Le directeur général de l'Association des auteures et auteurs de l'Ontario français (AAOF), Yves Turbide, lors du dévoilement du prix Alain-Thomas, le 29 février 2024. Source: Salon du livre de Toronto

TORONTO – Le Salon du livre de Toronto (SLT) se poursuit jusqu’à dimanche dans les locaux de l’Université de l’Ontario français (UOF). Lors de l’ouverture jeudi soir, le prix littéraire Alain-Thomas a été décerné à Jean Mohsen Fahmy pour son roman historique Par-delà les frontières. L’événement se déroule cette année sous le thème Ontario, je t’aime… en français.

C’est donc une déclaration d’amour que lance le SLT avec ce thème librement inspiré du titre d’un roman de Didier Leclair. Toronto, je t’aime a justement été réédité en 2023. Le clin d’œil fait sourire le président du conseil d’administration (C. A.), Valéry Vlad. En entrevue avec ONFR, il résume son sentiment par rapport à cette 31e édition.

On dirait que les planètes se sont alignées, cette année
— Valéry Vlad

Didier Leclair avait gagné le prix Christine-Dumitriu-van-Saanen pour un autre roman, Pour l’amour de Dimitri, en 2016. Jean Fahmy a été le dernier lauréat du prix (en 2019, pour La sultane dévoilée) avant qu’il ne soit renommé prix Alain-Thomas, en 2021. C’est aussi lui a reçu les honneurs cette année, cette fois pour Par-delà les frontières. Ce roman historique raconte l’histoire d’amour entre un Canadien français et une immigrante italienne, sur fond de montée du fascisme et d’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale.

Le roman Par-delà les frontières vaut à Jean Fahmy un Prix littéraire Alain-Thomas. Source : Éditions David

L’auteur ottavien Jean Fahmy était absent de la cérémonie, mais présent lors des autres journées du SLT. Les autres romans en nomination étaient Jaz, de Michèle Vinet, et L’odeur de l’oubli, de Roger Levac.

Écrire l’Histoire

Le choix de Dyane Adam comme présidente d’honneur est un clin d’œil aux gains des dernières années. Sur son impressionnante feuille de route, on retrouve entre autres les titres de Présidente fondatrice et gouverneure émérite du Conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français (UOF) et d’ancienne commissaire aux langues officielles du Canada.

C’est Dyane Adam qui avait organisé, il y a quelques années, une manifestation dans le cadre du SLT afin de pousser le projet d’université francophone en Ontario. « On avait organisé un déplacement de tous les visiteurs du salon devant la permanence du premier ministre Ford », se souvient Valéry Vlad.

De gauche à droite : Valéry Vlad, président du Salon, Gabriel Osson, président du comité du jury 2024 et Yves Turbide, directeur général de l’AAOF, lors de la remise du Prix Alain-Thomas. Source : Salon du livre de Toronto

Aujourd’hui, le SLT se déroule dans les locaux de cette institution qui n’était qu’un rêve éloigné au moment de la manifestation. Le président du C. A. ne tarit pas d’éloges envers celle qui détient de nombreux titres honorifiques, dont l’Ordre du Canada, l’Ordre de l’Ontario et l’Ordre des francophones d’Amérique.

« Elle est un symbole du fait français ici, à Toronto. »

Pas plus, mais mieux

Le SLT a lieu une semaine exactement après le Salon du livre de l’Outaouais, qui fait aussi une grande place à la littérature franco-ontarienne. Plus modeste que son homologue de la région de la capitale, le SLT souhaite accueillir un millier de lecteurs adultes en plus des visiteurs scolaires.

Si l’événement n’est pas, en soi, plus gros que l’an dernier, il semble faire sa marque de plus en plus dans la ville reine.

« C’est vrai qu’on a fait un effort dans la communication », exprime Valéry Vlad. Il croit aussi que la visite de la première lieutenante-gouverneure francophone de l’Ontario, Edith Dumont, et la présidence d’honneur de Dyane Adam contribuent à donner un poids politique à l’événement.

Les auteurs Didier Leclair et Tamar Papiashvili lors du Salon du livre de Toronto 2024. Source : Salon du livre de Toronto

Le SLT a aussi conclu un nouveau partenariat avec le gouvernement du Québec, afin de faciliter les échanges entre les auteurs franco-ontariens et ceux de la belle province. Et les organisateurs ont réalisé un vieux rêve avec la venue de deux poètes louisianais, Zachary Richard et Barry Jean Ancelet.

Toujours selon Valéry Vlad, le SLT doit composer avec une situation économique moins favorable que par le passé, argumentant que le rapport budgétaire équivaut aujourd’hui à cinq fois moins qu’il y a vingt ans. À la fois militant et terre-à-terre, il résume l’objectif de l’équipe : « Essayer de garder le salon et Toronto sur la carte culturelle de la francophonie canadienne. »

Les visites scolaires sont aussi un outil de francisation important dans la Ville Reine. « Il ne faut pas se le cacher. La vente de livre a diminué (…) mais, ce qui nous tient, c’est la passion des jeunes pour le livre en français. On a de jeunes bénévoles qui ont rencontré le livre en français pour la première fois en faisant des visites au Salon du livre avec leur école. Il y en a beaucoup, ce n’est pas juste un exemple. »

Les visites scolaires permettent d’intéresser les jeunes à la lecture en français. Source : Salon du livre de Toronto

En plus des séances de signatures et des nombreux auteurs présents, le SLT offre une variété d’activités, allant des moments pour les jeunes familles aux discussions littéraires, en passant par une grande soirée Ontario, je t’aime… en français, où de nombreux auteurs de la province et d’ailleurs viendront clamer leur amour pour l’Ontario.

Le SLT se déroule jusqu’au 3 mars 2024 à l’UOF. L’entrée est gratuite.