Politique

Le fait français, une solution pour se détacher économiquement des États-Unis?

Le président américain Donald Trump dans le bureau Ovale, à la Maison Blanche. Photo : pool via AP.
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L’actuelle campagne électorale et la crise économique qui frappe le Canada sont une opportunité pour recentrer un peu plus le viseur sur l’économie de la francophonie canadienne, croient les entreprises et francophones en milieu minoritaire.

À un jour, de l’imposition de tarifs par les Américains sur tous les pays dans le monde, comme l’a dit Donald Trump, le Canada, déjà touché par des droits de douane de 25 % sur l’automobile, se prépare au pire, en pleine campagne électorale fédérale.

« Ce qui ressort le plus c’est l’incertitude que ça crée (pour les entreprises), lance le président et directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), Yan Plante

« On dirait qu’en ce moment, la position change aux deux jours. Ce n’est pas un contexte dans lequel tu vas investir ton propre argent », renchérit le dirigeant de l’organisme qui se veut en quelque sorte le porte-voix économique des entreprises francophones en milieu minoritaire.

Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.
Yan Plante, président et directeur général du RDÉE Canada. Gracieuseté.

Cette élection est « super importante », probablement la plus importante depuis les années 1980 alors que le Canada avec Brian Mulroney à la tête des progressites-conservateurs avait fait campagne sur un pacte de libre-échange avec les États-Unis, avance M. Plante. Il mentionne certains secteurs clés attachés aux entreprises francophones qui pourraient être victimes des tarifs américains : le secteur laitier dans l’Est ontarien, celui minier au nord de l’Ontario ou encore de la pêche en Atlantique.

« Je pense que tout le monde en est conscient », dit-il.

Si la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA) admet qu’avec la conjoncture économique, ça pourrait être un risque qu’on parle moins de dossiers attachés aux langues officielles dans cette campagne électorale, mais il n’est pas pour autant synonyme d’ignorer les francophones du pays.

« La partie francophone du Canada est importante pour diversifier nos marchés et nous différencier des Américains, plaide Liane Roy. On a les deux langues officielles au Canada, ça nous ouvre des marchés sur les cinq continents, on est membre de l’OIF, on a des ouvertures sur d’autres pays, on a des ouvertures sur l’Europe et on a des gens qui parlent le français et l’anglais », suggère-t-elle comme pitch de vente.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

« Très franchement, si on ne saisit pas l’opportunité que présente cette crise-là par rapport au commerce intérieur et international, je ne sais pas comment on va le faire un jour », presse M. Plante, qui donne en exemple l’accroissement d’échanges commerciaux entre le Québec et les francophones des autres provinces.

« Je suis convaincu qu’il y a plusieurs entreprises au Québec qui ignorent complètement que 70 000 entreprises francophones et bilingues avec qui il pourrait faire affaire désormais », souligne-t-il.

Depuis plusieurs semaines, les menaces d’annexion de Donald Trump ramènent sur une lancée le patriotisme canadien au pays, et le bilinguisme officiel se retrouve au cœur des discours des politiciens de gauche à droite, mais il faut que ça l’ait un peu plus loin, pousse Mme Roy.

« Il faut que les bottines suivent les babines. Si on parle de francophonie qui nous différencie, mais il faut continuer à développer ce filon-là et en parler beaucoup plus… Une francophonie forte, c’est un pays et un Canada fort. La francophonie fait partie de notre identité et ce qui nous différencie comme pays », soutient la présidente de la FCFA.

L’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire plonge d’ailleurs sur plusieurs initiatives durant cette campagne, rencontre avec des candidats en plus de demander aux partis de s’engager sur certaines de leurs demandes comme sur l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre francophone.