Les francophones du nord-ouest surveillent de près les élections

Le Yukon s'apprête à vivre des élections territoriales. Archives, #ONfr

Il pourrait y avoir du changement après le 19 octobre dans les Territoires du Nord-Ouest comme dans le Yukon. Si, dans les Territoires du Nord-Ouest, les sondages laissent encore une légère avance au député néodémocrate sortant, Dennis Bevington, dans le Yukon, les conservateurs pourraient perdre leur siège au profit des libéraux.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Dans les communautés franco-yukonnaise et franco-ténoise, on surveille la campagne électorale avec attention. Le rôle fondamental du gouvernement fédéral quant à l’épanouissement et à la vitalité des langues officielles dans les territoires rend le choix d’un représentant à Ottawa d’autant plus important.

L’Association franco-yukonnaise (AFY) et la Fédération franco-ténoise (FFT) ont toutes deux sondé les candidats et fait valoir leurs priorités. Si le président Richard Létourneau déclare sans surprise que la FFT ne donnera aucune consigne de vote à ses membres, il reconnaît que la communauté franco-ténoise bénéficierait d’un député issu du gouvernement.

« Nous avons rencontré M. Bevington durant le précédent mandat. Il y avait de l’ouverture de sa part, mais comme il était dans l’opposition, c’était moins facile de faire avancer les dossiers ».

La présidente de l’AFY, Angélique Bernard, tempère toutefois : « Lorsque le gouvernement fédéral a changé l’orientation du programme d’apprentissage, d’alphabétisation et d’acquisition des compétences essentielles pour les adultes, nous n’avons pas été consultés. Nous avons donc rencontré notre député (le conservateur Ryan Leef, nldr). Celui-ci a parlé au gouvernement mais cela n’a pas beaucoup avancé ».

Campagne électorale ou non, les francophones du Nord-Ouest ont l’habitude d’être rarement sur le radar politique. « Mais c’est vrai pour toute la population du Yukon! », précise Mme Bernard.

« Nous sommes réalistes, si les partis politiques ne parlent pas des francophones de l’Ontario ou du Nouveau-Brunswick, il y a peu de chance qu’ils parlent de nous! », ajoute M. Létourneau.

 

Résonance particulière

Pourtant les priorités des deux communautés francophones du nord-ouest sont nombreuses et les attentes importantes envers le prochain gouvernement. L’AFY et la FFT partagent plusieurs priorités avec l’ensemble des communautés francophones en situation minoritaire. Mais chez eux, les enjeux prennent parfois une résonance particulière.

« Ici, l’immigration représente 15% de la communauté francophone. La disparition du programme Avantage significatif francophone a été un coup dur pour notre communauté que le programme Entrée express n’a pas atténué. La lentille francophone dans les programmes d’immigration, c’est très important pour nous », note Mme Bernard.

Malgré les litiges qui opposent l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY) et la Commission scolaire francophone TNO (CSFTNO) au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, la communauté franco-ténoise place beaucoup d’espoir dans le Plan stratégique sur les communications et les services en français mis en place par le gouvernement territorial.

« Le gouvernement territorial espère aller chercher 5,2 millions$ auprès du gouvernement fédéral pour financer les services en français, contre 1,9 millions actuellement. La demande avait été faite à la ministre Shelly Glover pour que ce soit mis en place dès l’exercice 2014-2015 (Ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles – ndlr), mais avec les élections, rien n’a avancé », explique le président de la FFT qui espère que le prochain gouvernement appuiera cette initiative.

La question des services en français est un enjeu tout aussi important au Yukon.

« En matière de santé, cela fait des années que nous demandons un centre de soins santé primaires bilingue. Nous avons également des besoins en éducation et en justice pour mieux desservir notre communauté », explique Mme Bernard.

Peu importe le résultat lundi 19 octobre, les deux organismes espèrent bien pouvoir faire avancer leurs dossiers.