L’inspirante histoire à succès de l’entrepreneure Lexine Ménard
[LA RENCONTRE D’ONFR+]
EMBRUN – Lexine Ménard, originaire d’Embrun, représente la vitalité francophone de l’Est ontarien. À seulement 25 ans, la jeune entrepreneure a déjà achevé huit ans de carrière comme photographe professionnelle. En 2021, elle a reçu le Prix de jeune entrepreneure de la Société économique de l’Ontario et en 2023, le Prix Jeune Leader des Prix Bernard Grandmaître. Sa personnalité solaire et son énergie débordante font de son parcours une réussite inspirante.
« Vous êtes devenue photographe très jeune, comment on développe une telle passion?
Sincèrement, j’ai toujours aimé la photo. Ma mère était une maman Kodak, elle prenait des photos de tout et n’importe quoi. Quand j’ai eu 12 ou 13 ans, elle m’a acheté un appareil photo et c’est vraiment comme ça que j’ai commencé.
Par contre, je crois que cette passion est venue pendant ma dernière année au secondaire.
L’affaire, c’est que j’aime le monde, j’ai vraiment beaucoup d’amour pour les gens. Alors, allier la photo à cet aspect de ma personnalité, c’était évident.
D’abord, parce que c’est une façon pour moi d’être super extravertie, mais c’est surtout une manière de rencontrer plein de gens, de les connaître personnellement et rapidement. C’est l’amour des gens qui m’a donné l’amour de la photo. J’ai dû ensuite développer des connaissances avec le temps, puisque je n’ai jamais suivi de cours.
Au secondaire, je prenais les photos des élèves qui voulaient être dans l’album souvenir. C’était une belle excuse pour parler aux gens.
Lexine Photographie a démarré avec des photos de mariage, qu’est-ce qui vous plaît autant dans ce sujet?
J’ai toujours aimé ce monde-là. J’ai publié sur Kijiji mes premières annonces et j’ai eu mes tout premiers clients très vite. Mon premier mariage était le 31 décembre 2014. Je me souviens avoir pris 16 différents selfies de moi devant l’Hôtel de Ville. J’étais comme : « Oh my God, Lexine Photographie fait son premier mariage. » C’était comme le highlight de ma vie, parce que j’étais déjà très intéressée par l’évènementiel. J’ai toujours été la fille qui avait des catalogues de bal de promo et de robes de mariée. Puis j’ai enchaîné, j’ai même manqué les Jeux franco-ontariens pour assister à une noce (rires).
Faire des photos de mariage, c’était un but, mais j’aime tout faire, comme les portraits, les enfants, les écoles, etc. Au final, je me nourris des gens, c’est vraiment ma façon de vivre.
Vous venez tout récemment d’être diplômé d’un baccalauréat en administration des affaires, est-ce parce que vous avez de futures ambitions?
Toujours (Rires). Après le secondaire, je suis rentrée à l’université, c’était important pour ma mère. J’hésitais entre un diplôme en lien avec la photographie ou l’administration. Finalement, en 2018, je me suis inscrite à un salon du mariage et j’avais imprimé sur une enseigne, un truc du genre : « destination wedding package gratuit ». En gros, vous payez mon voyage et je fais vos photos de mariage dans le sud (rires). Le pire, c’est que j’en ai booké quatre de suite.
Alors, je me suis dit que l’école allait toujours être là, si jamais je voulais y retourner. C’est pour ça que ça a pris huit ans pour compléter mon baccalauréat.
Ce diplôme, même si c’était pour ma mère, il y avait derrière ce principe de commencer quelque chose et de le terminer. C’est aussi un moyen de prouver que je peux avoir les deux, un diplôme et mon entreprise. J’ai détesté tous ceux qui m’ont dit d’avoir ce diplôme comme plan B. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que dans ma vie, il y a un plan B, C, D, E, F, G et qui n’implique pas ce morceau de papier (Rires).
En tant que jeune femme entrepreneure, c’est certainement inspirant pour les jeunes qui vous voient réussir. À quoi attribuez-vous votre succès?
Je crois que c’est de se réveiller chaque matin et d’être de bonne humeur. De ne pas prendre la vie trop sérieusement, parce qu’au bout de la ligne, tant que tu manges ton Kraft Dinner, puisque tu peux aller te coucher quelque part, la vie est super belle.
Lexine Photographie, c’est le jaune, le jaune et encore le jaune, est-ce que ce ne serait pas votre couleur préférée par hasard?
En fait, c’est très solaire et je crois que l’on fait de belles choses quand on porte de belles couleurs attirantes (Rires). Le monde voit ça positif. Je me suis associée à cette couleur et au final ça fait des années que je travaille cette image. Mon enseigne est jaune, mon mobilier, mon studio, mes habits de travail. Le jaune, c’est lié au bonheur, à la joie et à la chaleur.
Puis c’est drôle, le monde m’envoie constamment des photos d’objets ou de vêtements jaunes. On m’écrit : « J’ai vu un camion jaune, je pense à toi », et parfois ça vient de gens que je n’ai jamais rencontrés.
Lexine, vous êtes aussi reconnue pour votre bonne humeur et votre joie débordante, est-ce que ça fait partie de l’expérience que vous offrez?
Absolument. Si j’ai mes cappuccinos glacés de chez Tim Hortons, ma bonne humeur est toujours présente.
Je me mets tout le temps à la place des gens. Je fais des photos tous les jours, mais pour certains, c’est la première fois qu’ils sont en avant de la caméra. Ils sont souvent stressés et justement l’expérience que tu as pendant que tu fais tes photos est parfois plus importante. Tu peux avoir les plus belles photos du monde, si tu te souviens de comment tu te sentais durant la séance, tu ne les aimeras pas. Je suis quelqu’un d’extrêmement empathique, alors c’est important que les gens se sentent bien. On se souvient tous des photos headshot, où l’on est mal à l’aise de se faire regarder.
Encore là, avant d’offrir mes services professionnels, je suis allé me faire prendre en photo par plusieurs photographes. Je voulais vraiment comprendre ce que c’était de l’autre côté. Je fais des photos boudoirs, super intimes pour les femmes et pour bien comprendre l’approche, j’ai décidé d’en faire aussi. Ainsi, je suis capable de leur dire : « Moi aussi, quand j’ai fait ça, je me sentais comme ça. Je te suggère de mettre ta main comme ça, ici ».
Comment avez-vous fait pour atterrir dans The Ellen DeGeneres Show, une des émissions les plus regardées aux États-Unis?
(Rires), c’est une histoire qui me ressemble bien ça. En fait, j’étais en Californie en janvier 2019 avec ma mère et c’était un de ses rêves d’y aller. J’ai fait ma recherche, j’ai trouvé comment poser ma candidature et par chance, j’ai reçu un appel alors qu’on était à Vegas. On est retourné en Californie au mois de mars pour ça. Entre-temps, je me suis dit : « OK, quand tu fais quelque chose dans la vie, soit tu le fais à 100%, soit tu ne le fais pas. »
J’ai lu des tas de blogs sur comment des gens sont carrément montés sur scène. Par exemple, il fallait porter de la couleur, puis j’y suis allée avec le jaune. Il fallait faire du bruit et moi, je criais tout le temps. Ma mère avait tellement honte. Au final, sur 300 personnes, on s’est démarqué, on s’est fait coacher avant l’émission, puis nous étions stratégiquement placées pour être le plus vues par les caméras.
Je me suis levée au moment du « jeu de la danse », je n’avais pas compris la consigne et je suis juste allée danser sur scène – en fait, il fallait que je lève la main – (rires).
Est-ce que vous pouvez me parler de votre projet de podcast Shots with Lexine?
J’ai décidé de faire un podcast pendant la COVID-19, j’étais seule et ça s’appelait Going Bananas with Lexine. Seule, on est vite limitée. Puis, je me suis intéressée à d’autres entrepreneurs à qui je voulais poser des questions.
Je voulais aussi sortir des stéréotypes, comme ceux qui m’entourent. Parfois, on me voit seulement comme une photographe, une artiste qui a un petit hobby. Je suis avant tout une jeune entrepreneure qui a ouvert sa propre entreprise et dans laquelle j’emploie des gens. J’ai des tas de projets en cours.
En plus, je trouve qu’on nous associe uniquement à notre profession, mais dans le fond, on est plus que ça. Je voulais démystifier tout ça, donc je l’ai appelé Shot with Lexine, on boit d’ailleurs un shot au début de l’émission.
Alors justement, en plus de vos prestations de photographe et du Lexibooth, dans quel super projet Lexine Ménard va nous embarquer?
Avec mon fiancé, on s’est trouvé un domaine à Hammond, tout près de Rockland. Nous l’avons appelé le Domaine Mallity Estate, c’est le nom de famille de mon fiancé. En fait, c’est un lieu qui pourra accueillir des évènements. On va d’ailleurs se marier là-bas. On prend possession des lieux à la fin du mois de juillet et c’est vraiment une chance, parce que je connaissais bien les propriétaires qui l’exploitaient déjà comme lieu d’évènement. On a déjà une dizaine de demandes pour des mariages.
Sur un ton plus léger, quelles sont les trois choses qu’on ne sait pas à propos de vous?
Je suis une grande fan de Harry Styles. Je fais la même taille que Kim Kardashian. On me tip en carte Tim Hortons, plutôt qu’en pourboires (Rires). Allez, un dernier : à la réception de mon mariage, j’ai invité tous les couples que j’ai pris en photo pour leur mariage.
En regardant votre parcours et celle que vous êtes devenue depuis votre premier mariage en 2014. Qu’est-ce qui vous rend le plus fier?
Honnêtement, c’est peut-être mielleux, mais je suis tellement fière d’avoir mis ie à la fin de Lexine Photographie, et non pas un y, comme en anglais photography.
Je suis bilingue, mais avec ce détail, on sait que je suis francophone.
Peut-être que ce qui me rend fière, c’est d’être francophone. D’avoir reçu un prix de la Société économique de l’Ontario (SÉO), d’avoir reçu la récompense Jeune Leader des Prix Bernard Grandmaître. D’ailleurs, je voulais que mon amie Amélie Trottier gagne, elle est tellement cool.
Vous êtes originaire d’Embrun dans l’Est ontarien, il y a quand même beaucoup de francophones. Comment voyez-vous l’avenir de la francophonie?
J’ai toujours participé aux évènements significatifs et je vois bien qu’on doit se battre pour notre langue, mais je sais aussi qu’il y a une bonne façon de le faire. En gardant des gens impliqués dans la communauté et pas en criant sur l’employé du Tim Hortons qui ne comprend pas le français.
À chicaner ceux qui parlent anglais, on associe du négatif à nos combats. Je pense qu’il faut être inclusif parce qu’il y a de nouvelles personnes qui viennent s’installer dans nos communautés. Pourquoi voudraient-ils apprendre le français, si on les chicane parce qu’ils sont anglophones ?
LES DATES-CLÉS DE LEXINE MÉNARD :
1997 : Naissance à l’Hôpital Montfort à Ottawa.
2014 : Participe à son premier mariage comme photographe.
2018 : Démarre son entreprise : Lexine Photographie.
2020 : Ouverture du studio photo à Embrun.
2021 : Récipiendaire du Prix Jeune entrepreneure de la SÉO.
2023 : Récipiendaire du Prix Jeune Leader des Prix Bernard Grandmaître.
2023 : Premier pas dans l’événementiel avec l’acquisition du Domaine Mallity
Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.