La première année encourageante du Parti vert à Queen’s Park
[ANALYSE]
TORONTO – Dans l’ombre de Doug Ford et des deux autres partis d’opposition, on l’oublie bien souvent. Mike Schreiner est pourtant plus qu’un simple député à l’Assemblée législative de l’Ontario. Depuis un an, c’est lui le seul et unique député du Parti vert à Queen’s Park.
Chef de la formation politique depuis dix ans, Mike Schreiner avait enfin décroché le Graal lors des dernières élections provinciales, en remportant la circonscription de Guelph. Une première pour le Parti vert dans l’histoire de l’Ontario.
Un peu plus d’un an après cette élection, le bilan est pourtant positif tant M. Schreiner est parvenu à tirer son épingle du jeu dans un contexte difficile. Les obstacles? Un temps de parole considérablement réduit du fait que son parti ne possède pas de statut officiel. Par ailleurs, la mainmise des progressistes-conservateurs sur Queen’s Park a attisé le climat délétère entre le gouvernement et les autres partis.
Qu’à cela ne tienne, le chef du Parti vert a quand même réussi à attirer l’attention. On se souvient, par exemple, de l’autocollant diffusé en avril mettant en garde les automobilistes contre les dangers des changements climatiques. Une reproduction ironique des autocollants du gouvernement dénonçant la taxe sur le carbone du fédéral.
Les observateurs décrivent M. Schreiner comme un homme courtois, accessible, qui n’a jamais cédé aux colères lors de ses interventions en chambre.
D’ailleurs, cet entrepreneur originaire du Kansas, mais installé à Toronto depuis 25 ans, a cultivé sur les bancs de Queen’s Park une certaine indépendance dans ses choix. Opposé mordicus à l’abolition du salaire minimum à 15 $ de l’heure, Mike Schreiner a par moment prêté main forte aux progressistes-conservateurs. En témoigne son vote en faveur de la vente de cannabis à des fins récréatives.
L’importance du député
Plus que jamais, la politique provinciale a besoin de Mike Schreiner. D’une, car le député de Guelph contribue à une diversité des partis. Par ailleurs, car la première année de M. Ford n’a pas été favorable à l’environnement.
Retrait de la province du marché du carbone, suppression du commissaire à l’environnent, fin des subventions pour les voitures électriques, amputation de 36 % du montant consacré au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, la liste est longue…
Peut-on parler aujourd’hui d’un effet Mike Schreiner? Durant les deux dernières années, les inscriptions au Parti vert de l’Ontario ont en tout cas connu un bond de 130 %, pour s’établir à quasiment 5 000 adhérents.
Engouement des verts à l’échelle canadienne
Mais l’engouement pour les idées écologistes est un phénomène global au Canada depuis quelque temps. La dernière année est à cet égard éloquente.
Avec huit députés sur 27, le Parti vert est devenu la première force d’opposition à l’Île-du-Prince-Édouard au terme des dernières élections provinciales. En septembre dernier, le parti remportait même trois sièges au Nouveau-Brunswick.
Le palier fédéral n’échappe pas à cette tendance. Le Parti vert a même doublé sa représentation à la Chambre des communes après le siège remporté par Paul Manly lors d’une élection partielle à Nanaimo-Ladysmith, en Colombie-Britannique, au mois de mai. De quoi donner des ailes à sa chef Elizabeth May en vue des élections de l’automne.
L’histoire dira maintenant quelle trace laissera le chef du Parti vert. Face à un gouvernement Ford plus business que branché écologie, la marge de manœuvre est infime. Aussi faible soit-elle, la voix de Mike Schreiner est nécessaire.
Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 22 juillet.