 % de ces francophones ne sont pas nés au Canada. Une donnée en augmentation, si l’on compare à 2006 où ils n’étaient que 9,9 % à se définir comme immigrant.

« On peut parler effectivement d’une stabilité, mais ça ne règle pas le problème qu’il faut atteindre 5 % d’immigrants francophones », souligne le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.

Le vent de l’Ouest pour l’immigration

Autre indication du recensement de 2016 avec la lentille de l’immigration : l’Ontario n’est plus la destination rêvée pour les nouveaux arrivants. S’ils étaient 55,9 % à avoir choisi cette province comme terre d’accueil en 2001, la proportion passe à 39 % en 2016.

La raison? L’attrait des provinces des Prairies. Le pourcentage des nouveaux immigrants en Alberta passe ainsi de 6,9 % en 2001 à 17,1 %, quinze ans plus tard. Le Manitoba et la Saskatchewan connaissent aussi un bond. Les deux provinces représentent aujourd’hui 9,2 % de l’immigration au Canada, contre 2,8 % en 2001.

Des résultats en somme peu surprenants dans la lignée de ceux divulgués au mois de février par Statistique Canada. L’agence fédérale soulignait alors la croissance démographique très forte dans l’Ouest du Canada.

Si l’Asie demeure le principal continent d’arrivée des immigrants (61,8 %), l’Afrique compte de plus en plus, dépassant dorénavant l’Europe. Entre 2011 et 2016, ils étaient même 13,4 % parmi les nouveaux arrivants sur le sol canadien.

Vers 30 % d’immigrants en 2030?

Enfin, avec une proportion de 21,9 % d’immigrants, le Canada fait mieux qu’en 2006 (19,8 %) et 2011 (20,6 %), et se rapproche même des chiffres du recensement de 1921 (22,3 %).

Selon les projections de Statistique Canada, la proportion de la population canadienne née à l’étranger pourrait se situer entre 24,5 % et 30 % en 2030.