Inondations : l’eau va encore monter dans l’Est ontarien
CLARENCE-ROCKLAND – Les précipitations prévues pour les prochaines heures couplées à un temps doux, qui continuera d’accélérer la fonte des neiges, vont provoquer une hausse du niveau des eaux dans plusieurs secteurs de l’Ontario. Dans l’Est ontarien, notamment à Clarence-Rockland et Alfred-Plantagenet, des niveaux record seront atteints.
« Ce qui nous inquiète, c’est la météo des prochaines heures », lance sans détour le maire de Clarence-Rockland, Guy Desjardins. « Jusqu’à maintenant près de 200 résidences sont affectées par la crue des eaux. Une poignée pourraient être des pertes totales, mais les autres sont souvent entourées d’eau et sérieusement menacées », affirme le maire. « Le travail acharné de leurs propriétaires a jusqu’à maintenant permis d’éviter des dommages irréparables. »
Mais l’eau continue de monter. « On y est. On est rendu au niveau de 2017. Le niveau a monté de 5 centimètres, lundi. Avec la neige, la pluie, il faudra voir le résultat. Si ça monte plus haut, il va y avoir plusieurs autres résidences menacées et endommagées », révèle M. Desjardins. « Si on a des vents et des vagues, ça va être très difficile. Ça pousse les murs de sacs de sable. Ça peut causer des gros problèmes », ajoute-t-il.
Plusieurs comparent la situation actuelle à celle de 2017, mais le maire est plus inquiet que par le passé. « En 2017, j’avais mis fin à l’état d’urgence après quelques jours. Là, on est loin de l’enlever. On entend que ça pourrait durer de deux à trois semaines, c’est pas la même chose », confie-t-il, exaspéré.
Contrairement au Québec, l’argent se fait attendre
Depuis le début de la crise des inondations, le gouvernement québécois de François Legault est sur toutes les tribunes. Il a annoncé de l’aide financière à être débloquée rapidement pour les sinistrés et annonce qu’un montant de 200 000 $ sera disponible pour ceux qui veulent quitter leur résidence en zone inondable.
Du côté ontarien, les mesures concrètes se font toujours attendre. En Ontario, les maires contactés par ONFR+ n’ont toujours aucune idée du plan du gouvernement Ford.
« On a des pourparlers avec les gouvernements, mais ce n’est pas clair. J’imagine que le gouvernement ontarien va envoyer du monde pour parler d’indemnisation. C’est moins clair qu’au Québec. Mais il faut dire qu’on est moins affecté en Ontario », affirme Stéphane Sarrazin, maire d’Alfred-Plantagenet.
Le député fédéral, Francis Drouin, a visité les sinistrés de sa communauté, mais aucun représentant provincial n’a fait de même, souligne le maire.
Alfred-Plantagenet, qui couvre aussi le territoire de Lefaivre, compte une trentaine de citoyens affectés par cette montée des eaux. Mais la quasi-totalité habite un même immeuble, situé à Lefaivre. Il reste que plusieurs autres citoyens sont en alerte et travaillent de manière acharnée pour défier les éléments. « Des zones inondables qui pouvaient être inondées une fois par 100 ans l’ont été deux fois en trois ans. C’est inquiétant », confie M. Sarrazin.
Le maire de Clarence-Rockland est aussi impatient de savoir comment la province va pouvoir aider sa municipalité. « Une municipalité de notre grosseur, nous n’avons pas les fonds qu’il faut. C’est à la province de prendre l’initiative », lâche Guy Desjardins. S’il ne veut pas critiquer la manière dont la crise est gérée par Doug Ford, comparativement à son voisin québécois, il révèle avoir reçu un appel du premier ministre ontarien. « Il m’a téléphoné personnellement et m’a dit de l’appeler si j’avais des problèmes. C’était rapide, mais il a fait envoyer des numéros d’urgence, aussi, par l’entremise d’un adjoint », affirme le maire.
Questionné par ONFR+, le gouvernement provincial évoque l’existence de deux programmes d’aide, l’un pour les citoyens (Aide aux sinistrés pour la reprise après une catastrophe), l’autre pour les municipalités.
« Ces programmes ne remplacent pas les assurances », insiste le gouvernement. « L’Ontario a un système strict en place pour limiter le développement en zone inondable », rajoute-t-on.
La province affirme que, dans certains cas, un citoyen pourrait faire une demande pour rebâtir ailleurs que là où sa maison se trouvait et obtenir 250 000 $ en dédommagement. Aucun détail n’a cependant été fourni sur les critères exigés pour obtenir ces fonds.
Stress et épuisement
D’ici jeudi, l’eau s’élèvera d’un minimum de 0,05 à 0,25 mètre, en plus de la quantité d’eau déjà présente, selon la Fondation de la conservation de la vallée Rideau. De 20 à 40 millimètres de pluie sont prévus mercredi, c’est sans compter des chutes additionnelles de précipitations vendredi.
Rina Mac, une résidente d’Alfred-Plantagenet, observe avec fatalisme l’évolution de la situation. « L’eau a monté un peu, mais c’est calme. En matinée, il n’y avait pas de vents. Mais nous regardons avec inquiétude les prévisions météorologiques et l’arrivée des vents. Nous avons 5 pompes en activité en continu, jour et nuit. Cela permet d’empêcher la montée de l’eau dans notre sous-sol », confie-t-elle.
« Nous sommes épuisés physiquement et mentalement. Vidés. Stressés », ajoute la citoyenne. « Pour la suite, c’est l’inconnu. Il faudra voir si nos sacs de sable tiennent. Si l’électricité est coupée, notre sous-sol pourrait se remplir rapidement », explique-t-elle.