Les nouveaux horizons de Carol Jolin

Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin.
Le président de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, Carol Jolin. Archives ONFR+

[ANALYSE]

OTTAWA – La rentrée des classes sera plutôt calme pour l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO). Après la menace d’une grève l’an passé, la période est aujourd’hui apaisée pour le syndicat des enseignants franco-ontarien aux plus de 10 000 membres. C’est dans ce contexte plutôt favorable que le président sortant Carol Jolin transmettra le flambeau ce jeudi 1er septembre à Rémi Sabourin.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Enseignant dans la région de Barrie et membre du conseil d’administration de l’AEFO depuis 2004, M. Sabourin connaît bien la maison. Mais il devra remplir de gros souliers pour succéder à Carol Jolin qui, pendant ses quatre ans de mandat, a tenu le fort, bien souvent en eaux troubles.

Avec vaillance et sens de la diplomatie, le président sortant a en tout cas été forcé de composer avec un gouvernement libéral préoccupé avant tout par l’équilibre budgétaire et la diminution des privilèges aux enseignants.

En 2012, l’AEFO signait une entente avec le gouvernement McGuinty imposant entre autres un gel salarial de deux ans, des jours de perfectionnement non payés, une réduction du nombre de congés de maladie et la suspension de tout débrayage. Un contrat paraphé trop tôt diront certains, là où les syndicats d’enseignants anglophones se montraient plus rugueux… obtenant finalement plus.

La leçon fut sans doute comprise en 2015, au moment de nouvelles négociations. Une entente finalement atteinte après 13 mois de non-renouvellement des contrats de travail. Échouant en août 2017, celle-ci devrait donner dans un premier temps un peu d’air à Rémi Sabourin.

Mais le nouvel homme fort de l’AEFO sait que d’autres défis l’attendent, au-delà des tables de négociations. À commencer par une cohabitation des écoles anglophones et francophones. Dans son dernier document budgétaire, la province ouvrait la porte au partage des bâtisses. Une directive qui ne fait toujours pas l’unanimité dans le milieu éducatif francophone.

Reste que pour Carol Jolin, 56 ans, l’heure n’est pas à la retraite, mais plutôt à une transition. Le résident d’Orléans a annoncé il y a quelques jours vouloir succéder à Denis Vaillancourt à la tête de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Une autre responsabilité qui pourrait arriver fin octobre, pour l’AGA de l’organisme.

Fort d’un bilan non négligeable à la tête de l’AEFO, et d’une image inclusive et rassembleuse, là où la francophonie devient plurielle, M. Jolin parait déjà avoir un coup d’avance sur ses éventuels adversaires.

Relève franco-ontarienne

Les Franco-Ontariens pleurent l’un des leurs ce samedi. Un dernier hommage sera rendu à Mauril Bélanger à la basilique-cathédrale Notre-Dame d’Ottawa.

La disparition de l’ancien député fédéral oblige à repenser la relève franco-ontarienne en politique. D’autant que Madeleine Meilleur a tiré sa révérence en juin, après treize ans à titre de ministre déléguée aux Affaires francophones. Rien n’indique que sa successeur Marie-France Lalonde bénéficiera de la même longévité à ce poste.

Les jeunes franco-ontariens motivés par la politique ne manquent pourtant pas. En témoigne l’intérêt suscité par le projet d’université franco-ontarienne. Symbole de cette nouvelle génération, le conseiller municipal de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, a refusé dernièrement le saut au provincial.

N’oublions pas que les « héros » franco-ontariens vieillissent. Gisèle Lalonde et Bernard Grandmaître ont tous deux 83 ans, Jean-Marc Lalonde 81 ans. Faudra-t-il un « nouveau Montfort » pour voir une autre figure de proue émerger?

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien LeDroit du 27 août.