Les préoccupations francophones au centre des enjeux électoraux à Saint-Boniface-Saint-Vital
WINNIPEG – L’immigration, les garderies ou encore la crise du logement, voici quelques enjeux sociaux qui sont au cœur des préoccupations électorales dans la circonscription de Saint-Boniface-Saint-Vital. Dans ce territoire majoritairement francophone qui couvre le sud de la capitale manitobaine, la population attend beaucoup du prochain gouvernement dans les secteurs de la petite enfance et de l’immigration.
En 2019, le Manitoba a connu une augmentation du nombre d’immigrants francophones.
Selon le rapport d’immigration Manitoba de 2019, la province a obtenu une augmentation de 1,19 % de la population par rapport à 2018. Au courant de l’année, 910 résidents permanents ont choisi le Manitoba comme territoire de résidence. Ce qui représente 5,5 % de l’immigration totale dans la province.
Pour le candidat libéral Daniel Vandal, l’immigration est un atout économique sans précédent pour la province.
« Des initiatives comme les communautés francophones accueillantes dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles, dont la communauté de la région de la Rivière‐Seine fut désignée, démontrent les multiples stratégies de notre gouvernement pour attirer les immigrants francophones non seulement à l’extérieur du Québec, mais aussi dans nos plus petites communautés de langue française », explique M. Vandal.
Une crise du logement qui affecte aussi les immigrants
Dans les dernières années, le prix du logement a augmenté dans la province. Cette situation est d’autant plus exacerbée chez les nouveaux arrivants pour qui le logement constitue un déterminant social, selon le rapport du centre canadien de politiques alternatives.
« Les difficultés d’acquisition d’un logement peuvent contraindre les immigrants à la précarité sociale. Le logement, particulièrement celui décent et adéquat, représente un milieu de vie qui permet l’épanouissement de tous les membres de la famille. Il constitue aussi une passerelle pour une bonne intégration sociale. »
Pour la candidate néo-démocrate Meghan Waters, les immigrants constituent une richesse linguistique et culturelle inestimable pour la circonscription.
« Une grande partie des personnes qui arrivent dans la province nous viennent de pays africains francophones. Ils apportent une richesse linguistique et culturelle et un vécu qui doit être apprécié. Alors, c’est très important pour moi de m’assurer que nous ayons des résidences abordables pour les nouveaux arrivants », ajoute-t-elle.
Dans le cadre de la rédaction de cet article, ONFR+ a essayé à plusieurs reprises d’avoir une entrevue avec le candidat conservateur de la circonscription de Saint-Boniface-Saint-Vital, sans succès.
Sur la plateforme conservatrice, on peut lire le plan d’action du parti qui se structure autour de quatre axes majeurs : l’employabilité, la santé mentale, la relance économique et l’intégrité.
Pour le logement, le parti propose une augmentation de l’offre sur le marché, la réduction des pratiques« corrompues qui augmentent le prix de l’immobilier » ou encore rendre l’accès à une hypothèque plus simple.
Les garderies et la pauvreté au centre des préoccupations électorales
Dans un article paru dans la Presse canadienne en 2020, la Coalition de la petite enfance avait tiré la sonnette d’alarme sur l’accès aux services de garderie au Manitoba.
Dans son « bulletin de notes » publié en février 2020, l’organisme montrait qu’entre 2016 et 2020, le taux d’inscriptions sur les listes d’attentes en garderie avait augmenté d’environ 30 %.
Face à cette pénurie de places dans les garderies francophones, M. Vandal s’est félicité d’avoir assuré des ententes entre le gouvernement du Canada et le Manitoba pour appuyer le secteur de la petite enfance.
« Pour contrer le manque d’espaces dans les garderies francophones, nous avons investi 2,1 millions de dollars pour établir le centre d’apprentissage et de garde d’enfants à l’Université de Saint-Boniface », se réjouit-il
Du côté du Parti vert, outre des enjeux d’ordre global tels que la protection de l’environnement et l’usage des énergies renouvelables, on met l’accent à l’échelle locale sur la crise des garderies et la lutte contre la pauvreté.
En 2020, le rapport sur la pauvreté des enfants et familles au Canada de l’organisme Campagne 2000, présentait le Manitoba comme la province avec le plus haut taux de pauvreté infantile au Canada.
Dans la province, 28,3 % des enfants de moins de 6 ans souffraient de pauvreté infantile contrairement à un taux de 18,2 % dans le pays. Ce taux représentait une hausse de 0,4 % entre 2017 et 2018.
Pour Laurent Poliquin, candidat du Parti vert, pour combattre ce fléau, il faut s’assurer que tout le monde possède un revenu minimal en vue de combler ces besoins de bases.
« Le parti vert préconise un revenu minimum garanti. Ce n’est pas un revenu universel pour tous, mais au moins, c’est quelque chose pour les gens dans le besoin. Ce procédé serait plus ou moins semblable à la prestation canadienne d’urgence (PCU) », explique-t-il.
En ce qui concerne les garderies, le candidat du Parti vert reconnait le manque de garderies dans la province et surtout le coût financier que celles-ci représentent sur le budget des familles.
« Il y a un manque de garderies et elles sont coûteuses. Moi-même, j’ai dû trouver pour mon garçon de 4 ans une garderie à temps partiel pour 44 dollars par jour. Je suis conscient que d’un point de vue torontois c’est peu cher, mais d’un point de vue winnipegois, c’est assez élevé. Il est donc important d’agir face à cette situation », conclut-il.