« Les communautés doivent être au centre de la prochaine Feuille de route »

La présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier. (Archives #ONfr)
La présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier. Archives #ONfr

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada demande au gouvernement fédéral de prioriser le « par et pour » les francophones dans la prochaine Feuille de route pour les langues officielles sur laquelle travaille présentement la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, mais aussi en matière d’immigration.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Les fonds investis par le gouvernement fédéral doivent avoir un impact et pour cela, la priorité du prochain plan d’action doit être de remettre les communautés francophones au cœur de l’action. »

Invitée à comparaître devant le comité permanent des langues officielles qui étudie la dernière Feuille de route pour les langues officielles afin de préparer la suivante, la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier, a martelé que c’est le « par et pour les francophones » qui devra guider la nouvelle Feuille de route 2018-2023, le mardi 18 octobre.

« Avec la Feuille de route actuelle, il est souvent arrivé que nos organismes francophones répondent à un appel d’offre pour des projets, mais que finalement, ce soit un organisme anglophone qui propose aussi des services en français qui ait été choisi », a-t-elle illustré. « En faisant ça, on offre certes des services en français, mais on ne bâtit pas des communautés. La prochaine Feuille de route doit aller au-delà de l’offre de services! »

La FCFA juge que la Feuille de route pour les langues officielles actuelle, malgré ces quelque 1,1 milliard de dollars sur 5 ans et les projets qu’elle a permis de financer, a raté la cible du développement de la dualité linguistique et des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

« Il y a eu des succès depuis la création de la première Feuille de route, en 2003, notamment en matière de santé en français. Mais ces dernières années, il y a eu un effritement dans la manière de l’administrer. La Feuille de route 2013-2018 aurait pu davantage fonctionner avec plus de transparence, de vision et d’audace », estime Mme Lanthier.

Avoir retiré la petite enfance de la liste des priorités de la Feuille de route 2013-2018 a notamment eu un impact très négatif, selon la présidente de l’organisme porte-parole des communautés francophones en situation minoritaire, contraignant beaucoup de parents, faute de services disponibles en français, à se tourner vers l’anglais.

« Nous avons perdu et continuons de perdre beaucoup de gens à cause de ça. De même, comment ne pas comprendre que les gens préfèrent fréquenter un centre communautaire bilingue tout neuf quand le centre communautaire francophone a l’air délabré? »

Pour la FCFA, il est donc urgent de réinvestir, certes, mais aussi de cibler où et comment investir.

« La meilleure façon d’avoir un impact, c’est de passer par les organismes et les infrastructures francophones, car c’est là que les francophones vivent leur vie en français. »

Huit recommandations en immigration

S’il doit s’appliquer à la prochaine Feuille de route pour les langues officielles, selon la FCFA, le « par et pour les francophones » concerne également le domaine de l’immigration francophone à l’extérieur du Québec.

Pour atteindre la fameuse cible de 4 % d’immigration francophone économique à l’extérieur du Québec d’ici 2018, le gouvernement fédéral doit faire plus que de simplement relancer un programme de promotion de l’immigration francophone, selon la présidente de la FCFA.

« Le programme Mobilité francophone est un excellent programme, mais il ne répond pas à l’ensemble des problèmes, ni ne peut tout résoudre. Il faut faire plus et si nous continuons comme aujourd’hui, on n’atteindra jamais cette cible. »

La FCFA propose huit recommandations, qu’elle dit avoir tiré des travaux de la nouvelle Table nationale de concertation communautaire en immigration francophone, qui regroupe des organismes communautaires de toutes les provinces et territoires, mais aussi des universités et des collèges.

« On sent une volonté politique en ce qui a trait à l’immigration francophone, notamment avec la tenue d’un Forum sur l’immigration francophone, qui regroupera les ministres en immigration et en francophonie du gouvernement fédéral et des provinces et territoires les 30 et 31 mars prochains à Moncton. Mais cette bonne volonté doit se traduire par des mesures concrètes et ciblées. »

Pour aider le gouvernement dans sa réflexion, la FCFA demande au gouvernement d’agir en matière de promotion des communautés francophones en situation minoritaire, au niveau du recrutement, notamment en incluant une lentille francophone au programme Entrée Express ou en réglant les problèmes d’accès et de coût des tests en français pour les immigrants à l’extérieur du Québec. La FCFA souhaite également que le gouvernement suive trois recommandations pour favoriser l’accueil, l’établissement et l’intégration des nouveaux arrivants, notamment en appuyant l’offre d’une gamme complète de services développés par et pour les communautés dans toutes les régions du pays.

« Actuellement, la situation est très différente d’une province à l’autre », note Mme Lanthier. « Quand on voit que dans certaines provinces, ce sont des organismes anglophones qui offrent des services en français aux nouveaux arrivants, cela ne correspond pas à l’esprit de la Feuille de route qui est d’alimenter et de contribuer à bâtir les communautés francophones. »