
Ottawa : le milieu des affaires s’inquiète, le gouvernement défend les compressions

OTTAWA – Près de 25 000 emplois pourraient disparaître d’ici 2028 dans la région d’Ottawa-Gatineau en raison des compressions prévues dans la fonction publique fédérale. Des coupes qui inquiètent le milieu des affaires de la capitale, tandis que le gouvernement affirme vouloir recentrer les dépenses sur les services essentiels et assurer une croissance durable.
Le Regroupement des gens d’affaires de la capitale nationale (RGA) tire la sonnette d’alarme face aux compressions budgétaires annoncées dans la fonction publique fédérale.
Selon une récente étude du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), la région d’Ottawa-Gatineau pourrait être la plus durement touchée au pays, avec près de 25 000 pertes d’emplois d’ici 2028.
Le président du RGA, Carl Poirier, déplore un virage inquiétant du gouvernement Carney : « Le premier ministre parlait de plafonnement et de transferts en campagne électorale. Maintenant élu, son discours change et laisse pressentir une hécatombe aux impacts très sérieux sur la région ».
Le RGA, qui regroupe des entreprises francophones et francophiles de la capitale nationale, craint un gel généralisé des projets économiques.
« Qui va vouloir risquer des capitaux quand la menace bien réelle d’un ralentissement économique est imminente? » questionne M. Poirier.
« Non seulement la région perdra ces emplois, mais les gestionnaires et gens d’affaires vont sûrement mettre tout projet d’embauche, d’ouverture ou d’expansion sur la glace pour les trois prochaines années », affirme-t-il.

L’étude du CCPA citée par le RGA souligne le fait que les coupes toucheront notamment des ministères névralgiques comme l’Agence du revenu du Canada (ARC), Emploi et Développement social Canada (EDSC) et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
Pour Carl Poirier, ces choix sont révélateurs : « Le gouvernement Carney aurait voulu s’en prendre directement aux entreprises qu’il n’aurait pas agi différemment », déplore-t-il.
Le gouvernement défend un exercice de rigueur
Interrogé par ONFR, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada affirme que cet exercice vise à recentrer les dépenses publiques sur « les responsabilités essentielles ».
« Chaque ministre doit examiner les programmes de son portefeuille pour évaluer leur efficacité, leur caractère essentiel et éviter les chevauchements », indique-t-on.
Sur une période de trois ans, les ministères devront identifier des économies pouvant aller jusqu’à 15 % de leurs dépenses de fonctionnement, à l’exception de certains organismes jugés stratégiques.
« Cet examen reflète un retour aux responsabilités essentielles, en mettant clairement l’accent sur la discipline financière, la prestation de services de qualité et la croissance économique à long terme », explique la même source.
Ainsi, la Défense nationale, l’Agence des services frontaliers du Canada et la Gendarmerie royale du Canada ne seront soumises qu’à une réduction de 2 %, en reconnaissance de leur rôle critique.
Les compressions s’appliqueront à l’ensemble des organisations financées par le gouvernement fédéral, y compris les sociétés d’État.
Dans ce sens, les questions concernant les activités prévues par ces dernières « peuvent leur être adressées directement », prévient le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada .
En revanche, les agents du Parlement, les tribunaux judiciaires, le Bureau du registraire de la Cour suprême du Canada, de même que les entités indépendantes comme la Chambre des communes ou le Sénat, ne sont pas concernés.
Quant aux organisations à recouvrement de coûts, elles sont exclues de l’exercice, « car le fait de les inclure ne générerait pas d’économies ».
Le gouvernement précise également que les paiements de transfert législatifs aux provinces, territoires et particuliers seront maintenus.
Appel à la mobilisation régionale
Malgré cette volonté affirmée de discipline budgétaire, le RGA presse les élus de la région de se mobiliser.
« Le RGA reconnaît qu’il importe d’assainir la gestion de l’administration publique, mais il demande aux députés de la région de faire pression afin de préserver les services aux entreprises, de manière à mitiger l’impact des coupures annoncées », conclut Carl Poirier.