Le RESDAC au bord de la disparition

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OTTAWA – Rien ne va plus pour le Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC). L’organisme représentant les groupes et associations francophones d’alphabétisation en contexte minoritaire n’a plus le moindre employé depuis la semaine dernière.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Le constat a été délivré, mardi 7 novembre, par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). Une conférence de presse qui faisait office de cri du cœur.

« On a coupé les deux jambes à un organisme dont le travail et le champ d’action demeuraient extrêmement pertinents », a lancé le directeur général Alain Dupuis. « On a pris des mesures négatives qui ont le potentiel de pousser les clients de l’alphabétisation et du développement des compétences à se tourner vers les services en anglais. »

Jusqu’alors, une personne était encore employée à temps partiel. Une ressource humaine bien loin des années précédentes quand le RESDAC comptait jusqu’à dix employés pour un budget annuel de 600 000 $. Or, l’organisme estime qu’il faudrait toujours un financement de base de 150 000 $ pour lui permettre de survivre.

Le nœud du problème : le manque de subventions du gouvernement fédéral. Un problème puisque le RESDAC coordonne et assure la cohésion des niveaux d’alphabétisme et de compétences essentielles des adultes francophones de tout le Canada.

Financement coupé depuis trois ans

En 2014, le gouvernement fédéral par l’intermédiaire d’Emploi et Développement social Canada (EDSC) avait supprimé le financement de base de l’organisme.

Une lueur d’espoir était tout de même apparue en décembre dernier quand l’ex secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, Randy Boissonnault, avait annoncé une subvention de 90 000 $ pour l’organisme. « Ce fond était pour un projet spécial », assure pour sa part le président du RESDAC Donald Desroches.

Le président du RESDAC, Donald Desroches.
Le président du RESDAC, Donald Desroches. Crédit image : Sébastien Pierroz

Selon le dernier rapport pancanadien sur le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 53 % des francophones du Canada auraient des difficultés à lire et comprendre un simple texte.

« Les programmes de financement du gouvernement fédéral ne sont pas toujours adaptés à notre réalité », a illustré M. Desroches. « Les francophones n’avons pas toujours eu l’accès aux écoles françaises. Dans nos communautés, on a un niveau d’analphabétisme qui existe depuis un certain temps à cause de ce manque d’accès à l’éducation. »

Crée en 1991 sous le nom de Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français (FCAF), le RESDAC avait célébré son 25e anniversaire l’an passé.

Plainte au commissaire aux langues officielles

Par ailleurs, le RESDAC confirme avoir déposé une plainte aux Commissariat aux langues officielles du Canada en 2015.

La FCFA dénonce que le fait que le gouvernement fédéral n’aurait pas respecté la partie VII de la Loi sur les langues officielles qui impose aux institutions fédérales de prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés francophones en situation minoritaire.

M. Desroches a profité de la conférence pour rendre public les recommandations du Commissariat. « Premièrement, ils veulent réévaluer l’orientation et les critères d’admissibilité dans les programmes. La deuxième recommandation, ils veulent faire l’évaluation de l’impact du fait qu’ils (le gouvernement) ont coupé le financement de base au RESDAC. »

Toujours est-il que l’enveloppe du Plan d’action pour les langues officielles attend depuis plusieurs mois. Une manne importante pour beaucoup d’organismes francophones à bout de souffle.

« Depuis les onze dernières années, il y a un gel au niveau des investissements de Patrimoine canadien et de tout l’appareil fédéral dans la Feuille de route (Plan d’action pour les langues officielles (…) Il y a un énorme rattrapage à faire dans la prochaine Feuille de route », soutient M. Dupuis.

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En décembre 2016, le RESDAC recevait une aide financière de 90 000 $