La francophonie mise en avant par Patrick Brown
TORONTO – Le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario aura pour la première fois un chef capable de bien s’exprimer en français. À peine élu, Patrick Brown a parlé exactement une minute en français dans son discours.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz
« Il y a une raison pourquoi j’ai visité toutes les communautés francophones de l’Ontario. La raison est qu’il y a des voix conservatrices dans ces communautés. Nous devons nous concentrer sur les enjeux importants de la francophonie en Ontario. Je sais que l’éducation en français et les services de santé comme l’Hôpital Montfort sont importants pour vous. Soyez certains que nous allons construire un meilleur environnement. »
L’élu fédéral de Barrie fait dès lors mieux que la critique en matière d’Affaires francophones du Parti PC, Gila Martow, qui prétendait ignorer l’existence même de l’Hôpital Montfort, dans une entrevue à #ONfr, le 9 février.
Ce n’est pas un euphémisme d’affirmer que les relations entre les progressistes-conservateurs et les francophones ne sont pas au beau fixe après la tentative du premier ministre Mike Harris de fermer l’établissement de santé d’Ottawa en 1997.
Depuis, les différents leaders de l’ex-Big Blue Machine se sont bien montrés difficilement capables de séduire les plus de 611000 Franco-Ontariens. Dernier exemple en date : le chef Tim Hudak, unilingue anglophone et peu au fait des dossiers.
Reste que le nouveau leader du Parti PC a montré quelques signes d’ouverture à la communauté francophone au cours de la campagne. Dans une série de réponses données par écrit à un questionnaire de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), il s’était prononcé pour la création d’une université franco-ontarienne. « Je crois qu’il est temps que le gouvernement de l’Ontario et le ministère de la Formation et des Collèges et Universités prennent des mesures pour établir une université de langue française dans la région du Grand Toronto », a-t-il signalé.
Une avancée que refuse toujours le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, privilégiant pour le moment la création de programmes francophones dans le centre et le sud-ouest de la province.
Autre avance nette de M. Brown sur rivaux : son bon niveau de français, là où justement la première ministre Wynne peine à tenir une conversation malgré ses efforts, et où la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Andrea Horwath, ne parvient pas à aligner distinctement deux phrases sans ses notes.
Manque de certitudes
Assez pour faire de lui un vrai francophile? Force est de constater que M. Brown n’a pas encore donné toutes les certitudes à ce sujet.
Lors du point de presse consécutif à sa victoire, le nouvel homme fort du Parti PC a répondu à deux réponses données en français, avant de finir les mêmes questions… en anglais.
Un détail certes, mais le site de campagne de M. Brown est resté unilingue anglophone, à l’image d’ailleurs des communications de son parti sur Internet. La traduction partielle du site en juin 2014 lors des élections générales avait été de courte durée.
Si le nouveau leader a bel et bien parlé en français durant son discours, difficile pourtant de parler d’un privilège donné aux francophones. M. Brown a ainsi choisi au même moment des mots très conciliants vis-à-vis des communautés chinoises et indiennes de l’Ontario, n’hésitant pas à prononcer aussi quelques formules dans ces langues.