Immigration francophone : Edmundston en exemple
CORNWALL – Le maire d’Edmundston, Cyrille Simard était de passage à Cornwall, mercredi, pour parler d’immigration francophone. L’élu voulait faire connaître les bonnes pratiques de la municipalité néo-brunswickoise en la matière.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« En 25 ans, Edmundston avait perdu 20 000 résidents, mais de 2011 à 2016, nous avons connu une croissance démographique, ce qui est rare dans le Nord de la province. Nous avons augmenté notre population de 3,4 %, dont la moitié était des immigrants », s’enthousiasme M. Simard, en entrevue avec #ONfr.
Maire d’Edmundston depuis 2012, M. Simard est également consultant en immigration depuis plus de dix ans. Et cette expérience lui a servi lorsqu’il a été élu pour contrer la décroissance démographique de sa collectivité.
« Les municipalités ont un rôle à jouer. Même si au final, les décisions sont prises par le fédéral en collaboration avec les provinces, ce sont elles qui vont offrir des services de première ligne aux nouveaux arrivants et qui auront le contact le plus direct avec eux. Elles doivent être des championnes de la diversité et du dialogue pour répondre au mieux à leurs besoins. »
Pour y parvenir, l’élu encourage les municipalités à devenir des catalyseurs entre tous les intervenants, communautaires, économiques et sociaux.
Leadership municipal
Le maire d’Edmundston intervenait, mercredi, dans le cadre du 9e Forum régional du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario. Lors de sa présentation, il voulait faire comprendre aux participants que le « leadership municipal est la clef du succès en immigration francophone ».
Edmundston a mis en place plusieurs mesures au fil du temps pour réussir à attirer de nouveaux arrivants.
« Nous avons un protocole de communication quand les gens arrivent pour les diriger vers les bons interlocuteurs. On a aussi mis en place un comité d’accueil chargé de les aider dans leurs démarches, pour les inscriptions à l’école, à la garderie, pour faire leurs papiers administratifs, comme leur permis de conduire ou leur carte santé… Tout le monde a fait preuve de bonne volonté et a travaillé ensemble. »
La municipalité prend également la peine de dépêcher des représentants ou de transmettre son message lors des forums internationaux, comme Destination Canada.
« Nos représentants font le tour des employeurs et arrivent dans les forums avec des offres d’emploi. Quand nous étions à Paris récemment, on avait 180 postes à offrir. »
Se faire connaître
Mais les choses ne sont pas toujours faciles, reconnaît l’élu. Selon les chiffres de Statistique Canada publiés début février, le taux de chômage d’Edmundston en janvier était le plus bas dans la province, avec celui du comté de Woodstock, soit 2,9 %.
« Ça montre bien que nous avons encore beaucoup de besoins de main-d’œuvre, notamment en tourisme, en restauration… Ça devient critique! »
Alors, pour convaincre les candidats, outre l’emploi, il faut faire la promotion de la région.
« L’avantage, c’est que beaucoup de gens sont intéressés par le Canada. Mais le Canada, c’est vaste, alors il faut se faire connaître. On le fait en participant aux forums, mais aussi sur les médias sociaux. On présente ce qu’on a à offrir et qui peut être intéressant pour certaines personnes qui cherchent une plus petite ville, sécuritaire, avec un accès proche à la nature. »
Des parallèles avec l’Est ontarien
À l’issue de l’atelier, la mairesse de Hawkesbury, Paula Assaly, avait déjà établi ses premières actions en matière d’immigration francophone.
« Je vais partager l’information que j’ai reçue avec mon directeur général et les autres conseillers municipaux », explique-t-elle à #ONfr. « On doit mettre en place une équipe en charge du dossier et établir un plan d’action pour bien accueillir et intégrer les nouveaux arrivants. Pour nous, c’est essentiel, car nous avons une pénurie de main-d’œuvre. »
Originaire du Nouveau-Brunswick, la coordonnatrice du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario, Brigitte Duguay Langlais, juge que Hawkesbury, comme de nombreuses municipalités de l’Est de l’Ontario, a des similitudes avec Edmundston, d’autant que comme cette ville néo-brunswickoise, elles aussi sont majoritairement francophones.
« Ce sont des municipalités rurales avec le même genre de défis démographiques. C’est très transposable. Et je pense que les participants au forum, dont les municipalités, auront réalisé le rôle prioritaire qu’ils peuvent jouer. Comme l’a expliqué M. Simard, le gouvernement fédéral accorde de plus en plus de place aux municipalités dans le dossier de l’immigration. »