Les progressistes-conservateurs restreindraient la mobilité de la main-d’oeuvre
TORONTO – Les progressistes-conservateurs de l’Ontario promettent de revenir à la charge avec un projet de loi pour restreindre la mobilité de la main-d’œuvre interprovinciale s’ils sont portés au pouvoir, le 12 juin.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Le parti de Tim Hudak tenterait de faire adopter une nouvelle loi qui barrerait l’accès des ouvriers du Québec aux chantiers publics de l’Ontario. Il s’agirait, effectivement, d’un moyen de pression pour amener la province voisine à relaxer la règlementation de sa main-d’œuvre.
« Je crois que nous nous faisons avoir depuis beaucoup trop longtemps. Nous avons besoin de tactiques comme celle-là pour donner aux travailleurs ontariens leur juste chance d’obtenir un emploi », a indiqué M. Hudak à TFO lors d’une visite d’un chantier de construction à Toronto, le lundi 2 juin.
Le progressiste-conservateur Jack MacLaren a tenté, en vain, à l’été 2013, de faire adopter son projet de loi privé Fairness Is A Two-Way Street, calqué sur une loi provinciale en vigueur de 1999 à 2006.
L’élu de l’Est ontarien affirmait alors que les travailleurs de sa province étaient victimes de discrimination et de harcèlement s’ils s’aventuraient sur les chantiers du Québec, alors que les travailleurs québécois, eux, avaient le champ libre de son côté.
L’Ontario et le Québec ont conclu une entente sur la mobilité de la main-d’œuvre, après de longues négociations, en 2006. L’entente – qui a mené à la révocation de loi ontarienne Fairness Is A Two-Way Street – prévoit la libre circulation des travailleurs des deux côtés de la frontière, à condition qu’ils respectent la réglementation en vigueur dans chaque province.
Retour en arrière
Les progressistes-conservateurs à Queen’s Park affirment que, malgré l’entente de 2006, rien n’a changé pour la main-d’œuvre ontarienne qui tente d’obtenir du travail sur les chantiers québécois.
La mesure que propose le clan Hudak affecterait surtout les projets de construction de l’Est ontarien, qui dépendent parfois jusqu’à 40% d’une main-d’œuvre québécoise.
Pour les libéraux de Kathleen Wynne, qui ont négocié l’entente de 2006, un retour à la loi Fairness Is A Two-Way Street ramènerait l’Ontario une quinzaine d’années en arrière.
« Il doit y avoir une mobilité de la main-d’œuvre entre les deux provinces », a riposté la libérale Madeleine Meilleur, Procureure générale et ministre sortante responsable des Affaires francophones, à TFO. « Nous voulons l’harmonie », a ajouté la candidate dans Ottawa-Vanier.