Le RPFO veut intéresser les jeunes au patrimoine
OTTAWA – Le Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO) souhaite accroître le nombre de ses membres et rejoindre davantage la population franco-ontarienne. Et pour y parvenir, l’organisme mise notamment sur la jeunesse.
« C’est une question de pérennité! On valorise le passé pour les vivants, pour qu’ils sachent d’où ils viennent, qu’ils connaissent leur héritage », explique le nouveau président du RPFO, Francis Thériault.
Raison pour laquelle l’organisme visera particulièrement les jeunes dans les mois à venir. L’organisme s’était déjà adressé à eux en publiant une bande dessinée, L’Ordre de Jacques-Cartier. Prochainement, une deuxième édition verra le jour, ainsi qu’une traduction en anglais. Pour 2020, le RPFO a également développé, avec l’aide de deux jeunes employés embauchés l’été dernier, un projet jeunesse dans le cadre du Mois du patrimoine, en février, et une chasse au patrimoine qui se tiendra, à Ottawa, en mai. Le RPFO travaille également avec la plateforme culturelle francophone, Le Réveil, afin de valoriser le « par et pour », condition essentielle pour attirer les plus jeunes, pense l’organisme.
« Même si on sait que l’histoire attire souvent davantage les gens avec un certain vécu, nous pensons pouvoir intéresser les jeunes en développant des activités par et pour eux. On travaille donc là-dessus. On pense notamment les intégrer à l’écriture du Chaînon [la revue du patrimoine franco-ontarien publiée depuis 1983] en leur proposant de soumettre des textes », dit M. Thériault.
Se réinventer
Membre du conseil d’administration depuis 2018, M. Thériault en est devenu le président en septembre dernier. Une élection importante au moment où le RPFO essaie de revoir sa stratégie.
« Nous avons lancé un sondage auprès de nos membres et de nos lecteurs du Chaînon, mais aussi des autres francophones qui connaissent moins bien le RPFO. On veut savoir ce qui les intéresse », précise la directrice générale de l’organisme, Danielle Pécore-Ugorji.
Outre les jeunes, le RPFO voudrait aussi davantage impliquer les membres des minorités culturelles.
« Si on n’arrive pas à intéresser les jeunes et les nouveaux arrivants au patrimoine franco-ontarien, qui s’y intéressera dans 20, 30 ou 40 ans? », se questionne Mme Pécore-Ugorji, qui rappelle les récentes pertes de plusieurs grands défenseurs du patrimoine, comme Gaétan Gervais et Yves Saint-Denis.
Actuellement, l’organisme compte une trentaine de membres institutionnels et environ 500 membres individuels. L’objectif est de doubler ce nombre, selon M. Thériault, notamment en proposant de nouvelles activités.
« On va continuer à faire ce qui fonctionne bien, mais on veut aussi trouver de nouvelles idées, car l’intérêt est là, surtout depuis la crise du 15 novembre 2018, y compris chez les anglophones. On doit donc revoir notre manière de fonctionner, car tout le monde ne veut pas forcément devenir membre pour accéder au Centre de recherche virtuel », explique la directrice générale.
Mme Pécore-Ugorji veut pour preuve de cet intérêt les conversations qu’elle a eues sur le terrain, mais aussi les inscriptions croissantes à la page Facebook de l’organisme. Mais pour consolider cet enthousiasme, il est essentiel d’être davantage présent sur le terrain, juge M. Thériault.
« Notre mission est toujours pertinente, mais nous devons être plus sur le terrain pour nous faire connaître et rappeler que nous pouvons aider. Trop souvent, les comités du patrimoine ou d’histoire travaillent au niveau local sans aucun lien entre eux. Ce que nous voulons, c’est jouer ce rôle de rassembleur, les mettre en relations pour qu’ils puissent échanger leurs bonnes pratiques. Que le comité qui a permis d’éviter la fermeture de l’église Saint-Bernard à Fournier, par exemple, puisse partager son expérience avec d’autres communautés qui pourraient vivre la même situation. »
Sensibiliser pour protéger
Reste que cette mission n’est pas sans défi pour un organisme qui ne compte qu’une employée permanente à temps plein et dont le budget reste limité.
« L’argent reste le nerf de la guerre pour tous les organismes. J’aimerais assurer un financement récurrent et à long terme pour le RPFO, qu’on dépende moins des subventions… Certains organismes y parviennent, on doit donc voir comment ils font », lance M. Thériault.
Même si Patrimoine canadien a bonifié sa subvention au RPFO récemment, celle-ci n’avait pas connu d’augmentation depuis de nombreuses années. La marge de manœuvre de l’organisme reste donc étroite.
« Nous avons des moyens modestes pour remplir notre mission de préserver et de faire rayonner le patrimoine franco-ontarien sous toutes ses formes, architecturales, artistiques, culinaires, littéraires… Il y a une longue liste d’édifices et de bâtiments qui ont été perdus ou détruits, car ça prend beaucoup d’argent pour les protéger. Souvent, on apprend la destruction d’un édifice quand il est trop tard. Nous essayons donc de reconnaître celles et ceux qui se battent pour préserver le patrimoine et de le faire connaître pour inciter les gens à s’y intéresser », dit Mme Pécore-Ugorji.