Joly relance Mulroney pour l’Université de l’Ontario français

La ministre du Développement économique et des Langues officielles Mélanie Joly (à gauche) et la ministre des Affaires francophones de l'Ontario, Caroline Mulroney. Montage #ONFR+

OTTAWA – Alors que les discussions entre la province et le gouvernement fédéral concernant le projet d’Université de l’Ontario français (UOF) sont toujours au point mort, la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly relance son homologue Caroline Mulroney, dans une lettre, ce vendredi.

Dans un courrier daté du 7 juin, et dont ONFR+ a obtenu copie, la ministre Joly réitère sa volonté de rencontrer la ministre des Affaires francophones de l’Ontario « pour travailler à la réalisation de ce projet tant attendu par la communauté franco-ontarienne ».

« Je vous rappelle que le gouvernement fédéral a déjà, dans le passé, fourni un appui financier pour la mise sur pied d’institutions postsecondaires pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire et nous sommes prêts à le faire encore une fois pour cette nouvelle institution », écrit Mme Joly.

Elle précise toutefois qu’une contribution du gouvernement fédéral au projet de l’Université reste conditionnelle à ce que la province présente une demande de financement et s’engage à assumer au moins 50 % des coûts totaux.

Rappelant ses correspondances restées sans réponse du 18 novembre 2018 et du 13 janvier 2019 en lien avec le dossier de l’Université de l’Ontario français, elle rappelle également que « si une telle entente est conclue, les programmes fédéraux ont la flexibilité nécessaire pour couvrir les coûts de démarrage de l’Université de l’Ontario français au cours des premières années du projet, dans la mesure où la contribution provinciale sera versée au cours des années suivantes ».

Entente flexible

Cette proposition rejoint la solution trouvée par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Afin de laisser le temps au gouvernement Ford d’assainir les finances de la province comme il s’y est engagé, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens suggère que le gouvernement fédéral finance les quatre premières années du démarrage de l’UOF, puis que la province prenne le relais. Le coût de démarrage de l’UOF est évalué à 84 millions $ sur huit ans.

Le fédéral a déjà mis la main à la poche, en janvier dernier, en octroyant 1,9 million de dollars pour prolonger le mandat de l’équipe actuelle et lui permettre de travailler sur la mise en place d’un Carrefour francophone.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin. Archives ONFR+

« Je l’ai dit à plusieurs reprises, nous pensons que c’est une solution gagnant-gagnant », commente le président de l’AFO, Carol Jolin à ONFR+. « On sait que les deux ministres ont la volonté de faire avancer la francophonie, c’est le temps de le faire en mettant de côté la partisanerie pour trouver des solutions afin de permettre une ouverture au plus vite. Plus on attend, plus on cause des torts irréparables à nos jeunes qu’on perd dans le système anglophone. C’est autant de main d’œuvre bilingue en moins pour l’Ontario et tout le Canada. »

L’Ontario maintient sa position

Le porte-parole de la ministre Mulroney, Jesse Robichaud, assure que les intentions du gouvernement d’aller de l’avant avec l’UOF demeurent, une fois le déficit résorbé. Il souligne que le précédent gouvernement libéral ontarien a attendu ces derniers jours au pouvoir pour réellement s’engager dans ce dossier.

« La Loi de 2017 sur l’Université de l’Ontario français demeure intacte et notre gouvernement demeure engagé à procéder à l’établissement d’une université, par et pour les francophones, lorsque l’Ontario sera dans une position lui permettant de le faire avec le financement viable nécessaire. Entre-temps, le gouvernement appuie un réseau d’éducation qui profitera à toutes les Ontariennes et tous les Ontariens, y compris aux étudiantes et étudiants francophones, et notre gouvernement reste déterminé à soutenir et à améliorer les programmes d’enseignement postsecondaire en français existants afin de répondre aux besoins des francophones et du milieu des affaires de l’Ontario. »

Première rencontre au Nunavut

Le président de l’AFO espère que le dossier se réglera avant les prochaines élections fédérales, du 21 octobre prochain.

Les discussions au point mort entre la province et le gouvernement fédéral pourraient reprendre à la fin du mois où se tiendra, à Iqaluit, la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne. L’occasion peut-être pour les deux ministres de se rencontrer pour la première fois depuis la victoire des progressistes-conservateurs il y a un an.

Depuis le début de la crise entourant le report du projet d’Université de l’Ontario français, l’opposition conservatrice et néo-démocrate a souvent reproché le manque de leadership de la ministre Joly dans le dossier.

Mais du côté du bureau de la ministre Mulroney, on annonce déjà la couleur.

« Lors de la prochaine rencontre des ministres au Nunavut, nous allons continuer de mettre le gouvernement Trudeau au défi de combler l’écart important entre le financement que l’Ontario reçoit pour les services en français et celui accordé aux autres provinces. C’est une demande que la ministre Mulroney tentera d’aborder avec la ministre Joly encore une fois cet été », glisse M. Robichaud.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le vendredi 7 juin 2019, à 18h39.