Les maires du Sud et de l’Est grands absents du congrès de l’AFMO
KAPUSKASING – Après un hiatus lié à la pandémie, l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) se réunit cette fin de semaine dans le Nord, à Kapuskasing avec, au programme, des conférences, des ateliers, et la traditionnelle assemblée générale annuelle. Après des années difficiles, cette assemblée francophone semble boudée par les maires du Sud et de l’Est qui ne feront pas le déplacement cette année.
Malgré quelque 29 municipalités membres, seuls six maires et mairesses ont confirmé leur présence au congrès de l’organisme fondé par Gisèle Lalonde en 1989, tous du Nord.
Alors que la membriété était de 80 avant la pandémie, celle-ci a baissé en raison des difficultés de certaines municipalités telles que Mattice Val-Coté qui ont dû quitter l’organisme auquel une contribution financière est demandée.
Si le lieu du congrès, éloigné des municipalités du Sud et de l’Est, a été cité comme un obstacle pour la venue de certains élus. Le choix de la ville du Nord s’explique de par le fait que celle-ci devait accueillir le congrès en 2021, coïncidant ainsi avec son centenaire, mais a dû être repoussé en raison de la pandémie.
« Ça aurait été préférable que ça ne soit pas si loin », déclare le maire d’Hawkesbury, Robert Lefebvre, avant d’ajouter : « Kapuskasing, je n’ai jamais été dans ce coin-là donc j’aurais voulu y aller. »
Le timing du congrès, se déroulant en même temps que le Banquet de la francophonie de Prescott et Russell dans l’Est ontarien, peut aussi expliquer leur absence comme c’est le cas de ce dernier qui confie avoir prévu de s’y rendre.
Le maire de Russell, Pierre Leroux, juge, pour sa part, que le fait que le congrès ait lieu au moment de la rentrée n’est pas idéal pour inciter le déplacement de certains élus.
« Nous les maires, on est limité dans le budget qu’on a pour aller dans des conférences. L’AFMO est pas mal la dernière conférence de l’année, ce qui veut dire qu’on a possiblement déjà épuisé nos fonds », note celui qui s’est rendu au congrès de l’Association des municipalités de l’Ontario qui s’est tenu (AMO) à peine un mois plus tôt dans le sud de la province.
Bien qu’elle aurait aimé une plus grande participation, la présidente Nicole Fortier Levesque affirme avoir atteint son objectif : « Je suis très satisfaite des membres qui se sont inscrits pour assister au congrès parce qu’en tout avec les commanditaires, les invités et les exposants on va être environ une cinquantaine de personnes donc c’est bien pour un congrès d’une petite association comme l’AFMO après une pandémie. »
À noter toutefois que des représentants de Clarence-Rockland et Lakeshore ont quand même tenu à faire le déplacement à l’événement.
Un budget excédentaire
L’organisme, qui ne compte aucun employé à temps plein, avait été célèbre en raison d’une crise financière particulièrement difficile dans les dernières années, mais selon sa présidente, Nicole Fortier Levesque, les finances sont de nouveau au vert.
D’un budget déficitaire de 78 000 $ en 2020, c’est maintenant plus de 110 000 $ de surplus qu’enregistrent les caisses de l’AFMO.
Par ailleurs, celle qui a fait les manchettes en décembre pour avoir été autorisée à terminer son mandat au sein de l’organisme malgré avoir perdu la course à la mairie de Moonbeam en automne dernier, signale que quatre municipalités ont rejoint l’AFMO au courant de l’été : Penetanguishene, Armstrong, Opasatika et Fauquier-Strickland.
Et pour attirer plus de membres, l’ex-président de l’AFMO et maire de Hearst, Roger Sigouin estime qu’il est essentiel de promouvoir le rôle de l’organisme.
« Un des plus grands défis que l’AFMO est d’attirer des membres, s’assoir à la table, s’éduquer entre nous autres », lance-t-il. Celui qui se déplace au congrès a également tenu à souligner le travail de l’actuelle présidente dans la relance de l’AFMO.
De son côté, M. Leroux considère qu’il est essentiel que l’AFMO se distingue de l’AMO : « Je crois que l’AFMO devrait offrir des choses que les autres organismes n’offrent pas, mais il y a définitivement une valeur à y être représenté. »
Toronto, dans la mire
Un autre objectif de l’organisme est de reconquérir la Ville reine, laquelle a quitté abruptement l’AFMO en 2018 dans la foulée des compressions Ford dans l’effectif du conseil.
Un retour qui rapporterait gros à l’organisme compte tenu du fait que la cotisation financière est calculée en fonction du nombre d’habitants. Pour autant, malgré une motion approuvant le retour à l’AFMO en 2021, l’adhésion de Toronto est encore incertaine.
M. Sigouin explique notamment que c’est l’organisme de l’AFMO qui a décidé de ne pas aller de l’avant avec le conseil de Toronto en raison d’une mésentente sur la cotisation qui aurait dû s’élever à près de 20 000 $, mais pour laquelle la ville souhaitait une réduction de 25%.
« C’est nous qui avons reculé, car on ne voulait pas donner un forfait à Toronto et le refuser à d’autres villes comme Ottawa ou d’autres villes plus grande envergure, c’était juste inacceptable. »
Mme Fortier Levesque avance, pour sa part, avoir effectué des démarches pour contacter et même rencontrer en personne la nouvelle mairesse élue, Olivia Chow, pour lesquelles elle n’a, pour le moment, pas eu de retour.
Elle reste néanmoins optimiste : « Je suis convaincue qu’on va réussir à les ramener, parce qu’ils voulaient vraiment rendre la vie francophone plus active au sein de leur conseil municipal. Je pense que ça va être un bon moment. »