
L’importance de l’art dans le monde de l’éducation

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.
[CHRONIQUE]
L’art, sous toutes ses formes, joue un rôle fondamental dans le domaine de l’éducation. Bien souvent perçu comme un domaine secondaire dans le système scolaire, l’art a des effets profondément bénéfiques sur l’épanouissement intellectuel, émotionnel et social de la jeunesse.
Dans une époque où la logique des performances académiques domine, avec en prime un penchant pour les métiers technologiques et scientifiques, il est crucial de rappeler que l’éducation artistique n’est pas un luxe, mais une ressource primordiale et un pilier essentiel au cheminement scolaire, au développement des élèves et à la fabrication de leur identité.
L’art, pilier de la créativité et de la pensée critique
Dans un monde en constante évolution, où les défis auxquels nous sommes confrontés sur le marché du travail sont souvent complexes et multidimensionnels, la capacité à penser différemment, à résoudre des problèmes sous divers angles et à proposer des solutions innovantes devient primordiale. L’art, qu’il soit plastique, musical, théâtral ou littéraire, stimule cette créativité. Par le biais de l’expression artistique, l’enfant apprend à penser de manière non linéaire, à explorer des solutions inédites, à remettre en question les normes, à s’assumer et à expérimenter sans craindre la réprimande ou l’échec.
Les projets artistiques encouragent les élèves à sortir des schémas traditionnels de pensée et à développer leur pensée critique. Lorsqu’ils créent, les étudiants sont amenés à poser des questions, à faire des choix, à prendre des risques et à apprendre à admirer, à documenter et à présenter les résultats de leurs actions. Ainsi, dès le plus jeune âge, l’art forme les gens à acquérir des compétences intellectuelles qui sont totalement en marge des matières académiques, mais qui les complètent avec un éventail plus large de questionnements et d’imagination.
L’art et le développement émotionnel
L’un des aspects les plus souvent négligés de l’art est son impact sur le bien-être émotionnel. En offrant un espace de libération, de catharsis et de compréhension de soi, l’art nous aide à développer une meilleure conscience émotionnelle. À travers la peinture, la musique, la danse ou même le théâtre, l’étudiant peut explorer et exprimer des sentiments qu’il ne parvient pas toujours à mettre en mots. Cette exploration de soi permet non seulement d’accepter ses émotions, mais aussi d’apprendre à les gérer de manière positive et à véhiculer des messages plus cohérents, même s’ils ne sont qu’émotions.
Mes années d’école avec une concentration artistique m’ont menée à me confronter à moi-même, à être témoin du développement et de l’ancrage de plusieurs de mes camarades et étudiant.e.s. En étant face-à-face devant quelque chose qui nous stimule et nous interroge, on découvre une partie de soi et on pallie nos défis de manière intrinsèque. En découvrant l’œuvre de quelqu’un autre ou en travaillant à plusieurs sur un projet, nous sommes amenés à comprendre des perspectives différentes, à nous ouvrir à une gamme d’émotions et de différences et à aiguiser nos capacités d’analyse.
La réussite scolaire et l’activité artistique
Mon vécu m’a inculqué qu’au-delà de ses bienfaits cognitifs et émotionnels, l’art joue un rôle dans la réussite scolaire en général. Les études ont démontré que les élèves qui s’engagent dans des activités artistiques présentent souvent de meilleures performances dans d’autres matières académiques, notamment les mathématiques et les sciences. L’art stimule la pensée logique et l’attention au détail, des compétences directement transférables aux matières plus « traditionnelles » de l’enseignement. De plus, la discipline et la rigueur acquises lors d’une pratique artistique influencent positivement les autres domaines d’apprentissage, tout en participant à l’acquisition de plusieurs compétences sociales et en développant la confiance en soi.
Je pense que l’art est bien plus qu’une simple matière scolaire, que c’est un vecteur indispensable dans le développement des petits et des grands. C’est aussi une porte d’intégration dans l’aspect culturel de chaque milieu. C’est une ressource précieuse qui nourrit la créativité, l’intelligence émotionnelle, les compétences sociales et la construction de soi.

Étant immigrante, j’ai réussi à avoir une meilleure expérience d’intégration et d’acceptation dans mon école secondaire (École secondaire publique De La Salle, à Ottawa) en ayant adhéré à la concentration Écriture du Centre d’excellence artistique de l’Ontario. Dans un monde actuel où le marché du travail est dur à percer et où l’éducation tend à se concentrer uniquement sur les exigences et les savoirs académiques, il est essentiel de défendre la place de l’art dans le développement scolaire.
L’art ne doit pas être perçu comme une option dans une grille horaire de cours, mais comme une composante indispensable à l’épanouissement complet de tout être humain. Nous devons continuer à revendiquer la place de l’art dans le domaine scolaire et nous mobiliser pour chercher les fonds nécessaires à chaque institution, afin d’accomplir son honorable mission. Nos enfants devraient bénéficier des mêmes chances que nous, sinon plus.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.