Mobilisation franco-ontarienne : toujours plus de signatures pour les pétitions
Deux pétitions continuent de recueillir des signatures afin d’appuyer le mouvement de résistance des Franco-Ontariens contre les décisions du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« C’est l’indignation qui m’a fait agir! », lance Clayre Bertrand à #ONfr. La Franco-Ontarienne originaire d’Hawkesbury a beau vivre aujourd’hui à Montréal, elle a suivi de près les événements du 15 novembre dernier. Et sans attendre, elle s’est lancée sur les médias sociaux.
« Je n’avais jamais eu de page Facebook! J’en ai ouvert une à mon nom, sur laquelle je mets toute l’information que je trouve sur le mouvement de résistance franco-ontarienne. Je veux faire connaître la situation et sensibiliser les gens. »
L’enseignante à la retraite a également lancé une pétition pour demander de maintenir le projet d’Université de l’Ontario français.
« Étant issue du milieu de l’éducation, ça me touche particulièrement. Je me souviens avoir dû suivre mes cours en anglais, au secondaire, à Hawkesbury, qui est pourtant très majoritairement francophone. Pour moi, l’Université de l’Ontario français, c’est la prochaine étape naturelle après avoir obtenu la gestion de nos conseils scolaires », explique-t-elle.
Elle ajoute s’être inquiétée lorsque le nouveau gouvernement ontarien avait décidé d’abolir le ministère des Affaires francophones pour en refaire un Office des Affaires francophones. Si le gouvernement a finalement décidé de faire marche arrière dans ce dossier, il n’a pas reculé sur la suspension du projet d’université franco-ontarienne.
« M. Ford s’était engagé avant, pendant et même après les élections. Il n’a pas respecté sa promesse! », s’indigne-t-elle.
Des signatures à travers le monde
Sa pétition, dans laquelle elle explique que « l’UOF a été conçue pour répondre aux aspirations des futures générations d’étudiantes et étudiants désireux d’obtenir une formation universitaire de la plus haute qualité, leur permettant de prendre leur place dans la société et sur le marché du travail de demain » avait recueilli 12 100 signatures, au 13 janvier.
« Il y a beaucoup de Québécois qui l’ont signée », se réjouit Mme Bertrand. « Ils sentent que c’est toute la francophonie canadienne qui est concernée. Il y a aussi des gens à travers le monde qui l’ont signée, en France, en Suisse, en Belgique, dans plusieurs pays d’Afrique… »
En décembre, la présidente du conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français, Dyane Adam, en avait déposé une copie au comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, à Ottawa. Mme Bertrand en a aussi informé la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et la ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton.
La pétition restera active jusqu’à ce que le gouvernement ontarien inverse sa décision, prévient son auteure qui souhaite également la déposer à Queen’s Park.
« Je ne peux pas m’imaginer qu’il est impossible de trouver une solution dans ce dossier. »
Signatures et dons pour l’AFO
Si la pétition de Mme Bertrand se concentre particulièrement sur l’enjeu de l’université, celle diffusée par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et créée par les militants franco-ontariens Diego Elizondo, Claire Dutrisac et Éric Desrochers, demande plus globalement le rétablissement de tous les acquis franco-ontariens touchés par les décisions de la mi-novembre, à savoir le projet de l’UOF donc, mais aussi le retour de l’indépendance du Commissariat aux services en français.
Ils étaient 26 529 à l’avoir signée, le 13 janvier, sans compter celles et ceux qui y ont apposé leur signature pendant les manifestations du 1er décembre. Si les pétitions électroniques ne sont, jusqu’ici, pas reconnues à Queen’s Park, l’AFO pourrait la présenter comme une liste d’appuis à ses demandes.
L’organisme continue pour l’heure de la faire signer et maintient également son appel aux dons. En date du 11 janvier, l’AFO avait recueilli 68 000 dollars pour l’aider à financer sa campagne de résistance.