Le journaliste franco-ontarien Denis Gratton s’est éteint
OTTAWA – Le journaliste Denis Gratton est décédé, ce samedi, des suites d’un cancer à l’âge de 64 ans. Plume de longue date du quotidien Le Droit, ce natif de Vanier, passionné des mots et passeur d’histoires franco-ontariennes, était aussi l’auteur de recueils de chroniques.
Ses écrits ont traversé les temps depuis le début des années 1990 au Droit. Chroniqueur à partir de 1993, celui qui était le neveu de la militante Gisèle Lalonde et frère du journaliste Michel Gratton a rédigé de multiples histoires dans les colonnes du journal francophone de la région d’Ottawa-Gatineau.
Certaines sous forme de séries ont tenu en haleine les lecteurs, comme Les Derniers Canadiens-français (1994), Un franco chez les anglos (1997) ou encore Au pays de Zachary (1999) née du Congrès mondial des Acadiens à Lafayette, en Louisiane. D’autres ont fait l’objet de recueils comme Droit au coeur (2002) et Aux quatre vents (2003), parus aux Éditions du Nordir.
Sa couverture de la crise de l’hôpital Montfort en février 1997 a valu au Droit une mention d’honneur aux Prix Michener du Gouverneur général du Canada. Plus récemment, en octobre 2023, sa chronique Au revoir tante Gisèle lui avait permis de décrocher le Prix d’excellence pour la chronique de l’année décerné par Réseau.Presse.
Dans sa dernière chronique, M. Gratton confiait ses incertitudes à revenir à l’écriture mais aussi sa farouche volonté de livrer bataille contre la maladie : « Ouf! Il ne sera pas facile ce combat. Mon adversaire est redoutable, impitoyable, intraitable. La lutte sera inégale. Mais je vais tout de même me battre. Un p’tit cul de Vanier ne recule devant rien. »
Un « chroniqueur légendaire », salue le maire d’Ottawa
« Denis a été un ambassadeur exceptionnel pour Le Droit, a déclaré François Carrier, directeur général du journal. Il n’y a pas de mots assez forts pour le remercier d’avoir mis tout son talent et toutes ses aptitudes à raconter le quotidien des gens de la région. On va se souvenir des liens qu’il a bâtis et qui l’unissaient aux lecteurs des deux côtés de la rivière. »
« Nous sommes immensément tristes d’avoir perdu un collègue, un ami, une grande plume, un amoureux de sa langue, un grand défenseur du fait français en Ontario, a confié Marie-Claude Lortie, rédactrice en chef du Droit. On a de la peine à croire qu’il ne sera plus là pour nous encourager, nous faire rire, nous aiguiller dans la bonne direction, nous réveiller, nous rassurer, nous émouvoir, toujours nous informer et nous faire réfléchir. »
« Il a su nous émouvoir et nous faire réfléchir », a mis en relief Dominic Giroux, président-directeur général de Montfort. En couvrant la fermeture annoncée de l’hôpital, en 1997, Denis a tout fait pour mousser la cause du mouvement SOS Montfort. Nous lui devons beaucoup. »
« Son rôle durant la crise de l’hôpital Montfort illustre parfaitement l’impact qu’un journaliste peut avoir lorsqu’il place l’humain au cœur de ses préoccupations. Par ses écrits, il a contribué à défendre des causes essentielles et à mobiliser l’opinion publique », a réagi collectivement Réseau.Presse, le réseau de journaux de langue française en situation minoritaire.
« J’ai vraiment de la difficulté à imaginer les prochaines luttes franco-ontariennes, car il y en aura, sans la plume acérée, vive, précise et dynamique du très regretté Denis Gratton », s’est ému l’ancien commissaire aux services en français François Boileau.
De nombreux élus ont aussi rendu hommage au journaliste. Le maire d’Ottawa Mark Sutcliffe a fait part de sa « grande tristesse » à l’endroit d’un « chroniqueur légendaire du journal Le Droit et voix puissante de la communauté francophone d’Ottawa ».
Le député provincial d’Orléans Stephen Blais a salué un « ardent défenseur de la francophonie », tandis que le député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin, a mis en exergue le talent de celui qui était passé maître dans « l’art de raconter une histoire sur un sujet sérieux en utilisant l’humour. Il avait le don de nous faire réfléchir. »
« À travers ses chroniques, il a raconté nos histoires, défendu nos valeurs et célébré notre identité. Son engagement envers sa communauté et son amour pour sa culture franco-ontarienne étaient palpables. Il était une voix pour les siens et une inspiration pour plusieurs », a déclaré quant à lui le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon.
« C’est une grande perte pour le peuple franco-ontarien, a réagi de son côté Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Une partie de l’histoire du Journal Le Droit vient de s’éteindre. »
« Denis Gratton n’était pas seulement un journaliste, selon Bobby Bourdeau, président de l’ACFO Ottawa. Il était aussi un ardent défenseur de la francophonie ontarienne. À travers ses écrits, il a su capturer les défis, les succès et les espoirs de nos communautés francophones, en mettant en lumière des histoires souvent ignorées. »