Les défis de Mona Fortier à la tête du Conseil du Trésor

Mona Fortier, la présidente du Conseil du Trésor. Archives ONFR+

OTTAWA – Ex-ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances, Mona Fortier a été catapultée, au sein du troisième gouvernement Trudeau, présidente du Conseil du Trésor, un portefeuille stratégique qui revient pour la première fois, à une femme franco-ontarienne et la place à la tête de 268 000 fonctionnaires fédéraux.

« Son maintien dans le gouvernement n’est pas un hasard », confie un de ses proches collaborateurs. « Elle n’a pas seulement été reconduite comme ministre, mais elle a aussi clairement été promue à un poste de plus haut rang. Ça démontre la confiance que le premier ministre a placée en elle. »

Tout comme Mme Fortier, d’autres ministres ont pris du grade dans le nouveau gouvernement minoritaire, à l’image de Mélanie Joly, passée des Langues officielles aux Affaires étrangères ou encore d’Anita Anand, ex-ministre des Services publics et de l’Approvisionnement nommée à la Défense.

Dans l’ordre de préséance du Conseil des ministres, le Conseil du Trésor pointe au 25e rang. Ses politiques visent à faire en sorte que les ressources du gouvernement soient gérées avec efficacité, soin et discernement. Il est, à ce titre, l’employeur des 268 000 fonctionnaires fédéraux qui travaillent dans la fourmilière bureaucratique canadienne.

Mona Fortier et le premier ministre Justin Trudeau. Archives ONFR+

« Mon rôle va être de convertir efficacement les politiques et programmes approuvés par le cabinet et à les rendre opérationnels », décrypte la ministre en entrevue avec ONFR+. « Une des fonctions du ministère est de fournir aux autres ministères les ressources dont ils ont besoin pour faire leur travail, y compris au niveau des ressources humaines. »

Celle qui succède à Jean-Yves Duclos – désormais ministre de la Santé – attend sa lettre de mandat qu’elle devrait recevoir dans les prochains jours. Ce document guidera son action et ses priorités. Puis ce sera le temps de siéger au Parlement, à compter du 22 novembre, au sein de la majorité.

Sur le point de mettre à pied des fonctionnaires non vaccinés

« C’est une période de transition et d’apprentissage », confie celle qui siège comme députée sur la Colline depuis 2017. « J’enchaîne les séances de breffage et, au cours des prochaines semaines, je compte consulter d’anciens ministres qui ont eu ce portefeuille pour bonifier mon approche, m’inspirer de leurs conseils et de leurs idées. Je vais aussi m’entretenir avec les présidents de syndicat pour les écouter et me présenter. »

L’élue d’Ottawa-Vanier sait d’ores et déjà qu’elle devra poursuivre de gros dossiers entamés par son prédécesseur.

« Il y a toute la question de la vaccination obligatoire pour les fonctionnaires. Ils avaient jusqu’au 29 octobre pour partager leur attestation de double vaccination. À partir du 15 novembre, ceux qui ne l’auront pas fait, seront mis en congés sans solde ou verront leur dossier analysé afin de les accommoder s’il s’agit de raisons médicales ou religieuses. »

Près de 240 000 fonctionnaires ont déjà établi leur attestation de statut vaccinal.

Les 38 ministres du cabinet du premier ministre Trudeau. Mona Fortier 2e à gauche au troisième rang. Source : Twitter Gouverneure générale

Autre priorité qui se profile à l’horizon : les négociations collectives avec les syndicats pour le compte du gouvernement, le plus gros employeur au Canada. Il existe 28 négociations collectives au sein de la fonction publique.

« Je suis honorée d’avoir un portefeuille si important et je vais travailler au meilleur de mes capacités en m’appuyant sur mes expériences », poursuit-elle. Avant de se lancer en politique, elle a dirigé sa propre entreprise de communication stratégique, avant de travailler au Collège la Cité. Sensible aux problématiques de gestion et de gouvernance, elle a par ailleurs siégé dans les conseils d’administration de plusieurs organisations comme l’Hôpital Montfort.

« Dans mon parcours, j’ai toujours été attirée par les questions économiques et mon passage au ministère des Finances, comme ministre associée va beaucoup m’aider dans mes nouvelles fonctions », est-elle certaine. « Cette expérience m’a permis de comprendre comment on prépare et présente le budget. Maintenant, mon rôle va venir à la suite de ça : une fois le budget présenté, je vais devoir le mettre en œuvre, le rendre opérationnel. »

« Travailler de près avec la ministre Petitpas Taylor »

Si elle convient d’être la seule ministre franco-ontarienne du gouvernement, tout comme dans le précédent, elle estime que la diversité du nouveau cabinet sera un atout pour valoriser tous les aspects liés aux langues officielles. « On a des représentants du Manitoba avec Dan Vandal, de l’Alberta avec Randy Boissonnault et de l’Acadie avec Ginette Petitpas Taylor et Dominic LeBlanc. »

Mona Fortier. Archives ONFR+

« Au-delà du conseil des ministres, on a un caucus très fort capable de représenter les intérêts de la francophonie », juge Mme Fortier. « Les gens autour de la table sont de fervents défenseurs des langues officielles à commencer par Justin Trudeau. Il y a une ouverture et une volonté de procéder à la modernisation de la Loi sur les langues officielles dans les 100 jours. On est prêt à aller de l’avant. »

Elle escompte « travailler de près avec la ministre Petitpas Taylor » pour mettre en œuvre la question du bilinguisme dans la fonction publique. Le Conseil du Trésor a en effet le pouvoir de créer des politiques obligatoires au moyen de divers textes de loi. Son ministère devrait aussi un rôle clé dans la concrétisation de la bonification à 80 millions de dollars par année de façon permanente le Fonds d’appui au postsecondaire de langue française en milieu minoritaire.