Immigration francophone : « Nous faisons des progrès », insiste le fédéral
OTTAWA – Sur le dossier de l’immigration francophone, le gouvernement fédéral défend son bilan. Le ministre de l’Immigration, Marco Mendicino, évoque 3,6 % de nouveaux arrivants francophones en contexte minoritaire pour 2020.
Vérification faite par ONFR+ auprès des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), les chiffres avancés par le ministre sont exacts puisque 5 755 des résidents permanents à l’extérieur du Québec étaient francophones en 2020, une proportion en hausse par rapport à 2019 (2,82%).
Quoi qu’il en soit, l’immigration francophone s’approche de la cible de 4,4% de nouveaux arrivants francophones hors Québec, fixée pour 2023.
Mais en valeur absolue, moins de francophones ont immigré en contexte minoritaire au cours de l’année (8 470 résidents permanents pour 2019). Une baisse essentiellement due à la pandémie de COVID-19, laquelle a contribué à des restrictions inédites aux frontières.
« Bien que la pandémie ait crée beaucoup de difficultés, nous faisons des progrès », a souligné Marco Mendicino, lors d’une discussion dans le cadre de la première journée du Symposium annuel sur l’immigration francophone. L’événement annuel organisé par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) vise à sensibiliser à la thématique de l’immigration francophone vue comme un rempart possible à l’assimilation.
Le fait francophone reste grignoter en contexte minoritaire. La langue de Molière ne représente plus que 3,8% des résidents selon les chiffres du recensement de 2016, contre 4% en 2011 et 4,2% en 2006.
Les bons chiffres d’Entrée express
M. Mendicino voit dans le programme Entrée express la première réussite de l’augmentation de l’immigration en contexte minoritaire.
L’initiative avait été lancée en 2015 par le gouvernement fédéral pour accélérer les démarches d’immigration d’un nouvel arrivant francophone. En 2019, la moitié des résidents permanents francophones acceptés en dehors du Québec avaient utilisé ce programme. Pour 2020, ce taux approchait les 60%.
« Entrée express a des résultats positifs », affirme Luisa Veronis, titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes à l’Université d’Ottawa. « Ça évite pour les immigrants tous les problèmes quand ils arrivent ici, le désenchantement, la pauvreté, apprendre l’anglais. Ils répondent aux besoins directs. L’économie a changé, et les travailleurs sont aujourd’hui très spécialisés. »
Pour le ministre de l’Immigration, la réforme de la Loi sur les langues officielles « viendra compléter » le programme Entrée express pour atteindre la cible de 4,4 %.
« Dans le projet, le corridor d’immigration francophone réservé au recrutement d’enseignant sera un atout », souligne le ministre.
« Ça pourrait aider », analyse avec nuance Mme Veronis. « Mais en tant que géographe, je m’interroge sur la répartition géographique. Certains territoires risquent d’être mieux servis que d’autres. Cependant, si les autres territoires pouvaient combler le manque, on y arriverait alors sur le plan national. »
Mais la géographe reste dubitative sur la capacité d’atteindre rapidement la cible de 4,4 % d’immigration francophone.
« Le gouvernement a récemment revu ses cibles à la hausse pour admettre plus d’immigrants. Cela pourrait favoriser davantage l’immigration anglophone. »
Les chiffres réjouissent en tout cas la FCFA.
« Nos politiques d’immigration doivent tenir compte des besoins des francophones en contexte minoritaire, et des nouveaux arrivants d’expression française. Le ministre y croit et m’a partagé son enthousiasme pour la politique d’immigration francophone annoncée dans la réforme des langues officielles », a tweeté le président Jean Johnson.
Plus de 4 % d’immigration francophone en Ontario
Cette hausse de l’immigration francophone en contexte minoritaire n’est certes pas une surprise. Début mars, ONFR+ avait déjà mis en avant les résultats encourageants de l’Ontario, dopés par le programme Entrée express.
En 2020, les immigrants francophones en Ontario représentaient 4,09 % de l’ensemble des résidents permanents.
« L’immigration est concentrée en Ontario. Le Nouveau-Brunswick est le second, mais loin derrière. L’Ontario peut continuer à attirer beaucoup d’immigrants francophones, car l’économie est forte », tranche Mme Veronis.