Le gouvernement met fin à la grève dans les collèges

Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – Après un week-end de débat, la loi qui met fin au conflit entre les dirigeants des collèges de l’Ontario et ses enseignants a été adoptée par les parlementaires de Queen’s Park. Grâce à cela, les cours reprendront dès mardi prochain dans les 24 établissements de la province.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Vendredi, le gouvernement ontarien a tenté de déposer son projet de loi, mais le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario s’est opposé à une motion pour une adoption rapide de la législature, forçant les parlementaires à débattre tout le week-end.

Avant la troisième lecture du projet de loi, le dimanche 19 novembre, la chef du NPD de l’Ontario, Andrea Horwath a réitéré qu’elle était contre toutes les lois obligeant les travailleurs à retourner au travail sans une entente négociée.

Deb Mathews, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, a assuré que cette loi était réellement une « mesure de dernier recours ».


« Ce chapitre terrible est terminé, mais nous avons encore beaucoup de travail à faire » – Deb Matthews


La ministre Matthews a assuré que le semestre allait être sauvé grâce à l’adoption de ce projet de loi.

« Ce sera un grand défi pour les étudiants et les facultés. Le semestre devra être allongé, ce qui sera un désagrément », a-t-elle indiqué.

Mme Matthews a aussi blâmé le NPD pour avoir retardé l’adoption de cette loi. Selon elle, la deuxième opposition à Queen’s Park a échoué auprès des étudiants en agissant ainsi. Elle croit également qu’en rétrospective, le gouvernement Wynne n’a pas mal agi dans ce dossier.

« Nous ne pouvions pas agir plus tôt, il y avait un processus à respecter », a-t-elle martelé.

Les points restant en litige entre le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) et le Conseil des employeurs des collèges (CEC) devront être réglés en arbitrage ultérieurement.

La question financière en suspens

La semaine dernière, le gouvernement a demandé aux 24 collèges ontariens de créer un fonds spécial pour venir en aide aux étudiants.

Deb Matthews n’a pas été en mesure de dire le montant qui s’y trouvait actuellement, mais a laissé entendre qu’environ cinq millions pourraient avoir été mis de côté.

« Nous allons bientôt pouvoir discuter de la manière dont ce fonds pourra être alloué aux étudiants », s’est-elle contentée de dire.

Elle n’a également pas été en mesure de donner d’échéancier à savoir quand les fonds seraient transférés aux étudiants.

Une erreur des libéraux, selon Howarth

En point de presse, Andrea Horwath a décoché une flèche envers la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne.

« Elle aurait pu régler cette crise beaucoup plus rapidement, mais elle a choisi de ne pas le faire. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec un système brisé », a lancé Mme Howath.

Mme Horwath a assuré qu’elle s’inquiétait des compensations qui vont être offertes aux étudiants après près de six semaines de conflit. Selon elle, ces dernières ne seront pas suffisantes.

Mme Horwath a aussi dénoncé la joute politique autour de ce conflit et elle a rappelé que Mme Wynne aurait pu utiliser d’autres méthodes pour résoudre ce problème plus rapidement.

Un soulagement pour Brown

Pour sa part, le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (Parti PC) a choisi d’appuyer le projet de loi de retour au travail.

« Le Parti PC est content de voir que les étudiants retourneront dans les collèges la semaine prochaine », a indiqué son chef, Patrick Brown.


« Depuis le début de la grève, nous avons demandé au gouvernement Wynne de s’impliquer pour ramener les deux parties à la table de négociation. Les libéraux ont plutôt choisi d’attendre à la dernière minute. La réalité est que la grève a duré trop longtemps à cause du manque de leadership de Kathleen Wynne » – Patrick Brown


M. Brown s’est dit heureux de pouvoir tourner la page sur « ce malheureux chapitre ».

Syndicat et collège réagissent

Warren Thomas, président du SEFPO, a applaudi le leadership d’Andrea Horwath. Selon lui, le gouvernement a montré « ses vraies couleurs » avec ce projet de loi et espère que le dossier des travailleurs précaires sera mieux étudié dans les semaines à venir.