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Les Ontariens sont moins en accord avec la moyenne canadienne sur l’importance du bilinguisme au Canada et jugent que le français et l’anglais sont sur le même pied d’égalité en termes de précarité. Toutefois, les habitants de la plus grosse province au pays sont légèrement plus en faveur des deux langues officielles que le Canada lorsqu’on enlève le Québec de l’équation.

C’est ce que révèlent des données d’un sondage effectué par la firme Léger qui a été effectué auprès de 1 536 Canadiens, dont 605 Ontariens. On y apprend qu’un Ontarien sur deux considère important que le Canada reste bilingue alors que 43 % estiment que ce ne l’est pas. Par contre, l’Ontario a un plus grand appui pour le bilinguisme officiel que l’ensemble des provinces hors du Québec alors que 51 % ne trouvent pas ça important contre 43 % qui disent le contraire.

53 % des Ontariens se disent d’ailleurs en désaccord avec l’idée que leur province devienne officiellement bilingue. De plus, davantage d’Ontariens sont d’accord avec l’énoncé que le bilinguisme officiel « existe uniquement pour satisfaire une minorité » (46 %) qu’il « est au cœur de l’identité canadienne » (37%).

« La véritable surprise est le faible appui envers le bilinguisme et la faible proportion d’individus qui trouvent que c’est important dans l’identité canadienne », note le doctorant en sociologie à l’Université de Waterloo Jacob Legault-Leclair, qui étudie la question de la francophonie en contexte canadien et québécois.

Pour ce dernier, ces chiffres démontrent une certaine méconnaissance du bilinguisme et une indifférence vis-à-vis de la francophonie, pointant vers le fait que seuls 32 % des personnes vivant à l’extérieur du Québec croient que le nombre de francophones a baissé comparativement à 50 ans passés.

« Alors que les figures sont hyper claires. Au Canada, de 1971 à 2021, la proportion de francophones est passée de 27,5 % à 22 %. Hors du Québec, ça l’a diminué de presque moitié, de 6,1 % à 3,5 % », présente-le chercheur.

« Mais les gens, eux, les (chiffres) sous-estiment et ça, c’est une méconnaissance du phénomène démographique francophone au Canada. Cette méconnaissance peut influencer sur les opinions relatives au bilinguisme. Si on ne sait pas ce qu’il se passe avec le fait français chez soi, on peut s’attendre à ce que l’on ait une certaine méconnaissance des opinions sur le bilinguisme », observe-t-il.

Concernant la précarité du français au Canada, 21 % des répondants de l’Ontario considèrent que la langue de Molière est en danger alors qu’un nombre identique estime que l’anglais est menacé. À l’échelle canadienne, 31 % jugent le français en danger, mais ce nombre monte à 82 % lorsque l’on prend juste en compte les réponses des francophones. Plus d’anglophones considèrent que l’anglais (23 %) est plus en danger que le français (18 %) au Canada.

« Il y a un décalage entre les perceptions des individus sur les enjeux de langue et le réel. Il y a vraiment un gouffre », note le chercheur Jacob-Legault Leclair.

Avec l’arrivée nombreuse d’immigrants qui ne parlent ni le français ni l’anglais, Léger a demandé s’il était toujours pertinent d’avoir deux langues officielles. 44 % des Ontariens affirment que oui (contre 49 % des Canadiens) tandis que 37 % estiment que non.

Le sondage a été réalisé entre le 14 et le 17 juin en ligne. La marge d’erreur est d’au plus ±2.50%, (19 fois sur 20) pour l’échantillon canadien.