Les accomplissements de Nicole et Louis Patry reconnus par la francophonie ottavienne
[CHRONIQUE]
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste en patrimoine Diego Elizondo.
OTTAWA – C’était soir de fête pour la francophonie ottavienne le vendredi 15 mars dernier. En effet, quelque 300 personnes provenant de la communauté se sont réunies au Centre des conférences et des événements d’Ottawa pour festoyer leur francophonie et assister à la remise de prix hommages à des personnalités locales bien connues qui défendent ou défendaient le fait français dans la capitale. L’une de ces personnes récompensées s’est surtout impliquée ces dernières années dans la valorisation du patrimoine toponymique local francophone d’Orléans.
Mois de la francophonie oblige, deux semaines après la tenue de la 24e édition du Gala des Prix Bernard Grandmaître, organisé par l’ACFO Ottawa, le Tout-Ottawa francophone s’était donné rendez-vous à nouveau pour célébrer et honorer trois personnes méritantes de la communauté.
Succédant depuis 2019 au Gala des Clubs Richelieu fondateur, le Gala de la francophonie est un grand événement co-organisé par 11 organismes francophones de la région d’Ottawa : l’Association Champlain Fondateur (ACF), l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa), l’Association canadienne pour la promotion des héritages africains (ACPHA), le Centre Pauline-Charron (CPC), le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), la Maison de la francophonie d’Ottawa (CMFO), Rendez-vous des aînés francophones d’Ottawa (RAFO), Retraite en action (REA), Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO), le Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton (CÉSOC), la Coopérative enseignant Pas à pas (CEPAP) et le Point d’accueil francophone Ottawa (PAF).
Mentionnons toutefois que la concertation de tout ce regroupement d’organismes est l’œuvre de Trèva Cousineau, militante infatigable franco-ontarienne bien connue.
Plus qu’un gala tout court, il s’agit en vérité d’un grand banquet où cocktails, discours protocolaires, repas quatre services, prestations musicales et remise de prix se succèdent pendant plus de quatre heures.
Parmi les élus, on remarquait entre autres la présence des conseillers municipaux de la ville d’Ottawa Matthew Luloff, Lauda Dudas et Mary Carr. Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, était également présent et a même prononcé une allocution au début de la soirée.
Parmi les acteurs clés de la francophonie locale, on trouvait entre autres Dominic Giroux, président-directeur général de l’Hôpital Montfort, Émile Maheu, cadre à l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens ou encore Carol Jolin, le tout nouveau président de la Société franco-ontarienne de l’autisme et ex-président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.
Deux fiers Orléanais honorés
Le clou de la soirée fut sans contredit la remise du Prix Champlain Fondateur de la Francophonie. Ce prix est remis annuellement lors du Gala de la francophonie à une personne (francophone ou francophile) de la région desservie d’Ottawa qui s’est démarquée de façon particulière à la cause de la francophonie.
Fait exceptionnel, cette année, deux prix ont été remis. Le premier de façon posthume à Jean-Louis Schyburt, décédé l’an dernier après de nombreuses années d’implication communautaire dans la région. Engagé sur plusieurs fronts, Jean-Louis Schryburt a été notamment membre fondateur (2006) et membre du conseil d’administration de la Coopérative multiservice francophone d’Ottawa (CMFO) dans l’ouest de la ville, jusqu’à son décès en 2023, directeur général de l’ACFO Ottawa (2005-2007) ainsi que président local de la Fédération des aînés francophones d’Ottawa.
Le second prix a été remis au couple orléanais formé de Nicole et Louis Patry.
Nicole Patry, originaire de Sudbury, est une ancienne enseignante qui a œuvré dans les écoles de langue française de Vanier et d’Orléans (écoles Ducharme, Préseault, des Villageois et Saint-Joseph d’Orléans) tandis que Louis Patry, originaire d’Ottawa, est un retraité du Bureau du vérificateur général du Canada. Tous les deux sont diplômés de l’Université d’Ottawa, parents de deux enfants et grands-parents d’une petite-fille.
Le couple s’est installé à Orléans en 1978 et ils y résident encore fièrement. De fait, leur arrivée à Orléans coïncidait avec l’urbanisation massive de ce village autrefois agricole et typiquement franco-ontarien, métamorphosé en une grande banlieue urbanisée et bilingue.
L’année après l’arrivée du couple Patry à Orléans, le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) a été fondé, justement, en réponse à cette révolution urbaine. Louis Patry est d’ailleurs devenu le premier coordonnateur des activités socioculturelles du tout nouveau MIFO.
Ces deux résidents de l’est d’Ottawa multiplient le bénévolat dans la communauté franco-ontarienne, particulièrement depuis leur retraite. On ne saurait mentionner toutes les activités dans lesquelles ils s’impliquent, donc concentrons-nous sur le côté patrimoine.
L’implication patrimoniale de Louis Patry
Avec l’appui de son épouse, Louis Patry a été de ceux qui se sont joints au comité pour redonner au Complexe récréatif d’Orléans son nom original. En effet, en 2007, la Ville d’Ottawa avait changé, sans consultation publique, au bénéfice d’un nom anglophone, le nom du premier complexe récréatif de la localité, malgré l’attachement et l’histoire que ce bâtiment représentait pour la communauté francophone d’Orléans.
Bien que le comité n’ait pas eu gain de cause, Louis Patry a redoublé d’ardeur dans les années suivantes afin de faire rayonner la francophonie de son quartier d’Ottawa par l’entremise de la toponymie.
C’est ainsi qu’il s’est joint au premier conseil d’administration de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO) à titre de vice-président fondateur. Il occupe en même temps la présidence du Comité pour l’amélioration de la place des noms francophones à Orléans (le CAPNFO, un des comités de la SFOPHO, fondé en 2012).
Particulièrement actif, ce comité propose des noms francophones à connotation historique à faire commémorer dans la toponymie municipale d’Ottawa, rédige et publie ensuite des chroniques toponymiques dans le journal mensuel L’Orléanais et, enfin, sensibilise et encourage les commerces et organismes d’Orléans à écrire le nom de la localité avec un accent aigu sur le « e ».
Le comité présidé par Louis Patry a eu plusieurs succès dans ses suggestions toponymiques d’édifice, de salles, de parcs et de rues. Par exemple, la salle de lecture Patricia-Leduc, le parc Joseph-Laflamme ou encore le parc Henri Rocque.
De plus, le comité présidé par Louis Patry fait aussi en sorte que le nombre de commerces qui orthographient Orléans avec un accent a augmenté considérablement, que d’autres noms francophones mal orthographiés aient été corrigés par la municipalité (une soixantaine de cas ont été signalés à la Ville) et que deux recueils des chroniques toponymiques aient été publiés.
Prix et reconnaissances
Le Prix Champlain Fondateur de la Francophonie n’est pas le premier prix que remporte Louis Patry. En effet, depuis plus de 10 ans, il en cumule plusieurs.
En 2013, le conseiller municipal du quartier Orléans lui a décerné un Certificat de reconnaissance pour « reconnaître vos contributions à la préservation de l’histoire d’Orléans ». L’année suivante, la SFOPHO lui a remis le premier (et seul décerné à ce jour) Prix Orléans, « en reconnaissance de son dévouement exceptionnel et de sa grande contribution face à la préservation et à la promotion du patrimoine et de l’histoire d’Orléans ». L’année suivante, c’est au tour de l’ex-maire d’Ottawa Jim Watson de l’honorer : le jour de la Saint-Jean-Baptiste, Louis Patry se voit décerner le Prix du bâtisseur de la Ville d’Ottawa.
En 2016, il devient Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, distinction décernée par l’Assemblée parlementaire de la francophonie, et du coup Personnalité de la semaine du 2 mai 2016, titre décerné par Radio-Canada/Le Droit. Quatre ans plus tard, Louis Patry reçoit le prix Citoyen de l’année remis dans le cadre du Gala des Prix Bernard Grandmaître de l’ACFO Ottawa. Enfin, le Jubilé de Platine de sa Majesté la Reine Élizabeth II lui fut remis en 2022.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.