Les Rats d'Swompe, avec leur trad-rock franco-ontarien, étaient la tête d'affiche de la journée du dimanche lors de l'édition 2024 de la Franco-Fête de Toronto. Photo: Mickael Laviolle/ONFR

TORONTO – Malgré les difficultés financières auxquelles elle a dû faire face, l’organisation de la Franco-Fête a été en mesure d’offrir une édition 2024 au public torontois et promet de tout mettre en œuvre pour revenir plus fort l’année prochaine. 

Cette année, c’est au Stackt Market de Toronto, au sein de l’établissement Blue Moon Brewery, que les artistes de la francophonie ontarienne et canadienne se sont retrouvés pour offrir deux jours de spectacles incarnant la diversité musicale francophone. 

Un spectacle éclectique 

Samedi soir, c’était ambiance afro-caribéenne avec la présence du collectif Moonshine et de ses deux têtes d’affiche, Paul Beaubrun et Pierre Kwenders. Le premier a fait vibrer le public à travers ses chansons dans un style qu’il décrit comme roots/blues, ancré dans ses origines haïtiennes. Le second a d’abord pris les platines accompagné de deux danseurs avant de prendre lui-même le micro pour mettre le feu à la Blue Moon Brewery. 

Paul Beaubrun a notamment offert sa reprise personnelle de No Woman No Cry de Bob Marley, version haïtienne. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Le lendemain, dans un style différent mais avec autant d’émotions et d’énergie, ce sont le trio composé de Céleste Lévis, Véronique Bilodeau et Émilie Landry, puis les incontournables Rats d’Swompe qui ont captivé l’auditoire. 

Le soutien des artistes 

Conscients des difficultés financières que connaît le festival, avec une baisse de 73 % des appuis financiers depuis la période de la COVID 19, les artistes n’ont pas hésité à répondre présents pour soutenir cet événement qui fait partie des incontournables de la communauté francophone de Toronto.

« Pour nous, dans la francophonie, peu importe l’ampleur du festival, c’est important de le soutenir parce que cela permet à des groupes, à des artistes, comme nous par le passé, de jouer la musique, de partager nos chansons, a confié Martin Rocheleau, le bassiste des Rats D’Swompe. Nous avions déjà eu la chance de participer à la Franco-Fête en 2018,  en première partie des Colocs. C’est un festival que nous aimons beaucoup. Ce serait vraiment triste de perdre ce festival-là, déjà qu’on n’en a pas beaucoup. Il faut encore plus sortir et aller encourager cette équipe formidable qui est derrière ce festival. »

Pierre Kwenders a démontré toute sa polyvalence artistique aux platines, puis au micro, pour « enjailler » le public. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Même son de cloche la veille avec Pierre Kwenders, qui est heureux de soutenir le festival qui lui permet d’atteindre le public torontois et des environs. 

« C’était vraiment un honneur d’être ici avec Moonshine pour représenter la francophonie, Montréal et, pour ma part, le Congo et Kinshasa. Chaque fois que j’ai performé à Toronto, j’ai toujours pu voir qu’il y avait des francophones des environs qui répondaient présent. C’était définitivement important pour moi d’apporter mon soutien au festival. L’année 2024 n’a pas été facile pour tout le monde. En tant qu’artiste, c’est important de soutenir des plateformes comme celle-ci, qui nous permettent de faire vivre notre musique et de partager notre message avec le reste du monde. » 

Rester positifs pour l’avenir 

Nouveau président du conseil d’administration du festival depuis juin dernier, le chanteur vedette franco-ontarien Abel Maxwell a tiré un bilan positif de cette édition 2024, la voyant comme un tremplin pour que la Franco-Fête se relance dans les années à venir. 

« Le bilan à chaud est positif. Je suis quelqu’un qui a la foi, qui croit, qui est positif et optimiste. C’est comme ça que j’ai pu avoir des résultats jusqu’à présent. Je crois que la Franco-Fête est en train de renaître. On s’est battu de toutes nos forces pour que ce festival ait lieu au Stakt Market et les francophones ont répondu. Nous sommes très contents des gens qui sont venus et de l’enthousiasme qui était là. Je le dis encore, l’année prochaine, on le fera dehors juste en face pour attirer encore plus de monde et même des anglophones qui pourraient être curieux de découvrir la culture francophone. » 

De gauche à droite : Véronique Bilodeau, Céleste Lévis et Émilie Landry pendant Des lacs à l’océan, un spectacle célébrant la chanson francophone. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Si quelques dizaines de spectateurs à la fois s’attardaient devant la scène dimanche, le président estime qu’environ 300 personnes ont participé à un moment ou à un autre à la journée du samedi. « On vise toujours un chiffre plus gros. Il faut viser la lune pour au moins toucher les étoiles, exprime Abel Maxwell. Ce qu’on voulait, c’était de ne pas disparaître. »

L’objectif pour cette édition « de relance » était d’attirer 500 personnes par jour. Même si le nombre n’a pas été atteint, l’artiste torontois juge la participation satisfaisante. « Je pense que l’année prochaine, notre objectif avec le conseil sera de viser 1000 personnes. L’édition de cette année était comme un tremplin. Parfois, il vaut mieux reculer pour mieux sauter. »

Pour Abel Maxwell, maintenir la Franco-Fête est une priorité afin de continuer de faire vivre la culture francophone dans la ville reine. Le président rêve que l’événement gratuit devienne à l’avenir « le plus gros festival francophone à Toronto, en Ontario et, pourquoi pas, même au Canada ».