Infrastructures scolaires : le combat des francophones de Kingston

Kingston
Le découpage territorial de la circonscription de Kingston et les îles. Crédit image: Élections Ontario

KINGSTON – La colère monte un peu plus du côté des parents d’élèves francophones à Kingston. Les appels au ministère de l’Éducation de l’Ontario pour de meilleures infrastructures scolaires restent toujours sans réponse.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

« On a essayé de faire des pieds et des mains pour leur expliquer mais sans résultats », déplore Cynthia Surette, représentante des parents d’élèves dans le dossier. « Ça a pas été vu que nous sommes dans une situation de crise. Maintenant, on essaye de faire voir nos sentiments. »

Ce mois-ci, une nouvelle pétition réunissant quelque 200 signatures a été envoyée au bureau de la ministre Mitzie Hunter. Toujours pas de réponse. « Elle ne semble pas comprendre que c’est urgent! » Une vidéo tourne également sur les médias sociaux pour sensibiliser le public à leur combat.

Au cœur de la discorde : les écoles publiques francophones Madeleine-de-Roybon (élémentaire) et Mille-Îles (secondaire) qui partagent la même infrastructure, n’arrivent plus aujourd’hui à faire face à la croissance des élèves francophones.

Conséquences : l’installation prochaine d’une septième et huitième portative au milieu de la cour de récréation. Sauf que dans le même temps, le manque d’une cafétéria ou d’un gymnase pour ces écoles reste un frein pour les élèves. Certains choisissent de partir vers le système catholique, d’autres tout simplement vers le système anglophone.

« À Madeleine-de-Roybon, et Mille-Îles, la croissance est passée de 290 à 425 élèves en cinq ans. Or, il y a cinq ans, c’était juste la bonne taille pour accueillir les élèves », regrette Éric Galarneau, un autre parent d’élève. « Pour la première fois, on a vu cette année que les inscriptions stagnent. »

Pour les parents d’élèves, la solution envisagée reste toujours la construction d’un carrefour francophone. Un espace capable en somme de réunir les écoles francophones publiques, celles du  Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) ainsi que le Centre culturel Frontenac (CCF).

Pour le moment, l’unique établissement secondaire catholique francophone de la ville, l’école Marie-Rivier, partage ses locaux avec le CCF et des organismes communautaires.

C’est justement l’annonce du ministère de l’Éducation le 6 mai 2016 d’une enveloppe de 90 millions de dollars pour « l’utilisation des écoles comme carrefours communautaires » qui avait donné des motifs d’espoir aux parents d’élèves. Une enveloppe dont ceux-ci ne voient toujours pas la couleur.

Sur le terrain, la solution d’un carrefour est toujours vue d’un bon œil par le Conseil des écoles publiques de l’Est  de l’Ontario (CEPEO). « Ça ne débloque pas aussi vite que l’on voudrait que ça débloque », explique à #ONfr sa vice-présidente, Lucille Collard. « Du moment où l’on fait une demande au ministère (de l’Éducation), c’est le ministère qui décide où il va placer ses propres priorités. Avec Kingston, ça n’a pas encore débloqué. »

Collaboration

Pour Mme Hunter, il est clair que les deux conseils scolaires doivent collaborer pour arriver à une solution. « Je suis en faveur d’un usage commun des espaces scolaires. Nous avons vu que c’est une formule qui fonctionne », précise-t-elle.

La ministre de l’Éducation rappelle les 25 millions de dollars alloués à la construction d’une nouvelle école secondaire à Hamilton. Le nouvel édifice, qui doit recevoir 800 élèves, a été possible grâce à une collaboration entre le Conseil scolaire Viamonde et le Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS).

« C’est le type de projet que nous allons regarder et j’espère que les conseils scolaires francophones de Kingston vont travailler pour arriver à une proposition conjointe », a-t-elle fait part, sans donner l’assurance de répondre favorablement à leur demande.

Toujours est-il que Mme Surette regrette un certain manque d’implication du CECCE à ses yeux dans le dossier. « On ne voit pas une envie de rapprochement. »

Une affirmation balayée d’un revers de bras par Réjean Stirois, directeur de l’éducation pour le conseil scolaire catholique, en entrevue pour #ONfr. « On a fait une demande pour un projet conjoint avec le CEPEO et le Centre Frontenac (…) Un carrefour francophone permettrait de créer un tissu économique. C’est un projet conjoint qui a beaucoup de potentiel. »

Des projets de collaborations confirmés par Mme Collard du CEPEO : « Concernant notre collaboration avec le CECCE, il y a des pourparlers qui sont présentement en marche et c’est sûr que c’est une solution que l’on explore de façon très positive. »

Reste que le temps file. Et que les parents d’élèves ont déjà un plan B en tête. « Nous étudions l’idée de faire venir un avocat ou de faire un plainte au commissaire aux services en français, François Boileau », prévient Mme Surette.

Kingston demeure l’une des rares villes de l’Ontario où le français ne subit pas un déclin progressif. Plus de 4 000 résidents possèdent le français comme langue maternelle d’après le recensement de 2011, l’équivalent de 3,6 % de la population.