« Je ne pense pas démissionner », dit Caroline Mulroney
TORONTO – Alors que plusieurs Franco-Ontariens et l’opposition libérale ont exigé la démission de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, elle n’entend pas quitter ses fonctions. Quant aux éventuels fonds fédéraux pour l’université franco-ontarienne, Mme Mulroney dit ne pas avoir eu d’offre officielle du fédéral.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« Je remercie Mme Des Rosiers pour ses pensées sur ce sujet. Je ne pense pas démissionner », a lancé, sans détour, Caroline Mulroney.
La veille, la députée libérale Nathalie Des Rosiers avait affirmé que la démission s’imposait dans le contexte actuel. « Si elle veut vraiment continuer d’avoir une carrière qui représente la francophonie et continuer d’être un porte-parole pour la francophonie au niveau provincial ou national, elle doit se tenir debout », avait-elle expliqué. Mme Des Rosiers avait déjà avait fait une telle demande lors du scandale entourant la clause dérogatoire, en septembre.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens ont fait des demandes similaires, particulièrement à la suite des manifestations franco-ontariennes de la fin de semaine, face au manque de réaction du gouvernement Ford après cette mobilisation.
Caroline Mulroney attend une offre du fédéral
Alors que l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) affirme que la sortie de crise passe par une aide fédérale, la ministre Mulroney dit ne pas avoir eu de discussions concrètes à ce sujet dans les derniers jours. En fait, elle attend l’appel du fédéral.
« Le fédéral n’a pas encore communiqué directement avec moi. J’ai entendu ça à la télévision. J’ai fait de la recherche pour savoir s’il y avait une entente avec le gouvernement précédent. À ce que je sache, il n’y en avait pas », a fait savoir la ministre des Affaires francophones. « C’est un grand montant d’argent et je suis prête à parler avec le fédéral. Mais l’offre n’a pas encore été faite », a-t-elle ajouté.
Caroline Mulroney a néanmoins soutenu que le problème du financement provincial demeurait. Une possible ouverture à l’idée selon laquelle le gouvernement fédéral pourrait financer les premières années de l’institution universitaire?
« Nous sommes prêts à parler au fédéral pour le financement. Le gouvernement fédéral sous-finance les francophones en Ontario, contrairement aux autres provinces. J’en ai déjà parlé à la ministre Joly [ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie]. Ils ont la chance de rétablir un déséquilibre », fait-elle savoir.
La responsabilité de Caroline Mulroney, selon Lalonde
La libérale Marie-France Lalonde, ancienne ministre des Affaires francophones, affirme que Caroline Mulroney ne comprend pas comment on obtient de l’argent du fédéral.
« Ce n’est pas la façon de procéder! », lance-t-elle. « C’est à la province, même au premier ministre de l’Ontario, de faire la demande à son homologue au ministère des Affaires intergouvernementales. Si Caroline Mulroney avait vraiment écouté, elle ferait l’appel à Mélanie Joly. Mme Joly a été très directe : si la province le demande, il peut y avoir un financement jusqu’à 50 % », ajoute Mme Lalonde.
« Le fédéral a ouvert la porte, c’est à la province de faire le suivi. C’est encore une fois un exemple de l’immaturité de ce gouvernement qui est en campagne électorale. Les Ontariens et les Franco-Ontariens payent le prix. Plutôt que de gouverner la province, le gouvernement Ford est en train de faire campagne électorale contre le gouvernement fédéral de Justin Trudeau! », dénonce la députée libérale, également critique pour son parti en matière d’Affaires francophones.