Léo Therrien, 40 ans dédiés à la communauté francophone de Sudbury

Léo Therrien, ex-directeur de la Place des arts de Sudbury. Archives TFO

[LA RENCONTRE D’ONFR+]

SUDBURY – Figure marquante de la communauté franco-sudburoise, Léo Therrien a dédié plus de 40 ans au service de la population. Originaire d’Opasatika dans le Nord de la province, il s’est installé à Sudbury dans les années 80. Du développement international, en passant par la santé et l’art, le directeur général de la Place des Arts de Sudbury a toujours été à la recherche de nouveaux défis pour mieux soutenir la communauté.

« Vous quitterez vos fonctions en avril prochain. Pourquoi avoir annoncé votre retraite avant l’ouverture officielle de la Place des Arts, prévue en ce début d’année?

Je suis rendu à une étape de ma vie où je veux faire autre chose. Je vais bientôt avoir 62 ans et j’ai décidé qu’il est temps pour moi d’explorer de nouveaux horizons. Pour moi, il est temps de laisser la place à de nouvelles idées et à une nouvelle énergie pour porter ce projet. De plus, cela fait deux ans que je travaille en Zoom et je dois dire que cette situation a changé ma perception. Je pense que rester dans mon salon pendant aussi longtemps m’a fait prendre conscience que je veux autre chose.

En quoi ce projet a-t-il marqué votre parcours professionnel?

J’ai beaucoup appris. Dans le passé, j’avais déjà travaillé à deux projets de constructions, mais le projet de construction de la Place des Arts était beaucoup plus complexe que de bâtir une grande maison. Avec sa boîte noire, un bistro, une garderie, son théâtre, sa galerie d’art… la Place des Arts demandait de faire preuve d’ingéniosité pour regrouper tous ses services dans un petit immeuble au centre-ville de Sudbury.

En dehors de la construction, j’ai énormément appris aussi sur la gestion des équipes. De l’équipe chantier, en passant par des centaines de bénévoles, j’ai été reconnaissant des efforts fournis par tout un chacun.

Comment imaginez-vous l’utilisation de cet espace dans le futur?

Ce que nous voulions c’était construire un lieu rassembleur pour la francophonie à Sudbury et toute la communauté en général. Nous n’avons jamais eu une place pour que les francophones puissent se rencontrer et célébrer ensemble. Nous voulons avoir un lieu où l’on peut vivre en français en plein centre-ville. J’espère aussi voir la synergie entre les membres fondateurs lorsqu’ils se retrouveront dans le même espace. Les voir interagir sur une base régulière dans ce lieu nous permettra de rêver aux possibilités de projets qui pourront émerger après l’ouverture.

Léo Therrien, le maire Brian Bigger et Marc Lavigne devant la Place des Arts de Sudbury. Gracieuseté

Que souhaitez-vous à la personne qui prendra votre succession à la tête de la Place des Arts?

Avant toute chose, je lui souhaite que la COVID-19 se termine. J’espère que d’ici sa prise de fonction, nous soyons en mesure de nous voir en présentiel. C’est vraiment difficile pour des francophones de ne pas pouvoir se voir et d’échanger entre nous. Je lui souhaite aussi de pouvoir organiser une grande soirée d’ouverture avec tous les membres fondateurs et le reste de la communauté franco-sudburoise.

Vous avez été directeur de la Maison Mcculloh, un établissement de soins palliatifs, avant d’entamer une tradition professionnelle, qu’est-ce qui vous a poussé à changer d’univers à l’époque?

Cela faisait déjà près d’une vingtaine d’années que je travaillais pour eux. Au début, c’était d’abord la Maison La Paix et elle œuvrait pour l’inclusion des personnes vivant avec le VIH/SIDA. En 2008, elle est devenue la Maison de soins palliatifs de Sudbury. Après 20 ans de service, je me suis dit qu’il était temps pour un changement. Par ailleurs, le conseil d’administration de l’organisme avait une autre vision pour la maison.

Au même moment, la Place des Arts était à la recherche d’une personne pour mener à bien le projet de construction. Ayant de l’expérience dans la construction à travers cette maison de soins palliatifs et l’extension de cette dernière quelques années après, je me suis dit que c’était le moment idéal pour embarquer sur ce projet.

Vous êtes resté à Développement et Paix pendant cinq ans avant de changer, pourquoi vous n’êtes pas resté plus longtemps ?

Je devais couvrir tout le nord de l’Ontario et j’étais souvent parti de Sudbury. J’ai rencontré mon épouse Christine en 1988 et je voulais fonder une famille. Nous nous sommes mariés en 1991.

Léo Terrien dirige la place des Arts depuis 2019 et prend sa retraite en avril prochain. Gracieuseté

Pourquoi avoir mis ensuite sur pied l’organisme Village International, une organisation qui vient en aide aux plus vulnérables? 

Il existait à ce temps beaucoup d’organismes non gouvernementaux à Sudbury en plus de Développement et Paix, dont Oxfam, Amnestie international, Outils de paix, Carrefour canadien international, Project Ploughshares, Jeunesse Canada monde, etc. Ces organismes se sont réunis pour mettre sur pied VIS, avec un centre de ressources sur le développement international. Avec le temps, on y a ajouté une boutique de commerce équitable avec des produits des pays du Tiers-monde pour soutenir les artisans dans ces pays et amasser des fonds pour VIS. 

La santé a occupé une part importante de votre carrière. Pourquoi vous êtes vous autant impliqué dans ce secteur d’activité en particulier ?

Coïncidence. À la veille de mes 40 ans, le président du conseil d’administration de Maison La Paix (MLP) m’a contacté pour m’offrir le poste de direction générale de l’organisme. J’avais alors trois emplois à temps partiel, car le VIS avait perdu le peu de financement qu’on recevait alors de l’ACDI. J’ai donc pris le poste avec MLP. Je connaissais déjà l’organisme, car il participait chaque année à un marchethon du VIS, La Marche autour du monde.

Avec le temps, la MLP est devenue la Maison de soins palliatifs (MSP), car le besoin de logements pour personnes avec le VIH-Sida a diminué. On a convaincu la province de financer la MSP sous la tutelle de la MLP. Par la suite, on a lancé une campagne capitale et créé un nouveau service à Sudbury. Puis, on a ajouté dix autres lits grâce à l’agrandissement de la maison.

Une grande partie de votre carrière s’est déroulée dans le secteur communautaire. D’où vous vient cette ferveur pour la promotion de la communauté ?

Je suis un ancien diplômé de l’école de service social de l’Université laurentienne. Depuis que je suis sorti de l’université, je me suis toujours impliqué dans ma communauté. Par un concours de circonstances, la plupart des opportunités professionnelles que j’ai obtenues étaient au service d’autrui. Que se soit en développement international, en santé ou dans les arts et la culture, j’ai été très actif au sein de la communauté. Je voulais faire une différence et je pense y être arrivé. Grâce au réseau que je me suis créé, j’ai pu concrétiser beaucoup de projets.

Léo Therrien et sa famille. Gracieuseté

Avez-vous de nouveaux projets en tête?

En ce moment, je veux juste prendre ma retraite à compter du 1er avril. Durant cette période, je compte faire beaucoup de bénévolat à la Place des Arts ou à la maison de soins palliatifs. Je compte faire de l’aménagement paysagiste sur les bords du lac Bethel. Aussi, je veux passer plus de temps en famille. Cela inclut faire du vélo et passer plus de temps dans mon camp à la Rivière des Français avec ma famille. Je rêve d’une vie tranquille où je n’ai pas d’obligations.

En dehors de la Place des Arts et de la maison de soins palliatifs, comptez-vous vous impliquer dans d’autres organismes ou initiatives communautaires?

Je compte rester à Sudbury et soutenir ma communauté à la hauteur de mes moyens. J’offre mes services à titre de consultant au besoin. Avant Noël par exemple, je suis allé soutenir la maison de soins palliatifs de North Bay. Mes compétences peuvent être mises à la disposition des membres de la communauté selon leurs besoins. De la collecte de fonds, en passant par la construction, je reste ouvert pour donner un coup de main. »


LES DATES-CLÉS DE LÉO THERRIEN :

1960 : Naissance à Opasatika, Nord de l’Ontario

1981 : S’installe à Sudbury

1990 : Faits ses débuts dans l’organisme Village International

2000 : Rejoint la Maison La Paix

2019 : Devient directeur de la Place des Arts de Sudbury

2020 : Reçoit le Prix de la francophonie 2020 de l’ACFO du grand Sudbury

Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.