La valse-hésitation de Marie-France Lalonde
[ANALYSE]
TORONTO – Ira, ira pas? Depuis plusieurs jours, les paris sont lancés sur l’avenir de Marie-France Lalonde. La députée d’Ottawa-Orléans a secoué quelque peu Queen’s Park, la semaine dernière, en dévoilant ses intentions de faire le saut au fédéral.
Explications : Marie-France Lalonde songe à briguer l’investiture libérale dans Orléans pour les élections fédérales, l’automne prochain. Le siège sera en effet laissé vacant. Son actuel occupant, Andrew Leslie, élu en 2015, ne sera pas candidat pour un nouveau mandat.
Le tapis rouge semblait déjà déroulé pour l’ancienne ministre des Affaires francophones. Mais Mme Lalonde a nuancé le lendemain, affirmant qu’elle pourrait rester à l’Assemblée législative… pour se lancer dans la course à la chefferie du Parti libéral de l’Ontario.
Comment comprendre ces hésitations? Le nœud du problème est sans doute la faiblesse de ce parti. Depuis les dernières élections, la formation politique n’est plus qu’une peau de chagrin, privée de son statut de parti officiel. Réduits à sept députés incluant donc Mme Lalonde, les libéraux connaissent leur plus basse représentation depuis les années 50.
Derrière les jolies formules « aider à garder le comté fédéral rouge », il y a bien sûr l’intérêt stratégique. Marie-France Lalonde sait qu’il sera difficile pour sa formation de remonter la pente à Queen’s Park. Le pouvoir ne se présentera probablement pas à eux lors des élections de 2022. En 2026 peut-être? C’est très loin.
Et puis, Marie-France Lalonde, 48 ans, reste une mère de famille. Pour les résidents de la région d’Ottawa, une carrière politique à la Chambre des communes demeure une meilleure conciliation vie familiale – vie professionnelle. Un argument d’autant plus pertinent dans cette période de traversée du désert pour sa formation politique.
Intérêt pour les libéraux fédéraux
Par ailleurs, on se doute que le Parti libéral du Canada a conscience du potentiel de Mme Lalonde. Orléans reste une circonscription tiraillée depuis des années entre les conservateurs et les libéraux, tant au provincial qu’au fédéral. Il faut donc une valeur sûre pour vaincre l’adversaire.
En cinq ans à titre de députée provinciale, Marie-France Lalonde a bien fait ses preuves. D’une part, par sa présence dans la communauté très appréciée par les résidents d’Orléans. De plus, ses nombreuses fonctions ministérielles dans le gouvernement de Kathleen Wynne sont des gages de crédibilité. Autant d’éléments qui lui avaient permis de conserver son poste en juin dernier, malgré la Bérézina des libéraux au provincial.
Course à la chefferie provinciale
Bien sûr, il y a cette autre hypothèse qui pourrait retenir l’élue d’Ottawa-Orléans à Queen’s Park. Celle de devenir la prochaine chef du Parti libéral. Un poste qui la propulserait à la tête du deuxième parti d’opposition, en attendant mieux dans les années venir…
Un bémol toutefois : il faudra attendre courant 2020 pour connaître le nom du prochain chef. Et les chances de victoire sont ici plus minces que celles de ravir Ottawa-Orléans au fédéral. Mme Lalonde a déjà au moins deux adversaires : le député Michael Coteau et l’ancien ministre Steven Del Luca qui ont déclaré leurs intentions.
Mais tout indique qu’un aspect plus humain guiderait le choix de Mme Lalonde. Celui de ne pas compromettre l’avenir de ses employés à Toronto en cas de départ vers Ottawa.
Les heures, voire les jours suivants, nous en diront plus sur le choix de Mme Lalonde. Une seule certitude : son destin restera à Orléans et en rouge.
Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 13 mai.