Impératif français dénonce l’inaction du Commissariat aux langues officielles
OTTAWA – L’organisme de promotion de la langue française, Impératif français, dénonce le manque d’action du Commissariat aux langues officielles (CLO) à la suite de plaintes déposées contre l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) à l’aéroport d’Ottawa.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Dans son rapport final d’enquête, le commissariat juge que, bien que les plaintes soient fondées, elles ne feront l’objet d’aucune recommandation.
« En raison du nombre de plaintes déposées contre l’ASFC et de la nature répétitive des incidents soulevés dans ce rapport, il a été déterminé que le suivi actuel de la vérification menée auprès de l’institution fédérale en 2015 serait la façon la plus efficace de voir comment l’institution a cherché à remédier à ces problèmes persistants. (…) Par conséquent, aucune recommandation ne sera formulée dans ce rapport d’enquête », écrit le CLO.
Une conclusion qui fait bondir le président de l’organisme Impératif français, Jean-Paul Perreault.
« Le commissariat se rend complice de ce genre de situation. Il devrait hausser le ton, faire preuve de leadership, mais au lieu de ça, il banalise les agressions linguistiques! Les plaintes s’accumulent année après année, l’ASFC est un champion en la matière et le commissariat se contente de s’en remettre à sa bonne volonté pour que la situation s’arrange! »
Situation humiliante
Les faits reprochés à l’ASFC se sont déroulés à l’aéroport international Macdonald Cartier d’Ottawa. Les plaignants indiquent ne pas avoir reçu d’offre active ni de service en français, malgré leur demande.
« J’ai demandé mon service en français et l’agent en fonction a été incapable de me le fournir, en plus de me ridiculiser », raconte M. Perreault, qui fait partie des plaignants.
Une situation qui démontre un problème plus large au Canada, selon le président d’Impératif français.
« Si nous sommes vraiment un pays francophone, comme on le vend à l’international, notamment auprès de l’Organisation internationale de la francophonie, on doit s’assurer que les services internationaux, dans les aéroports, aux frontières, aux douanes, dans les ambassades, sont disponibles en français. Tous les agents devraient être bilingues! Actuellement, les anglophones sont assurés d’avoir le service dans leur langue dans tout le Canada, mais pour les francophones, il faut demander s’il est disponible, à condition d’oser… On doit assurer une égalité réelle! »
Suivi en cours
Joint par #ONfr, le commissariat rappelle que huit recommandations avaient été faites en 2015, lors d’une vérification de l’ASFC. L’agence fédérale avait pris plusieurs engagements pour corriger la situation.
« Les rapports d’enquête sont un outil du commissariat, mais ce n’est pas le seul. La vérification est un autre outil et nous avions jugé qu’elle permettrait d’aller plus au cœur des enjeux systémiques à l’ASFC », explique une porte-parole du commissaire. « Nous menons actuellement un suivi de la vérification faite en 2015 pour voir si les recommandations ont été mises en œuvre et pour voir les progrès réalisés. »
Le rapport devrait être publié dès le suivi terminé, mais pour l’heure, aucune échéance n’a été fixée.
« Nous sommes en 2018! », s’insurge M. Perreault. « Il faut dénoncer cette situation! »
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