Le passage de Denise Bombardier à TLMEP provoque de nouvelles vagues
MONTRÉAL – Denise Bombardier était de retour à l’émission Tout le monde en parle (TLMEP), diffusée dimanche soir. Un an après avoir fait les manchettes à la suite de ses propos pessimistes sur les francophones en milieu minoritaire, la journaliste et romancière était l’invitée de Guy A. Lepage. Un passage qui n’a pas vraiment convaincu.
« Dégueulasse », « insupportable », « désagréable », voilà certains mots tenus sur Twitter pour décrire le passage de Mme Bombardier.
Malgré le documentaire Denise au pays des Francos, dans lequel elle va à leur rencontre à travers le pays, Mme Bombardier a maintenu son point de vue devant Guy A. Lepage.
« J’ai été dans l’émotion et à certains moments dans l’accablement, parce d’une certaine façon, il y a une diminution des francophones partout dans les régions du Canada, statistiquement. (…) Je comprends les francophones, ils ne veulent pas avoir cette vision-là, mais moi, je l’ai cette vision-là! »
Langue inintelligible pour Denise Bombardier
Des 18 minutes de la séquence d’entrevue, c’est sans doute ses propos sur la qualité de la langue des francophones en milieu minoritaire qui ont le plus fait réagir.
« Le gossage, c’est de parler une langue qui est à peu près inintelligible pour nous, et de dire : le français qu’on parle, c’est ça pour nous autres, et l’Académie française, les dictionnaires, on s’en… Voyez-vous? (…) Je pense que les francophones parlent une langue internationale et peuvent parler à tous ceux dans le monde qui parlent français. »
Relancée par Dany Tucotte, « le fou du roi », sur le « métissage des langues », Mme Bombardier a persisté et signé en pointant du doigt la Franco-Ontarienne, Caroline Gélineault, qui apparaît dans le reportage.
« Elle a été agressive depuis le début… Si elle ne doute pas, et si elle croit que la langue qu’elle doit parler, c’est la langue dans laquelle elle m’a parlé, et bien, c’est bien dommage pour elle, il n’y a pas d’avenir pour elle, qu’elle passe tout de suite à l’anglais (…) Nous ne sommes pas une arithmétique de gens qui parlent des langues différentes, la langue nous relie. »
La Franco-Manitobaine Chloé Freynet-Gagné qui apparaît dans le documentaire en train de converser avec Mme Bombardier y est allée ainsi de son petit commentaire sur Twitter : « Ce que je retiens, c’est qu’on a clairement pas la même vision de la francophonie. Qui embarque dans la mienne? Tous sont les bienvenus! »
L’affirmation de Mme Bombardier a aussi fait réagir la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada sur Twitter : « Mme Bombardier, votre attitude face au parler des Franco-Ontariens que vous jugez inintelligible illustre précisément pourquoi les communautés, sous le leadership de la Fédération de la jeunesse canadienne française (FCJF), avaient vraiment besoin de s’attaquer à l’insécurité linguistique. »
Invitée sur le plateau de TLMEP le 21 octobre 2018, Mme Bombardier avait déjà provoqué une vague de réactions chez les francophones en milieu minoritaire. « On ne peut pas dire que c’est le Canada qui a fait que les Québécois parlent encore français. À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba, je suis allée encore au mois de janvier, chez les Métis, on ne parle plus le français », avait-elle avancé dans un échange avec l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien sur le plateau.
Absence d’intervenants pour répliquer
Autre regret exprimé par beaucoup : l’absence d’interlocuteurs issus des communautés francophones en milieu minoritaire sur le plateau de TLMEP, ce dimanche, pour répliquer à Denise Bombardier.
« Tellement dommage qu’on parle de nous, sans nous! », a laissé entendre la FJCF. « Ce n’est pas une visite de quelques heures dans nos communautés qui peut permettre de se former une opinion! Les chiffres, c’est une chose. Le dynamisme, la fierté, les convictions, c’est une autre! »
« Quitte à n’avoir pas pu répliquer à Mme Bombardier, ce soir à TLMEP, je serai à l’émission de Penelope McQuade demain matin (…) Heureuse d’avoir la soirée pour digérer tout ça. Pas certaine que je serais capable de m’en tenir à un vocabulaire radio-canadien ce soir », a écrit la politologue Stéphanie Chouinard, qui apparaît également dans le documentaire Denise au pays des Francos.
Malgré ce passage décrié, Mme Bombardier a tout de même reçu quelques louanges, de la part surtout de résidents québécois. « Mme Bombardier a bien raison, la seule façon de protéger notre langue est de viser l’excellence dans l’enseignement et de ne pas faire de compromis », a fait part François Allard sur Twitter.
« À 78 ans, Mme Bombardier déplace de l’air sur le plateau. Quelle battante quand même. Respect », a pour sa part commenté JiciB.
« Je voudrais une chose : je voudrais que tous les francophones des autres provinces aient les mêmes protections et les mêmes droits que les anglophones du Québec », a conclu Mme Bombardier sous les applaudissements du public.