Immigration francophone : « nous souhaitons dépasser les cibles » 

TORONTO – D’ici trois ans, le Canada aura accueilli près d’un million de nouveaux Canadiens, selon le plan dévoilé le mercredi 1er novembre par le gouvernement fédéral. Et les immigrants francophones ne seront pas en reste, jure le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, qui veut même dépasser les objectifs.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Le gouvernement annonce qu’il augmentera « de manière responsable » le nombre de résidents permanents que le Canada accueille chaque année. Il y aura 310 000 nouveaux Canadiens, en 2018, puis 330 000 en 2019 et 340 000 en 2020.


« Cette hausse contrôlée et graduelle visera à ce que l’immigration représente 1% de la population, d’ici 2020 » – Gouvernement Trudeau


Depuis des années, le fédéral ainsi que les provinces sont incapables d’accueillir assez d’immigrants francophones pour maintenir le poids démographique de la population de langue française. La cible est de 4,4%, mais elle n’est pas atteinte, comme le confirmait encore la semaine dernière Statistique Canada. Sur papier, les défis de la communauté francophone semblent complètement ignorés dans le nouveau plan triennal. Il n’en est rien, réplique Ahmed Hussen.

« Les plus hauts niveaux d’immigration, que nous annonçons aujourd’hui, nous donneront plus de flexibilité. Nous souhaitons atteindre nos cibles, en fait, nous souhaitons dépasser les cibles », a-t-il répliqué, au sujet de l’immigration francophone.

Il a balayé du revers de la main toutes les critiques concernant le manque de leadership du gouvernement Trudeau concernant ce dossier.

« L’immigration francophone est une grande priorité pour notre gouvernement. Et ce n’est pas seulement une ligne de communication. Nous avons le programme Mobilité francophone, nous donnons plus de points à ceux qui ont un bon niveau de français… », a-t-il notamment souligné.

Il a affirmé que les stratégies du Canada à l’étranger frappent d’ailleurs en plein dans le mille. « J’ai rencontré des étudiants du Sénégal et je leur ai demandé : pourquoi avez-vous choisi le Canada et pas la France? Ils m’ont dit, d’abord parce qu’ils peuvent aller au Québec et avoir des services en français. Ensuite, ils peuvent aussi apprendre l’anglais et se sentent mieux accueillis chez-nous », a-t-il dit en exemple.

Un plan de trois ans

Le gouvernement compte également augmenter le nombre de réfugiés reçus et personnes protégées. Il devrait en recevoir 43 000 en 2018, 45 650 en 2019 et 48 700 en 2020. Il reste que 60% des nouveaux immigrants seront issus de la catégorie des immigrants économiques.

Le ministre Hussen affirme que l’augmentation du nombre d’immigrants fait suite aux demandes des entreprises canadiennes et aux besoins de main-d’œuvre. Il est aussi une réponse au vieillissement de la population.


« Ce plan pluriannuel des niveaux d’immigration historique profitera à tous les Canadiens, car les immigrants contribuent par leur talent à notre croissance économique et à l’innovation, et maintiennent le Canada à l’avant-garde de l’économie mondiale » – Ahmed Hussen, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté


Il souligne qu’un plan de trois ans permettra aux organismes d’avoir une stratégie à plus long terme qu’auparavant. Il affirme que le gouvernement s’assurera de participer activement à l’intégration réussie de ces nouveaux Canadiens.

Malgré ces augmentations du nombre d’immigrants, aucun record ne sera battu avec les nouvelles cibles. En effet, en 2013, le pays avait accueilli un peu plus de 400 000 nouveaux citoyens.

« Pas de politique solide », disent les conservateurs

Michelle Rempel, critique conservatrice responsable de l’immigration, a réagi vivement au rapport sur les niveaux d’immigration.

« Une chose qui est de plus en plus claire est que le gouvernement Trudeau fait trop de promesses et obtient peu de résultats en matière d’immigration », a-t-elle indiqué dans une déclaration. « Alors que le gouvernement libéral affirme qu’il va se concentrer sur l’immigration économique en 2018, il reste à voir comment il va y arriver alors que jusqu’à présent, il n’a toujours pas élaboré de stratégie solide pour assurer que les immigrants aident à combler les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs et les régions éloignées et moins populeuses du pays », a-t-elle ajouté.