Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Archives ONFR+
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Archives ONFR+

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge estime qu’il faudra une immigration francophone hors Québec bien plus élevée que 6,1 %, cible autour de laquelle planche le gouvernement Trudeau. Même là, il s’agirait d’un objectif difficilement réalisable, selon le ministre de l’Immigration Marc Miller.

C’est ce qu’affirmait ce dernier en comité parlementaire il y a quelques semaines.

« J’aimerais monter à 6 %, mais ça, c’est une augmentation de 50 % d’une cible difficilement réalisable. Ça va prendre de l’ambition et des mécanismes en place pour assurer la pérennité du système, quitte à pouvoir l’augmenter par la cible », présentait-il comme vision.

Hier, devant les sénateurs, Raymond Théberge a rappelé que la nouvelle Loi sur les langues officielles oblige le gouvernement à rétablir, via immigration, le poids démographique des francophones à 6,1 % comme c’était le cas en 1971.

« Pour y arriver, il faut une cible beaucoup plus importante que 6,1 %, a-t-il plaidé (…). L’immigration c’est une question existentielle pour nos communautés. »

Marc Miller doit annoncer en novembre les seuils de nouveaux arrivants que son gouvernement compte implanter après 2024, incluant une nouvelle cible d’immigrants parlant la langue de Molière. Actuellement, elle est à 4,4 %, mais elle n’a été atteinte qu’à une seule reprise depuis son implantation en 2001, soit l’an dernier.

Main-d’œuvre : l’immigration doit s’accompagner de formation

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) souhaite que le gouvernement triple son objectif dès 2024 avant d’atteindre 20 % en 2036.

Le Commissariat aux langues officielles avait d’ailleurs réalisé une étude en 2021, qui démontrait que ces échecs répétitifs depuis deux décennies, constituaient aujourd’hui un manque de 120 000 immigrants francophones hors du Québec.

Questionné sur la pénurie de main-d’œuvre francophone, notamment dans le secteur de la santé, le commissaire précise qu’une cible plus haute ne serait pas l’unique élément nécessaire pour les communautés en situation minoritaire.

« On peut accueillir un plus grand nombre de gens, mais est-ce qu’on a la capacité de les intégrer dans nos communautés? Est-ce qu’on va reconnaître leur expérience (de travail)? Si on veut réellement s’attaquer au problème de main-d’œuvre, oui il y a l’immigration, mais il faut parler de formation. Il faut développer une capacité au sein de nos institutions pour former plus de gens », plaide-t-il.

Raymond Théberge témoignait pour présenter son rapport annuel de 2022 dans le cadre d’une étude sur les services de santé dans la langue de la minorité de la part du comité sénatorial des langues officielles.